Edit du 19/06/2022 lĂ©gĂšre retouche du fichier ! Voici venue lâheure de publier aujourdâhui les ressources correspondantes au 6Ăšme thĂšme que jâaborderai en histoire avec mes Ă©lĂšves dĂšs la semaine prochaine ! Cette sĂ©quence porte sur le thĂšme de la RĂ©volution française, et jâai plein de choses Ă vous mettre sous la dent đ 1 La leçon La leçon pour commencer, se structure en 4 parties Les causes de la RĂ©volution LâannĂ©e 1789 La fin des rois et de lâAncien RĂ©gime LâhĂ©ritage de la RĂ©volution 2 La frise chronologique La pĂ©riode de la RĂ©volution française Ă©tant par ailleurs trĂšs riche en Ă©vĂ©nements, jâai Ă©galement conçu une frise chronologique destinĂ©e Ă aider mes Ă©lĂšves Ă ne pas se perdre dans la chronologie des annĂ©es 1789 Ă 1792. 3 Le jeu de dominos Jâai fabriquĂ© un jeu de dominos gĂ©ants permettant de rĂ©viser les points forts de la leçon en groupe-classe. En diminuant la taille de ces dominos au moment de lâimpression, vous pouvez aussi en faire un jeu de dominos individuel libre Ă chacun dâutiliser cette ressource comme il le souhaite ! 4 Le tableau Pinterest Comme dâhabitude, vous trouverez dâautre part dans le tableau Pinterest ci-dessous des liens que jâai sĂ©lectionnĂ©s pour vous vers de trĂšs nombreuses ressources qui peuvent venir enrichir la façon dont vous allez traiter ce thĂšme en classe. 5 Le quiz de rĂ©vision Jâai enfin conçu un quiz de rĂ©vision comportant 24 questions QCM/Vrai ou faux, ⊠souvent accompagnĂ©es dâillustrations ou de vidĂ©os diverses et variĂ©es dans lesquelles trouver certaines rĂ©ponses ! Mes Ă©lĂšves raffolent de ce genre de quiz qui leur permettent de rĂ©viser de façon ludique tout en vĂ©rifiant leur degrĂ© dâacquisition des connaissances essentielles đ NâhĂ©sitez pas Ă me faire part de vos remarques, observations et Ă me signaler dâĂ©ventuelles coquilles ! A trĂšs vite đUneĂ©tude Ipsos, rĂ©alisĂ©e en mai 2014 sur un panel de 1 500 individus de 15 Ă 65 ans, a mis en Ă©vidence que 20 % des Français croient Ă lâexistence actuelle des Illuminati, qui regrouperaient les principaux dirigeants de la planĂšte.DâaprĂšs plusieurs Ă©tudes, cette proportion atteint plus du tiers des lycĂ©ens. Face Ă ce type de croyance, il nâexiste pas pour les enseignants de Carte mentaleĂlargissez votre recherche dans UniversalisLa pĂ©riode appelĂ©e RĂ©volution française, qui se situe entre 1789 et 1799, constitue une rupture considĂ©rable, abolissant la monarchie, inventant de nouveaux rapports sociaux et crĂ©ant une langue politique inĂ©dite. Ce bouleversement ne reprĂ©sente pas seulement la pointe des mouvements rĂ©volutionnaires qui se produisent en Europe et en AmĂ©rique du Nord Ă la mĂȘme Ă©poque, attirant Ă lui des rĂ©formateurs de ces contrĂ©es ; il en radicalise aussi les termes et jette les bases d'une nouvelle culture politique. La violence dont il est porteur et qui s'exprime de façon particuliĂšrement forte accentue la novation. La RĂ©volution française incarne ainsi Ă elle seule une Ă©poque de l'histoire de l'Europe et du monde, rompant la chaĂźne des temps, comme les contemporains