Doù l’emploi qu’il ose du tutoiement dans le syntagme figé (autre facteur favorisant) « s’te plaît » : Cl tente ainsi d’instaurer une certaine relation de connivence avec B, connivence que celle-ci refuse, en maintenant ses distances et la relation sur un plan strictement professionnel, ce qui implique le vouvoiement. Cl se rallie aussitôt à ce discret coup de 11° Dire qu’autrui ne m’apparaît pas comme objet, ne signifie pas seulement que je ne prends pas l’autre homme pour une chose soumise à mes pouvoirs, que je ne le prends pas pour un quelque chose ». C’est affirmer que le rapport même qui, originellement, s’établit entre moi et autrui, entre moi et quelqu’un, ne saurait, à proprement parler, se loger dans un acte de connaissance qui, comme tel, est prise et compréhension, investissement d’objets. Prétendûment extérieur, l’objet est déjà englobé par moi statut ambigu de l’immanence et de la transcendance. Le rapport à autrui, c’est précisément la fin de cette ambiguïté et de la vieille tentation de la philosophie idéaliste, où la venue du langage n’est que de surcroît, pour faire connaître au dehors ce qui se passe rigoureusement en nous, ou pour servir à la pensée intérieure d’instrument d’analyse ou de dépôt où s’accumulent ses résultats acquis. Dans la relation à autrui, cette intériorité serait d’emblée rompue et le langage, — le dire qui dit, ne fût-ce qu’implicitement, tu — n’est pas la communication, toujours facultative, de la rencontre. Il est l’événement de cette rencontre même, l’éclatement même de la pensée sortant dia-logiquement d’elle-même et tout autrement qu’une noèse qui, à travers le même, se projette vers l’objet qu’elle se donne. 2Martin Buber découvre cet éclatement ou ce retournement de l’intentionalité en langage. Aussi commence-t-il sa démarche de philosophe par le premier mot, le mot fondamental, par le Grundwort au lieu de réfléchir sur le cogito. Le Grundwort Je-Tu est, en fin de compte, la condition de l’ouverture de tout langage, même de celui qui énonce le rapport de pure connaissance exprimé par le Grundwort Ich-Es, Je-Cela, car, comme langage précisément, celui-ci interpelle aussi un interlocuteur, est déjà dialogue ou résidu d’un dialogue. 3Cette mise en valeur de la relation dia-logale et de son irréductibilité phénoménologique, de son aptitude à constituer un ordre sensé autonome et aussi légitime que la traditionnelle et privilégiée corrélation sujet-objet dans l’opération de la connaissance, restera l’apport inoubliable des travaux philosophiques de Martin Buber. La multiplicité qu’implique la proximité sociale, n’est plus, par rapport à l’unité — ou à la synthèse ou à la totalité de l’être que recherche le savoir ou la science —, une dégradation du rationnel ou une privation. C’est un ordre pleinement sensé de la relation éthique, relation avec l’altérité inassimilable et, ainsi, à proprement parler, in-com-préhensible — étrangère à la saisie et à la possession —, d’autrui. La découverte de cet ordre dans sa pleine originalité et l’élaboration de ses conséquences et, si on peut dire, de ses catégories », restent inséparables du nom de Buber, quelles que soient les voix concordantes au milieu desquelles la sienne se fit entendre, fussent-elles aussi souveraines que celle de Gabriel Marcel dans le Journal Métaphysique. Mais même le fait d’avoir foulé et fouillé le domaine du dialogue sans se savoir sur un terrain déjà dégagé par un autre, ne dispense pas le chercheur d’allégeance à Buber. Rien ne pourrait limiter l’hommage qui lui est dû. Aucune réflexion sur l’altérité d’autrui dans son irréductibilité à l’objectivité des objets et à l’être des étants, ne peut ignorer la percée accomplie par lui et doit y trouver encouragement. 4Aussi, dans nos remarques à son sujet qui indiquent quelques points de divergence, ne s’agit-il pas de mettre en question les analyses fondamentales et admirables de Ich und Du et, encore moins, d’entrer dans la périlleuse ou ridicule entreprise tendant à améliorer » la doctrine d’un authentique créateur. Mais le paysage spéculatif ouvert par Buber est assez riche et encore assez neuf, pour rendre possible certaines perspectives de sens qu’on ne peut pas toujours reconnaître, du premier coup du moins, à partir des voies magistralement frayées par le pionnier. 5Nos remarques, qui distinguent des positions différentes entre Buber et celles que nous adoptons dans nos propres essais, sont formulées en guise de notes de travail qui touchent à divers thèmes. Elles ne dessinent pas les aperçus qui les fondent et constituent souvent des questions plutôt que des objections. Il n’est peut-être pas impossible de leur trouver une réponse — ou même de trouver aux idées qui les déterminent une place — dans les textes de Buber. Mais cela relève d’une étude qui n’est pas tentée aujourd’hui. 62° Une remarque préalable s’impose encore. On pourrait s’étonner que devant le déchaînement de tant de forces, de violences et de voracités qui emplissent notre histoire, nos sociétés et nos âmes, on soit allé chercher dans le Je-Tu ou dans la responsabilité-d’un-homme-pour-l’autre-homme les catégories de l’Humain. Etonnements de bien des nobles esprits. Ce fut certainement le cas de notre regretté ami, le Professeur Alphonse De Waelhens — à la mémoire de qui est consacré le présent recueil d’études — quand, après tant de beaux travaux consacrés à la phénoménologie, il parla de la distance qui sépare l’anthropologie philosophique et le visage de la vraie misère des hommes et quand, pour regarder cette misère dans les yeux, il se mit à fréquenter les hôpitaux psychiatriques après tant de bibliothèques. Mais, peut-être, rechercher dans les structures éthiques de la proximité, le secret de l’humain n’équivaut-il pas à la tentative de fermer les yeux sur sa misère. Ce n’est pas par la confiance en le progrès qui serait assurée par une dialectique consolante ou par des signes avant-coureurs d’un nouvel âge d’or, empiriquement recueillis, que se justifie à notre sens cette recherche sur l’éthique comme philosophie première. Ce sont certainement les nécessités implacables de l’être qui expliquent l’histoire inhumaine des hommes plutôt qu’une éthique de l’altérité. Mais c’est parce que, dans l’être, l’humain a surgi, que ces implacables nécessités et ces violences et cet universel inter-essement sont en question et se dénoncent comme cruautés, horreurs et crimes, et que l’humanité, à la fois, s’obstine à être et s’atteste, contre le conatus essendi, dans les saints, et les justes, et ne se comprend pas seulement à partir de son être-au-monde, mais aussi à partir des livres. L’humanité de l’humain, n’est-ce pas dans l’apparent contre-nature de la relation éthique à l’autre homme, la crise même de l’être en tant qu’être ? 