n'ont pas manquĂ© de l'observer, qu'ils s'appellent Saint-Just, Goethe ou Joseph de ses causes, ses modalitĂ©s et ses consĂ©quences ont Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement l'objet d'analyses passionnĂ©es. La brutalitĂ© des affrontements et l'ampleur des guerres civiles et extĂ©rieures, les retournements de situations accompagnĂ©s souvent de l'Ă©limination des acteurs politiques dĂ©chus, les remaniements institutionnels et linguistiques ont tellement marquĂ© les consciences et les mĂ©moires qu'il est aisĂ© de comprendre l'ĂąpretĂ© des dĂ©bats que suscite l'Ă©vocation de ces Ă©vĂ©nements. Leurs Ă©chos et leurs rĂ©sonances ont en outre Ă©tĂ© Ă la base d'engagements collectifs ou individuels, aussi bien dans la France agitĂ©e par la sĂ©rie des rĂ©volutions du xixe siĂšcle jusqu'Ă l'Ă©tablissement dĂ©finitif de la RĂ©publique qu'en Europe puisque les rĂ©volutionnaires français servent de modĂšles aux rĂ©volutionnaires italiens, allemands, russes ou en AmĂ©rique latine, marquĂ©e par plus d'un siĂšcle de de la RĂ©volution française peut d'autant moins se faire seulement pour elle-mĂȘme que, par un revirement de l'histoire mondiale, la lutte contre les Ătats totalitaires et l'effondrement des systĂšmes politiques se rĂ©clamant du communisme ont entraĂźnĂ© une relecture dĂ©chirante de celle-ci ; elle a mĂȘme Ă©tĂ© accusĂ©e d'avoir contenu les germes de la culture totalitaire qui a ravagĂ© le xxe siĂšcle. La RĂ©volution française possĂšde ainsi une densitĂ© de significations et d'implications dont tout rĂ©cit doit tenir du cadre chronologique prĂ©cis de la RĂ©volution française illustre les difficultĂ©s propres Ă la comprĂ©hension de la pĂ©riode, aussi bien pour en marquer le dĂ©but que la fin. La RĂ©volution, en effet, n'a pas commencĂ© Ă la suite d'actions violentes dĂ©libĂ©rĂ©es, comme la rĂ©volution bolchevique d'octobre 1917. Le rĂšgne de Louis XVI ne prend fin officiellement que le 10 aoĂ»t 1792, lorsque le roi, qui avait acceptĂ© la Constitution Ă©tablissant une monarchie constitutionnelle le 13 septembre 1791 et prĂȘtĂ© serment le 14, est dĂ©posĂ© par l'AssemblĂ©e lĂ©gislative. Reste que les contemporains ont eu conscience d'entrer en rĂ©volution dĂšs 1789 peut-ĂȘtre lorsque les Ătats gĂ©nĂ©raux, rĂ©unis Ă la demande du roi en mai, se sont constituĂ©s en organe autonome sous le nom d'AssemblĂ©e nationale le 17 juin 1789, davantage lorsque la violence de la prise de la Bastille du 14 juillet est acceptĂ©e par le roi, assurĂ©ment lorsqu'en octobre 1789, sous la pression de manifestants, lui-mĂȘme, sa famille et l'AssemblĂ©e s'installent Ă Paris, reconnaissant de fait que le peuple parisien reprĂ©sente une force politique. Ă cette date, les Français et les observateurs Ă©trangers, qu'ils y soient favorables ou opposĂ©s, savent qu'ils vivent en rĂ©volution. Les changements institutionnels ont suivi les mutations de la vie politique et des quel moment peut-on situer la fin de la RĂ©volution ? La question a Ă©tĂ© politique avant d'ĂȘtre historiographique. DĂšs 1791, certains assurent que la rĂ©volution est