73° Pour Buber, le tu que le je interpelle, est déjà, dans cette interpellation, entendu comme un je qui me dit tu. L’interpellation du tu par le je, serait donc d’emblée, pour le je, l’instauration d’une réciprocité, d’une égalité ou d’une équité. Dès lors, entendement du je en tant que je et possibilité d’une thématisation adéquate du je. L’idée du je ou d’un Moi en général se dégagerait de cette relation aussitôt une réflexion totale sur moi-même serait possible et ainsi, l’élévation du Moi au concept, à la Subjectivité au-dessus de la centralité vécue du je ; élévation qui, dans le rationalisme traditionnel, passe pour meilleure » ou plus spirituelle » que la centralité et signifierait une libération » à l’égard du subjectivisme partial et de ses illusions intellectuelles et morales. 8Dans nos propres analyses, l’abord d’autrui n’est pas originelle ment dans mon interpellation de l’autre homme, mais dans ma responsabilité pour lui. Relation éthique originelle. — Cette responsabilité serait appelée et suscitée par le visage de l’autre homme, décrit comme une rupture des formes plastiques de la phénoménalité et de l’apparaître droiture de l’exposition à la mort et ordre à moi donné de ne pas laisser autrui à l’abandon parole de Dieu. Importance méthodologique de l’interprétation du visage et de son originalité dans le perçu, selon une signifiance indépendante de celle que lui prête le contexte du monde. Centralité indéracinable du je — du je ne sortant pas de sa première personne — qui signifierait le caractère illimité de cette responsabilité pour le prochain je ne suis jamais quitte à l’égard d’autrui. — Responsabilité pour l’autre homme, que ne conditionnent pas, ni ne mesurent des actes libres dont cette responsabilité serait la conséquence. Responsabilité gratuite qui ressemble à celle d’un otage et qui va jusqu’à la substitution à autrui, sans exigence de réciprocité. Fondement des notions de fraternité et d’expiation pour l’autre homme. Ici donc, contrairement au Je-Tu de Buber, pas d’égalité initiale le tutoiement du Je-Tu est-il justifié ?. Inégalité éthique subordination à autrui, diaconie originelle la première personne à l’accusatif » et non pas au nominatif ». D’où la vérité profonde de la formule de Dostoïevski dans les Frères Karamazov, souvent citée Nous sommes tous coupables de tout et de tous envers tous et moi plus que tous les autres ». Le superlatif final ne se réfère pas, bien entendu, à des données biographiques, ni aux traits de caractère du personnage qui énonce cette proposition. 94° Responsabilité incessible, comme si le prochain m’appelait avec urgence et n’en appelait qu’à moi, comme si j’étais seul concerné. La proximité même réside dans l’exclusivité de mon rôle. Il est éthiquement impossible de rejeter sur un tiers ma responsabilité pour le prochain. Ma responsabilité éthique, c’est mon unicité, mon élection et ma primogéniture ». — L’identité et l’unicité du moi ne semblent pas faire problème chez Buber. Elles ne se tirent pas de la corrélation même du dialogue où le moi est concret. Son individuation » ne demeure-t-elle pas chez lui implicitement substantialiste ? 105° Relation avec l’autre dans la réciprocité, la justice chez Buber commence dans le Je-Tu. Dans la perspective que nous avons suivie, le passage de l’inégalité éthique — de ce que nous avons appelé dissymétrie de l’espace intersubjectif — à l’ égalité entre personnes », viendrait de l’ordre politique de citoyens dans un Etat. La naissance de l’Etat à partir de l’ordre éthique serait intelligible dans la mesure où j’ai aussi à répondre du tiers à côté » de mon prochain. Mais qui est à côté de qui ? L’immédiateté de ma relation au prochain est modifiée par la nécessité de comparer les hommes entre eux et à les juger. Recours à des principes universels, lieu de la justice et de l’objectivité. — La citoyenneté ne met pas fin à la centralité du Je. Elle la revêt d’un sens nouveau sens révocable. L’Etat peut se mettre à fonctionner selon les lois de l’être. C’est la responsabilité pour autrui qui mesure la légitimité de l’Etat, c’est-à-dire sa justice. 116° La pensée à laquelle le dialogue appartient organiquement et primordialement chez Buber, ne reste-telle pas, par ailleurs, chez lui, dans l’élément de la conscience ? — Il nous a semblé essentiel d’insister sur l’irréductibilité de la responsabilité envers autrui à l’intentionnalité de la conscience, pensée du savoir, fermée sur la transcendance de l’Autre et qui assure comme savoir l’égalité entre idée et ideatum et dans le parallélisme rigoureux noético-noématique et dans l’adéquation de sa vérité et dans la plénitude intuitive remplissant » la visée du Meinen, le satisfaisant comme on satisfait un besoin. La relation éthique à l’autre homme, la proximité, la responsabilité pour autrui, ne serait pas une simple modulation de l’intentionnalité ; c’est la modalité concrète sous laquelle se produit précisément une non-in-différence de l’un à l’autre ou du Même à l’Autre, c’est-à-dire une relation du Même à ce qui n’est plus à la mesure du Même et qui, dans un certain sens, n'est pas du même genre ». La proximité qu’assure la responsabilité pour l’autre n’est pas le pis-aller entre termes » qui ne sauraient coïncider, ni fusionner à cause de leur différence, mais l’excellence nouvelle et propre de la socialité. 