terminĂ©e », estimant â et espĂ©rant â qu'il n'y a plus de rĂ©formes Ă rĂ©clamer et que, les principaux opposants Ă©tant exclus de la nation, la communautĂ© française peut ĂȘtre soudĂ©e autour des nouveaux principes. Cependant les radicaux, promoteurs d'une rĂ©volution sociale et d'un autre contrat social, repoussent l'arrĂȘt du proces [...]1 2 3 4 5 âŠpour nos abonnĂ©s, lâarticle se compose de 44 pagesAfficher les 3 mĂ©dias de l'articleĂcrit par professeur Ă l'universitĂ© de Paris-I-PanthĂ©on-SorbonneMarc THIVOLET Ă©crivainClassificationArtsArts graphiquesCaricatureHistoireScience historiqueHistoriographieHistoireHistoire chronologieHistoire, de 1789 Ă la fin du xixe française 1789-1799HistoireHistoire par rĂ©gions et paysHistoire de l'Europe occidentaleFrance, histoireAutres rĂ©fĂ©rences RĂVOLUTION FRANĂAISE » est Ă©galement traitĂ© dans RĂVOLUTION FRANĂAISE, en brefĂcrit par Sylvain VENAYRE âą 221 mots âą 1 mĂ©diaLa dĂ©cision des Ătats gĂ©nĂ©raux, convoquĂ©s par Louis XVI pour rĂ©soudre la crise financiĂšre du royaume, de se constituer en AssemblĂ©e nationale est une rĂ©volution politique. DĂ©sormais, la souverainetĂ© n'appartient plus au roi mais au peuple, qui devient le fondement du pouvoir politique, alors mĂȘme que l'individu, en faveur de qui est promulguĂ©e la DĂ©cl [âŠ] Lire la suiteRĂVOLUTION FRANĂAISE - repĂšres chronologiquesĂcrit par Sylvain VENAYRE âą 171 mots17 juin 1789 Les Ătats gĂ©nĂ©raux, ouverts depuis le 5 mai, se constituent en AssemblĂ©e juillet 1789 Prise de la aoĂ»t 1789 Abolition des aoĂ»t 1789 DĂ©claration des droits de [âŠ] Lire la suiteRĂVOLUTION FRANĂAISE GUERRES DE LAĂcrit par Jean DĂRENS âą 1 446 mots âą 1 mĂ©diaĂ la fin de 1791, la France marche Ă la guerre, chaque parti croyant y trouver son intĂ©rĂȘt. La Cour espĂšre que la guerre ruinera la RĂ©volution et rĂ©tablira le pouvoir monarchique la guerre est le seul moyen de provoquer l'intervention des princes Ă©trangers, et la France en pleine convulsion ne paraĂźt pas capable de soutenir une demi-campagne ».Le ministĂšr [âŠ] Lire la suiteABENSOUR MIGUEL 1939-2017Ăcrit par Anne KUPIEC âą 908 mots âą 1 mĂ©dia Utopie, Ă©mancipation, critique, politique â tels sont les termes qui peuvent qualifier le travail conduit par Miguel Abensour, professeur de philosophie politique, Ă©diteur et penseur . Miguel Abensour est nĂ© Ă Paris le 13 fĂ©vrier 1939. AgrĂ©gĂ© de sciences politiques, auteur dâune thĂšse dâĂtat Les Formes de l'utopie socialiste-communiste essai sur le communisme critique et l ' utopie, il ensei [âŠ] Lire la suiteACCAPAREURSĂcrit par Jean DĂRENS âą 627 mots La question des subsistances a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans la mobilisation des masses populaires qui, par l'insurrection, ont donnĂ© Ă la RĂ©volution un nouvel Ă©lan Ă chaque fois qu'elle semblait dans l'impasse, le 14 juillet et le 5 octobre 1789, le 20 juin et le 10 aoĂ»t 1792. Ă chaque fois, le peuple des faubourgs s'est soulevĂ© pour briser les tentatives des contre-rĂ©volutionnaires qui voulaient [âŠ] Lire la suiteADOPTIONĂcrit par Pierre MURAT âą 8 