12Il y aurait, ici, dans notre manière, comme une déduction de situations concrètes » à partir de significations abstraites dont se reconstituent les horizons ou la mise en scène ». Manière d'inspiration phénoménologique et souvent pratiquée depuis Totalité et Infini. Par exemple, le chez soi » comme inflexion du Moi, recherché dans la concrétude de la demeure, et l’intériorité de la demeure ramenant au visage féminin. Insistance, d’autre part, sur la limite que la concrétude du contenu éthique » impose à la nécessité des structures purement formelles la subordination » peut exclure la servitude quand elle est responsabilité pour autrui » ; l’obéissance ne contredit pas la liberté quand c’est l’Infini qui commande ; le plus est dans le moins dans l’idée cartésienne de Dieu ; les possibles sont au-delà des limites du possible dans la paternité etc. La distinction si importante de Husserl Ideen, I, § 13 entre le formel vide et le général, toujours encore Sachhaltig, ne comporte-t-elle pas, malgré la subordination du genre à la forme la possibilité d’une certaine distorsion de la forme par le contenu ? 137° Dieu pour Buber est le grand Toi ou le Toi éternel. En Lui se croisent, à Lui aboutissent les relations des hommes entre eux. — Nous nous sommes montré moins assuré que ce qu’on appelle Personne divine, tienne dans le Tu du dialogue et que piété et prière soient dialogues. Nous avons été amené à recourir à la troisième personne, à ce que nous avons appelé illéité pour parler de l’Infini et de la transcendance divine, autre que l’altérité d’autrui. Illéité de Dieu qui me renvoie au service du prochain, à la responsabilité pour lui. Dieu serait personnel en tant que suscitant des rapports interpersonnels entre moi et mes prochains. Il signifie à partir du visage de l’autre homme d’une signifiance qui n’est pas articulée comme rapport de signifiant à signifier, mais comme ordre à moi signifié. Toujours la venue de Dieu à l’idée, est liée dans nos analyses à la responsabilité pour l’autre homme et toute affectivité religieuse signifie dans sa concrétude une relation à autrui ; la crainte de Dieu serait concrètement ma crainte pour le prochain. Elle ne retourne pas, malgré le schéma heideggérien de l’affectivité, à la crainte pour soi-même. 1 Voir à ce propos, dans notre livre Noms propres, les pages 51-55. Nous renvoyons aussi pour le prob ... 148° Le dualisme bubérien des mots fondamentaux Je-Tu et Je-Cela, de la relation sociale et de l’objectivation, ne peut-il pas être surmonté ? Nous avons déjà fait allusion à la venue du tiers dans la relation au prochain, motivant thématisation, objectivation et savoir. Mais le pour l’autre même de la socialité n’est-il pas concret dans le donner et ne suppose-t-il pas les choses sans lesquelles, les mains vides, la responsabilité pour autrui ne serait que la socialité éthérée des anges1 ? 159° Le langage de Buber, si fidèle à la nouveauté de la relation avec autrui par rapport au savoir allant à l’être, rompt-il entièrement avec la priorité de l’ontologie ? Je-Tu ne se dit-il pas comme une façon propre d’atteindre l’être ? Nous avons essayé de penser la relation à autrui et l’Infini comme dés-inter-essement dans les deux sens du terme comme gratuité de la relation, mais aussi comme l’éclipse du problème traditionnel de l’être dans la relation avec Dieu et avec autrui. Le problème du sens de l’être, devient dans cette manière de penser la mise en question du conatus essendi qui, dans la compréhension de l’être », restait le trait essentiel de l’être l'être du Dasein signifiait avoir à être. Dans la responsabilité pour l’autre homme, mon être est à justifier être-là, n’est-ce pas déjà occuper la place d’un autre ? Le Da du Dasein est déjà un problème éthique.

Jai donc voulu en parler avec l'infirmier. Je remettais en cause le tutoiement des patients, car j'étais souvent plus jeune qu'eux. Je lui ai fait part de mes difficultés à ne pas 1

Tutoyer ou vouvoyer Le tutoiement se généralise de plus en plus. Salué par les uns comme un progrès bienvenu, il est vécu par d’autres de façon incommode. Quelle différence existe-t-il donc entre les deux manières de s’adresser à son entourage ? Peut-on les utiliser indifféremment ou marquent-elles respectivement un autre genre de relation ? Notre langage, un révélateur de notre état intérieur L’humanité évolue depuis de nombreux millénaires et ses membres ont acquis une certaine conscience d’eux-mêmes qui leur font utiliser tout naturellement aujourd'hui le mot je» pour se désigner. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Dans le passé lointain, l’être humain n’était pas conscient, comme il l’est aujourd’hui, d’être une individualité distincte de son entourage - la nature - et des autres membres de sa communauté, sa tribu. Il vivait en osmose totale avec eux et ce n’est que peu à peu qu’il s’en est extrait, pour devenir une personnalité consciente d’elle-même et de ses différences par rapport aux autres, et par là, consciente des répercussions que pouvaient avoir ses actes sur son environnement et ses semblables. Cette évolution de l’inconscience vers plus de conscience s’est faite progressivement et s’est tout naturellement reflétée dans l’évolution de la langue. On peut ainsi constater que dans les langues anciennes, le mot je » est très peu employé en tant que terme isolé. Incorporé dans le verbe et placé comme terminaison de celui-ci, il ne figurait pas de manière distincte dans la conjugaison comme c’est le cas de nos jours. Ce n’est que bien plus tard qu’il fut séparé du verbe et placé avant lui pour désigner celui qui est le moteur de l’action décrite par le verbe. Cette lente prise de conscience du moi peut aussi être observée de façon condensée dans l’enfance de l’être humain actuel. Dans leur jeune âge, les enfants n’utilisent pas le mot je, mais se désignent par leur nom ou un dérivé de celui-ci. Ils disent par exemple Jean veut une pomme» et non je veux une pomme», comme ils le feront au stade suivant. Bien que la prise de conscience du soi ne soit pas la même chez un enfant que chez un adulte mature et responsable - et non seulement conscient d’exister mais conscient de ses actes - le mot je» est utilisé dans les deux cas. Ce prénom personnel n’est donc plus en mesure de révéler la différence de maturité ; le langage cependant la distingue par un autre biais par l’emploi du tu et du vous. En effet, si l’enfant commence par tutoyer tout le monde, il apprend bientôt qu’il y a des personnes à qui l’on ne peut s’adresser ainsi et qu’il faut vouvoyer. Le passage du tu» au vous» marque ainsi une évolution de la perception de ses relations avec son entourage, car il ne peut se comporter de manière identique lorsqu’il tutoie ou vouvoie. Cette évolution est également visible historiquement. Si dans le passé le tutoiement était le plus courant, il fallut attendre le 16e siècle pour que le vous s’impose. Pendant la Renaissance, c’est le vous qui était utilisé et on ne tutoyait que les domestiques. Le siècle suivant, sous l’influence de Rousseau, le tutoiement rentra à nouveau dans les usages, et plus encore après la Révolution au nom de l’égalité. Mais si les hommes sont égaux devant les lois, le sont-ils en eux-mêmes ? L’apparition de la bourgeoisie, - on tutoie toujours plus dans les milieux populaires que bourgeois - rendit au vous une place prépondérante. C’est probablement à partir des années 1960 révolution hippie, mai 68,... qu’il succomba, pour laisser à nouveau une place plus importante au tutoiement. Il est généralement admis que l’on tutoie les personnes auxquelles on est uni par des liens étroits de parenté, d’amitié ou de camaraderie. Le tu» est donc employé dans les relations caractérisées par la proximité, l’intimité, l’affinité. Dans l’intimité du foyer, l’enfant tutoie ses parents, ses frères et sœurs, car ce sont ses proches et qu’il est en relation constante avec eux. Mais ce tutoiement qu’il étend d’abord sans distinction à tous ceux qu’il rencontre le facteur, l’épicier, les voisins,... prend un jour fin. Il découvre qu’il y a des relations qui ne sont pas du même type que celle du milieu familial, et qu’il existe un intérieur et un extérieur. Avec les gens de l’extérieur, les relations ne sont pas proches ou intimes. Le maître d’école, l’épicier,... font partie de l’extérieur ». Ils ne sont pas liés à la famille et sont d’un genre d'approche différent. Le tu» implique effectivement une certaine relation de dépendance. L’enfant est dépendant de ses parents et ceux-ci également de lui, puisqu’ils ne peuvent disposer entièrement d’eux-mêmes. Leurs décisions sont dépendantes des devoirs qu’ils doivent remplir envers lui. Le tu réciproque est donc bien de mise dans cette relation caractérisée par des liens si étroits. Les enfants se tutoient. Existe-t-il donc un lien entre eux ? Bien qu’ils aient chacun leur caractère, les enfants sont en affinité ou proches les uns des autres. Ils le sont car ils sont tous des personnalités non encore pleinement affirmées ou indépendantes, comme elles pourraient l’être une fois adulte. Ils ne sont pas encore responsables d’eux-mêmes. Le tutoiement, qui correspond à cet état, est donc tout naturel. A certaines époques, les parents vouvoyaient leurs enfants, mais cette pratique pousse les enfants dans un rôle - celui d’êtres indépendants et responsables - qu’ils ne sont pas encore en mesure d’assurer pleinement. De façon générale, le tutoiement des enfants par les adultes doit lui aussi prendre fin un jour. Le passage du tutoiement au vouvoiement se fait dans la période de l’adolescence, quand l’esprit perce vraiment et que l’âge de la pleine conscience de soi et de ses responsabilités approche. Effectivement, pendant l’adolescence, la personne devient une personnalité à part entière. Elle cesse d’être non-responsable et dépendante. C'est l'époque à laquelle le jeune homme ou la jeune fille quitte le nid familial pour voler de ses propres ailes. Le passage à l’état de pleine maturité ne se fait pas du jour au lendemain, mais progressivement. Lorsque celui-ci est atteint, les jeunes gens sont heureux d'être vouvoyés par les adultes, parce que cela est conforme à ce qu'ils ressentent intérieurement. C'est seulement lorsque cet état n'est pas encore atteint qu'ils préfèrent en rester au tu». Si comme nous l'avons abordé le tutoiement caractérise une relation proche, intime dans laquelle il y a une affinité, le vouvoiement indique que les deux interlocuteurs sont différents, indépendants l’un de l’autre. Le vous marque certes une certaine distance, mais celle-ci ne résulte pas d'un jugement de valeur négatif ni ne l'implique. Au contraire, elle exprime le respect de l’autre. Celui-ci est considéré comme un être à part entière à qui l’on doit le respect. Cela se révèle nettement, car chaque fois que l’on veut contester la dignité d’un adulte ou sa valeur, le vous est abandonné pour le tu. Par exemple, les remontrances lancées contre un automobiliste indélicat se font sur le mode du tutoiement. Jadis les serviteurs étaient tutoyés pour marquer la différence hiérarchique. C’est d’ailleurs bien parce qu’on ne leur accorde pas encore la responsabilité que les adultes tutoient les enfants. Certains parents les vouvoient quand ils les grondent pour essayer de faire appel à leur sens du devoir et des responsabilités. Le vouvoiement reconnaît à l’autre le droit d’être indépendant et de décider librement de la manière dont il veut mener sa vie. Le vouvoiement est ainsi en relation avec le libre arbitre de l’être humain, cette faculté qui réside dans l’esprit et qui lui donne la possibilité de choisir, sans être influencé, ce qu’il veut penser, dire et faire. Mais à cette liberté de choix est associée la responsabilité des décisions prises. Le libre arbitre ne peut donc pas être le propre des enfants. Il ne devient effectif que chez les jeunes gens, à la fin de l’adolescence, autrement dit précisément à la période où le jeune homme ou la jeune fille commence