874 mots Dans le chapitre Historique » [âŠ] L'institution est connue et pratiquĂ©e depuis la plus haute antiquitĂ© les droits mĂ©sopotamien, Ă©gyptien, hĂ©braĂŻque ou grec la connaissent. Surtout elle a Ă©tĂ© trĂšs pratiquĂ©e par les romains, selon des formes et pour des raisons qui ont variĂ© selon les Ă©poques. Mais Ă Rome, la notion de famille ne repose pas sur l'engendrement et l'affection, mais sur la soumission Ă la puissance d'un chef de fa [âŠ] Lire la suiteALLEMAGNE Histoire - Allemagne moderne et contemporaineĂcrit par Michel EUDE, Alfred GROSSER âą 26 856 mots âą 39 mĂ©dias Dans le chapitre L'Allemagne et la RĂ©volution française » [âŠ] Les Ă©vĂ©nements qui bouleversent la France Ă partir de 1789 rencontrent cependant en Allemagne un accueil trĂšs divers. Ă la sympathie initiale qu'ils suscitent dans les milieux Ă©clairĂ©s, succĂšde bientĂŽt une inquiĂ©tude qui se change, aprĂšs 1792, en rĂ©serve ou en hostilitĂ© dĂ©clarĂ©e. Comme en Angleterre, les esprits les plus hardis ne s'avancent pas, sauf de trĂšs rares exceptions, au-delĂ de ce que re [âŠ] Lire la suiteALSACEĂcrit par Françoise LĂVY-COBLENTZ, Raymond WOESSNER, Universalis âą 6 606 mots âą 2 mĂ©dias Dans le chapitre La RĂ©volution et ses rĂ©percussions en Alsace » [âŠ] Le 21 juillet 1789, Ă la nouvelle de la prise de la Bastille, le peuple strasbourgeois se prĂ©cipite Ă l'hĂŽtel de ville qu'il saccage entiĂšrement. ChĂąteaux et abbayes sont pris d'assaut par les paysans, notamment dans le Sundgau. La premiĂšre grande manifestation populaire se dĂ©roule Ă l'occasion de la fĂȘte de la FĂ©dĂ©ration du Rhin qui rassemble Ă Strasbourg, le 13 juin 1790, cinquante mille citoye [âŠ] Lire la suiteALSACE PRINCES POSSESSIONNĂS D'Ăcrit par Ghislain de DIESBACH âą 659 mots Lors de la rĂ©union de l'Alsace Ă la France, sous Louis XIV, il avait Ă©tĂ© prĂ©cisĂ© que les fiefs appartenant Ă des souverains Ă©trangers ne relĂšveraient pas du droit français, notamment en matiĂšre d'impĂŽts et de douanes. En voulant appliquer les dĂ©crets du 4 aoĂ»t 1789 sur l'abolition des droits fĂ©odaux, puis celui du 2 novembre de la mĂȘme annĂ©e sur la sĂ©cularisation des biens du clergĂ©, l'AssemblĂ©e c [âŠ] Lire la suiteAMI DU PEUPLE L'Ăcrit par Pierre ALBERT âą 381 mots Marat fonde, le 12 septembre 1789, Le Publiciste parisien qui prend trĂšs vite le titre plus significatif de L'Ami du peuple et la devise Vitam impendere vero Consacrer sa vie Ă la vĂ©ritĂ© ». C'est une publication de huit Ă seize pages de petit format, rĂ©digĂ©e tout entiĂšre par le seul Marat, et qui a plus la forme d'un pamphlet pĂ©riodique que d'un quotidien d'information. Aussi bien, du fait [âŠ] Lire la suiteVoir aussiALLĂGORIE histoire de l'artCONSEIL DES ANCIENSASSEMBLĂE NATIONALEASSEMBLĂES DANS L'ANCIEN RĂGIMEBABEUF FRANĂOIS-NOĂL dit GRACCHUSPRISE DE LA BASTILLECAHIERS DE DOLĂANCESCONSEIL DES CINQ-CENTSRĂPUBLIQUE CISALPINECONSPIRATIONNISME ou COMPLOTISME ou COMPLOTPENSĂE CONTRE-RĂVOLUTIONNAIRECONVENTION NATIONALE RĂ©volution françaiseCULTURE POLITIQUEANTOINE BALTHAZAR JOSEPH DANDRĂDĂCLARATION DES DROITS DE L'HOMME