à être vouvoyé ! Chaque adulte devrait être heureux de l’existence du vouvoiement, car le genre de relation qu’engendre le vous lui permet non seulement de garder sa propre indépendance et sa liberté par rapport aux autres, mais également d’être respecté dans son propre désir d’indépendance et de liberté. Que se passe-t-il en effet lorsqu’un inconnu nous aborde et nous tutoie sans autorisation ? Nous sommes surpris et ressentons intérieurement un mal-être car les limites ne sont plus respectées, un certain respect disparaît et nous sommes privés de la liberté de choisir entre la relation de tutoiement et de vouvoiement. Le fait que chacun de nous soit un je» différent, réside dans l’existence du libre arbitre. C’est grâce à lui que nous décidons, de manière tout à fait personnelle, ce que nous voulons faire de nous-même et comment nous allons le faire. Les expériences vécues que nous faisons, et qui résultent de nos libres choix, façonnent alors peu à peu notre personnalité de façon particulière. Elle est particulière, car elle résulte forcément d’une combinaison de désirs et de décisions différente de celle des autres. Pour bénéficier pleinement de sa propre faculté de libre décision et pouvoir évoluer en conséquence, il faut éviter de la limiter de quelque façon que ce soit. Il est donc nécessaire de garder toute son indépendance, son droit à être différent, donc à être soi-même, ce qui, comme nous l’avons vu, n’est possible - chez les personnes possédant le libre arbitre, c’est-à-dire les adultes - que grâce au... vouvoiement. Mais alors pourquoi le tutoiement se généralise-t-il de nos jours ? Le tutoiement entre adultes Le tutoiement entre adultes est légitime dans les relations étroites où les deux êtres en présence sont très proches et en affinité. Ces conditions sont avant tout remplies dans le mariage. Dans le mariage, le tu, et non le vous, se justifie car décidant d’évoluer ensemble en s’aidant mutuellement, les époux ont volontairement choisi de céder une partie de leur indépendance pour unir leur destin. Le vouvoiement entre époux montrerait donc le contraire. Il était très courant à une époque mais, en ce temps là, les mariages étaient souvent des mariages arrangés ou de raison. Le tutoiement implique une liaison étroite avec l’autre. Cette liaison est-elle si courante que le tutoiement doive se généraliser comme il le fait actuellement ? Y a-t-il vraiment une liaison étroite, une intimité et une communauté de destin entre tous les gens qui se tutoient les collègues de travail, les membres d’un club, les connaissances, les voisins, etc. ? Le tutoiement est considéré actuellement comme un signe de grand progrès et de maturité d’esprit, mais en examinant de plus près les situations où l’on se tutoie, on peut constater que ce n’est pas le cas. Les adultes qui s’y livrent perdent quelque chose et ils y recourent plus comme à une solution de facilité que comme à un vrai moyen de s’affirmer et de progresser. Le tutoiement sur le lieu de travail, dans un club de sport ou tout autre groupe, permet d’éviter de se démarquer des autres. Il donne la possibilité de se fondre dans le groupe, d’avoir l’impression de lui appartenir. On y est ainsi accepté presque automatiquement et sans effort, comme dans une grande... famille ! La famille, qui, comme nous l’avons vu, est bien le lieu où l’on se tutoie ! Au cours d’une soirée, le tutoiement d’inconnus qui viennent d’être présentés permet de baisser la garde». De cette façon, la plus grande responsabilité de ce que l’on dit, et la manière de se comporter qu’implique le vouvoiement, tombent avec le tutoiement. Le tutoiement place les adultes dans une situation similaire à celle qu’ils ont connue dans leur enfance, celle de camarades encore non-responsables, où tout est à peu près permis, puisque rien n’est vraiment sérieux ni ne porte à conséquence. Cette sorte de refus d’être un adulte peut probablement être mis en relation avec le désir de nombreuses personnes d’un certain âge d’aujourd’hui qui cherchent à tout prix à paraître jeune, que ce soit dans leur manière de parler, de s’habiller ou d’occuper leurs loisirs. Que le tutoiement permette de gommer les différences, de se débarrasser de ses responsabilités et de se donner à bon compte le sentiment d’appartenir à une grande famille est au fond bien connu et utilisé consciemment par certains. Un célèbre organisateur de voyages par exemple, impose volontairement le tutoiement dans ses villages de vacances. Les vacanciers, qui ne se connaissent pas au départ, se rapprochent très vite, perdent leurs inhibitions, fraternisent et se fondent avant peu dans la joyeuse inconscience du groupe. Agir en connaissance de cause En étant prête à céder une part de son indépendance aux personnes tutoyées, la personne qui tutoie en perd forcément une partie. Celle-ci se trouve entre les mains de ses vis-à-vis. Le tutoiement lie donc les individus les uns aux autres. Cette liaison n’est pas anodine et il est difficile de s’en débarrasser. Etant doté du libre arbitre, l’être humain peut choisir de communiquer avec ses semblables en les vouvoyant ou en les tutoyant, mais au-delà de ce que cela révèle de lui, le choix qu’il effectue va faciliter ou non son évolution personnelle. Le tutoiement, sous ses apparences de facilité, engendre de nombreux problèmes, car en liant et en ouvrant des portes à toutes sortes d’influences extérieures, il entrave le libre arbitre. Le vouvoiement, lui, semble plus difficile, mais il facilite les choses, car il permet de conserver sa liberté intérieure et son indépendance. Christopher Vasey Article basé sur les connaissances du Message du Graal
Pyrameet Thisbé adoptent ce mode allocutif sans éclat particulier (au cours de la scène 2 de l’acte II) et de façon définitive. Dans les autres cas, aisément dénombrables car rares (21 en tout), le tutoiement correspond essentiellement à une relation entre égaux (colonne 7 du tableau : 15 cas). Notre focus sur une des pages de notre site lien externe Non à la viande Le réseau consciences-citoYennes est, actuellement, en train de réfléchir à sa participation aux élections fédérales de l’année prochaine. Veux-tu y contribuer, y participer ? Avec toi, nous serons plus forts et plus nombreux pour faire entendre notre voix ! Le réseau consciences-citoYennes le signale les chaleurs intenses qu’il a fait cet été sont le signe fort d’une catastrophe à venir. Il est, en effet, à prévoir prochainement feux, pénurie à tous les niveau, guerre civile, maladie, faim, manque d’eau propre, etc. En ce sens, notre réseau est favorable à l’établissement d’une cellule de crise nationale pour concevoir, dès maintenant, notre autosubsistance collective. Maintenant, toute la question est de savoir si la population est prête à entendre et à croire cela ? Bref, au moins, notre réseau se sera, une fois de plus, positionné clairement à ce sujet. Le réseau consciences-citoYennes soutient et appelle à soutenir L’initiative pour l’avenir » proposée par la Jeunesse Socialistes. Ils expliquent La crise climatique est la plus grande crise de notre temps. Aujourd’hui, la politique climatique veut faire reposer la responsabilité de la crise climatique sur les épaules des 99%. Mais ce n’est pas à nous de payer pour la politique climatique ! En effet, ce sont les ultra-riches qui profitent le plus du système à l’origine de la crise, le capitalisme néolibéral, et qui mettent en péril les bases de notre vie pour leurs profits ! L’initiative garantit que les ultra-riches paient pour la politique climatique. Un impôt de 50% sur les successions à partir de 50 millions permet non seulement de lutter durablement contre l’inégalité des fortunes, mais aussi d’utiliser cet argent pour nous permettre de travailler, nous loger et vivre en société de façon écologique et sociale. Nous ouvrons ainsi un nouveau chapitre de la politique climatique suisse. » Soutiens l’initiative par ta signature. Le réseau consciences-citoYennes t’informe que le mouvement Extinction Rebellion Genève XR ainsi que diverses organisations actives sur les thèmes de la transition écologique, de la santé mentale et de la Communication Non-Violente se sont engagés pour mettre en place, en intelligence collective, une campagne de communication et de sensibilisation nommée Faire Face. La Ville de Genève par son service Agenda 21 a soutenu le projet. La campagne Faire Face a pour objectif de sensibiliser les citoyennes à des risques climatiques pour Genève. A quoi pouvons-nous nous attendre, si l’inaction tant politique qu’individuel persiste ? Le but de cette campagne est de délivrer des messages scientifiques vulgarisés et clairs au grand public. C’est pourquoi par cette campagne, les initiateurices du projet et membres d’Extinction Rebellion se félicitent de l’adhésion de la ville de Genève à la 1ère revendication du mouvement qui est de dire la vérité sur le caractère mortel de notre situation et sur l’urgence de se mobiliser pour en sortir. Dès le 30 mai, des affiches dans l’espace public et des vidéos exposeront 8 scénarii de situations d’urgence situées dans les années 2040 et de leur tourner la page en vous rendant sur Nous terminons ce courriel comme à l’accoutumée par un partage d’agenda et de liens Nous te remercions pour ton attention et t’adressons nos salutations citoYennes, Consciences-citoYennes. Réseau en faveur d’une insurrection des consciences et d’une transition citoyenneNous te remercions pour ton attention et t’adressons nos salutations citoYennes, Consciences-citoYennes. Réseau en faveur d’une insurrection des consciences et d’une transition citoyenne * Le réseau choisit le tutoiement des personnes à qui il s’adresse, car le vouvoiement est conçu comme étant une trace idéologique d’une politique de la distinction propre à une époque dominée par le pouvoir et la servitude. Le tutoiement pouvant être aussi respectueux que le vouvoiement, nous ne voyons aucun intérêt à l’utiliser, surtout qu’il crée de la distance, de la verticalité et de la non-réciprocité. Bref, tout le contraire de ce que nous souhaitons au niveau des relations humaines dans une société citoyenne. Cependant même si une relation d’ordre informel s’établit localement en situation d’interaction, on voit aussi comment ce caractère local est d’avance Résumé du document Dans le cadre de mon travail de recherche, j'ai choisi de m'intéresser au thème de la distance et de la proximité dans la relation d'aide. Pour cela, j'ai souhaité m'interroger plus particulièrement, aux enjeux du tutoiement et du vouvoiement dans la pratique professionnelle des travailleurs sociaux accompagnant des personnes handicapées mentales adultes. Tout d'abord, je présenterai la genèse de mon objet de recherche exploratoire en m'attachant à dégager progressivement des interrogations personnelles. Puis, j'énoncerai les modalités de mise en œuvre de ma recherche en présentant quelques indications méthodologiques. J'ai effectué mon stage de deuxième année de formation d'assistante de service social dans un centre d'hébergement accueillant des personnes handicapées mentales adultes. Le stage s'est déroulé conjointement au sein du service social de l'établissement et au sein de l'équipe éducative du foyer-appartement. Celui-ci accueille huit femmes âgées de vingt à soixante ans présentant une déficience intellectuelle légère ou moyenne. L'accompagnement des résidentes m'a conduite à m'interroger sur mon positionnement professionnel. En effet, le quotidien entraîne une certaine proximité et la question de l'usage du tutoiement ou du vouvoiement vint à se poser. En ce qui me concernait, le vouvoiement était de rigueur en début de stage et s'imposait naturellement avec les résidentes. En effet, il semblait en quelque sorte évident » d'utiliser le vouvoiement comme lorsqu'on rencontre une personne pour la première fois, en dehors même de toute relation professionnelle. Mais, ce vouvoiement traduisait aussi, il me semble, une certaine défense qui permettait de me protéger de la personne, de son intrusion par la parole, de son handicap… Ne dit-on pas l'inconnu fait peur » ? Si le vouvoiement s'imposait en début de stage, je me suis surprise les derniers mois à utiliser cette marque de familiarité qu'est le tutoiement, que j'essayais souvent en vain de rectifier, car le quotidien avait pris le dessus. Pour autant, le tutoiement exprime-t-il inévitablement de la familiarité ? Apparaît-il uniquement au cours de l'accompagnement éducatif ? Sommaire De l'importance de considérer l'usage du tutoiement et du vouvoiement dans la relation d'aide Les enjeux de la communication dans la relation d'aide Evolution historique des usages du tutoiement et du vouvoiement dans la langue française Une pratique du tutoiement et du vouvoiement contrainte par un environnement personnel et institutionnel Un environnement personnel déterminant Un environnement institutionnel contraignant Tutoyer ou vouvoyer des enjeux spécifiques au public des personnes handicapées mentales adultes La dimension relationnelle au fondement de la pratique du tutoiement et du vouvoiement De l'objet exploratoire à l'objet de recherche le tutoiement et le vouvoiement comme marqueur de la professionnalité Extraits [...] Une grille d'entretien serait constituée afin de recueillir ce qu'expriment les travailleurs sociaux dans ces groupes au sujet des usages du tutoiement et du vouvoiement dans la construction d'un positionnement professionnel. Je souhaiterai également interroger des personnes handicapées mentales adultes sur le principe des entretiens semi-directifs. La grille d'entretien devra tenir compte des difficultés d'expression et de représentation que peuvent posséder les personnes interrogées. Pour cela, elle pourra être construite à l'aide des professionnels qui les accompagnent afin de ne pas induire les réponses. [...] [...] Lorsque certains professionnels hésitent entre le tutoiement et le vouvoiement, ils adoptent certaines astuces. En effet, il existe trois stratégies discursives qui permettent de dire ni tu ni vous comme l'explique Madame C [ ] j'ai remarqué, on biaise. On dit ça va ? par exemple, au lieu de dire vous allez bien ? [ ] On peut aussi utiliser le on On se promène un peu par ce beau temps ? ou retirer le verbe encore un peu de café ? [...] [...] Ils rentrent également en jeu dans la manière de définir la relation, deuxième visée de la communication, notamment en terme de distance. En effet, le tu et le vous sont porteurs de sens bien différent et n'ont pas toujours signifiés les mêmes rapports entre deux personnes. L'évolution historique permettra de mettre en évidence les modifications des usages des pronoms d'adresse en France. Chapitre 2 Évolution historique des usages du tutoiement et du vouvoiement dans la langue française Le tutoiement et le vouvoiement ne sont pas seulement des façons de s'exprimer. [...] [...] Alors, quelles sont les caractéristiques de la relation d'aide dans le cadre professionnel ici étudié ? La relation d'aide met en présence deux personnes à des places non équivalentes l'un a la place d'aidé et l'autre d'aidant Les rôles sont donc bien distincts et non-interchangeables. La relation d'aide telle que nous la définissons est donc une relation asymétrique, ce qui signifie que les places de l'un et de l'autre sont différenciées. L'aidant a une certaine supériorité sur la personne aidée car il est dans une position de savoir et de pouvoir d'action capacité à mobiliser des dispositifs Mais, la personne qui aide est celle qui apporte son concours, qui joint ses efforts à ceux de l'autre. [...] [...] Madame B est conseillère en éducation sociale et familiale[5] dans une association qui accompagne des personnes déficientes intellectuelles dans des appartements autonomes. Madame C est assistante de service social dans un Établissement et Service d'Aide par le Travail ESAT. Madame D est assistante de service social dans le même ESAT que Madame C. Madame D est plus âgée et est plus ancienne dans l'établissement. Madame E est assistante de service social dans une association qui accompagne des personnes Infirmes Moteurs Cérébrales IMC. [...] Ladistance doit être considérée dans un sens positif, en tant qu’outil pour la pérennité et la stabilité de la relation, en ce sens qu’elle sépare, tout en gardant une approche suffisante pour que le résident ne se sente pas écarté. La distance représente pour le soignant une certaine lutte constante entre le fait de céder totalement à la demande d’affection
Envoyé par jacquolintégrateur Bonjour On sait définir et quantifier la complexité. "L'absolu par essence" est bien trop métaphysique pour moi!! Bonjour, justement, c'est pour cela que c'est de la philosophie et pas des sciences. "La science ne pense pas" ne dit pas autre chose, à savoir que les sciences expérimentales ne font pas de "métaphysique", ne connaissent pas d'absolu, se contentent d'établir la "grammaire" d'une gamme limitée d'expériences répétables, communicables etc.. Pourtant, l'expérience "métaphysique", on la trouve de manière simple en sciences même si c'est plutôt du côté de la théorisation - quand un mathématicien ou un logicien fait un choix d'axiomes pour développer sa démonstration, ce choix lui-même est hors du processus démonstratif ; - quand un physicien postule que les "lois de la nature" établies dans son labo sont valables pour tout l'univers, c'est un acte "métaphysique" ; - quand un biologiste affirme que toute la pensée est contenue dans la structure du cerveau, il pose une définition qui n'a rien de nécessaire logiquement la biologie aura du mal à discriminer entre un organe nécessaire et un organe nécessaire et suffisant. En général, de nos jours en sciences, on préfère éviter l'engagement ontologique et on dit qu'il s'agit de positions simplement méthodologiques. Pour ma part, je serais d'avis d'éviter ce genre de précautions et de plutôt s'appuyer sur des ontologies qui intègrent sans problème la "foi" scientifique mais je crois que c'est une chose à reconstruire à partir d'une position qui échappe à la problématique phénoménologique, c'est-à-dire qui ne dise pas que ce sur quoi travaillent les sciences est une "apparence", un phénomène "ce qui apparait à la conscience". Comme disait Deleuze, l'important en philosophie c'est la manière dont on pose le problème. Si il faut aux sciences une conception naturaliste, réaliste, déterministe ni hasard ni miracle, désubjectivée "objective" alors il faut sortir de l'idée kantienne que les sciences étudient des phénomènes. On peut tourner en rond sur le problème de la conscience en MQ tout simplement parce qu'on a posé d'emblée qu'on s'occupait de phénomènes et que la conscience est une instance de définition de tout phénomène. C'est un peu comme être au pôle nord et chercher le nord avec une boussole, on ne sait pas où aller parce qu'on est toujours déjà dans ce qui fonde les moyens de recherche, on ne peut pas expliquer scientifiquement la conscience si on la définit comme fondement du phénoménal et que les sciences étudient des phénomènes. J'ai mis "métaphysique" entre guillemets parce que Heidegger en fait un usage technique relativement précis en lien avec l'histoire de la philosophie ce qui est considéré comme "métaphysique" change selon les cadres de pensée. Je suis d'accord avec lui qu'il faut dépasser la métaphysique sauf que sa manière de le faire renvoie à une sorte d'arrêt de la pensée rationnelle pour une "contemplation" d'un mystère existentiel le Mystique wittgensteinien ?. L'autre manière de le faire est dans une sorte de méta-métaphysique, c'est-à-dire dans les actes philosophiques fondateurs qui posent des métaphysiques. De même qu'un logicien fait son choix d'axiomes, le philosophe fait son choix des éléments fondateurs pour penser le monde. Plutôt qu'une non-métaphysique, on peut aussi faire une multi-métaphysique, c'est-à-dire montrer comment s'articulent les métaphysiques. Par exemple, la MQ fonctionne en considérant de manière plus ou moins implicite qu'il n'y a pas d'observateur désengagé, que le physicien est acteur de l'expérience. Donc, autant prendre l'affirmation au sérieux, et abandonner l'idée que "ce qui apparaît à la conscience" est l'objet d'étude de la MQ puisque dans cette idée on a une conscience désengagée, un oeil transcendant l'expérience, en surplomb. Pour ma part, j'aurais tendance à considérer que l'ontologie adéquate serait une sorte d'éthologie plutôt qu'une phénoménologie l'être serait plutôt du côté du faire, une manière d'être serait une manière de faire et la conscience serait une manière de faire certaines opérations mémorisation, focalisation sélection d'une base, d'un intérêt, réflexivité, symbolisation le signe comme valant pour la chose etc.. Dans ce cadre, on ne cherche pas à tout expliquer à partir de la notion de base de phénomène, on explique la phénoménalité même à partir d'autres éléments même si ça perturbe les habitudes de pensée. Le point principal sera par exemple qu'il n'y a pas "la conscience", pas cette sorte d'écran où se projetterait le film du monde, mais une multiplicité d'opérateurs entrant dans les jeux de langage, les comportements moteurs etc. qu'on met sous l'attribut "conscient". Au lieu de dire qu'il faut une conscience pour qu'une superposition d'état soit déterminée à un état, on pourra par exemple dire qu'il y a une opération de prédiction qui est production d'un "algorithme" déterminé valant pour l'ensemble des données enregistrées et cette même opération d'enregistrement. Que ce soit un polariseur, un détecteur, un cerveau humain etc., tout cela est un opérateur d'enregistrement qui vaut pour "projecteur de la fonction d'onde" dans sa relation à l'"algorithme" prédictif où on a condensé un espace-temps déterminé passé la mémoire des n résultats passés avec le même dispositif. On est dans un déterminisme ontologique, un naturalisme pas de miracle, une désubjectivation "objectivité" en ce qu'un Sujet n'est pas plus nécessaire qu'un détecteur qui a cependant pour coût la perte du prestige pour l'homme d'être l'être pensant par excellence. Un polariseur, un détecteur, un disque dur etc., ça pense aussi, c'est-à-dire que ça réalise à sa manière une part des comportements associés à "penser" dans le langage commun, et les actes de pensée qui pour l'heure ne sont pas reproductible par autre chose qu'un humain ne lui sont pas pour autant réservés. Rien n'interdit en droit que tout ce que l'on fait puisse être fait par d'autres êtres, qu'il y ait des mathématiciens posant des axiomes, des philosophes fondant des métaphysiques ou des Roméo tombant amoureux à partir d'un agencement de métal et de plastique. La spécificité de l'homme n'est plus dans la pensée ou la conscience, elle est dans ses intérêts propres, dans un rapport au monde spécifique impliqué par la constitution des êtres, leur nature, dans ce qui fait qu'un robot cherchera une prise électrique pour s'alimenter là où un humain cherchera un steack-frite. La perte d'humanité qu'implique la mécanisation et qui inquiétait à juste titre Heidegger, est d'emblée conjurée par cette éthologie qui devient éthique, c'est-à-dire le souci d'un comportement adapté à la nature spécifique des êtres laquelle fonde en raison leurs désirs, besoins, attentes propres, leurs relations aux autres êtres. La raison n'est plus vue comme menant à une mécanisation instrumentaliste de l'humain mais au contraire comme impulsant un souci des manières adéquates d'être et de faire les choses dès lors que l'être et le faire sont liés. Pour être un rien polémique et généralisateur, je dirais même que les pensées basées sur l'observation, l'oeil de la conscience, tendent à produire des morales du jugement où on approuve et condamne de loin sans grand souci du désir de l'autre avec de grandes lois transcendantes tandis que les pensées basées sur l'action, le faire, tendent à produire des éthiques de l'engagement où on cherche les bonnes relations dans la diversité des goûts, désirs, intérêts, dans une jurisprudence pragmatique.
. 299 160 285 299 277 429 442 215

qu implique le tutoiement dans une relation