DE 1793DĂPARTEMENTSJOURNĂE DU DIX AOĂT 1792ĂCOLE PRIMAIRE ou ENSEIGNEMENT PRIMAIRECONJURATION DES ĂGAUXHISTOIRE DE L' ĂGLISE du concile de Trente Ă nos joursLes derniers Ă©vĂ©nements1er-30 juillet 2009 Iran. Poursuite de la contestation contre la réélection du prĂ©sident Mahmoud Ahmadinejad Ils reçoivent l'appui de nombreux ayatollahs et de pĂšres » de la rĂ©volution islamique de 1979. Le 6, le Quai d'Orsay annonce qu'une jeune Française, Clotilde Reiss, lectrice de français depuis cinq mois Ă l'universitĂ© d'Ispahan, est dĂ©tenue par les autoritĂ©s iraniennes depuis le 1er juillet, accusĂ©e d'espionnage. Le 9, plusieurs centaines de personnes, bravant l'interdiction gouvernementale de manifester, se rassemblent prĂšs de la place de la RĂ©volution Ă TĂ©hĂ©ran, ainsi que dans plusieurs grandes villes, pour commĂ©morer le soulĂšvement Ă©tudiant durement rĂ©primĂ© de juillet 1999. [âŠ] Lire la suite13-18 juillet 1989 France. Grandioses cĂ©rĂ©monies pour le bicentenaire de la RĂ©volution française Le 13, c'est par une cĂ©lĂ©bration des Droits de l'homme, qui a lieu Ă midi sur le parvis du TrocadĂ©ro Ă Paris, que commencent les festivitĂ©s destinĂ©es Ă marquer le bicentenaire de la RĂ©volution française. Le fait qu'elles coĂŻncident avec le sommet des sept pays industrialisĂ©s et qu'elles rassemblent dans la capitale une trentaine de chefs d'Ătat ou de gouvernement, nĂ©cessitant une logistique et des mesures de sĂ©curitĂ© exceptionnelles, a provoquĂ© un dĂ©but de polĂ©mique. [âŠ] Lire la suite11-20 juillet 1988 GrĂšce. Attaque terroriste contre les passagers du City-of-Poros » Le 13, Ă Beyrouth, une mystĂ©rieuse Organisation des martyrs de la rĂ©volution populaire en Palestine, unitĂ© Abou Jihad, revendique l'attentat. En fait, l'enquĂȘte piĂ©tine et la guerre des polices » grecques ne fait qu'accroĂźtre la confusion. Ainsi, la photo d'une jeune touriste française, Ălisabeth Bismuth, qui se rĂ©vĂ©lera ĂȘtre une des victimes de l'attaque, est diffusĂ©e aux postes frontiĂšres comme Ă©tant celle d'une des terroristes. [âŠ] Lire la suiteRecevez les offres exclusives Universalis
CONSIDĂRATIONSSUR LES PRINCIPAUX ĂVĂNEMENTS DE LA RĂVOLUTION FRANĂOISE Madame de StaĂ«l (Ouvrage posthume) 3 tomes (1818) TABLE DES MATIĂRES. Tome I TABLE DES CHAPITRES CONTENUS DANS LE TOME PREMIER. PREMIĂRE PARTIE. Pages. Chapitre Ier. RĂ©flexions gĂ©nĂ©rales 1 Chap. II. ConsidĂ©rations sur lâhistoire de France 16Que deviendront-ils ? Des Français, des Citoyens français ? ou Resteront-ils des Ă©trangers ?1re partie 1789 - 1793 Cejourdâhui, trente Messidor septiĂšme annĂ©e de la RĂ©publique française, par devant nous, Jean Louis Latois, PrĂ©sident de lâAdministration municipale du Canton dâHauteville, sont comparus dans le local destinĂ© Ă la rĂ©union des Citoyens du chef-lieu dudit canton pour contracter mariage dâune part Joseph France, se disant hongrois et dĂ©serteur Ă©tranger, rĂ©sidant dans le canton dâHauteville depuis 3 ans et actuellement demeurant Ă Landricourt, mĂȘme canton, dĂ©partement de la Marne, ĂągĂ© de 23 ans, fils de Joseph France, chapelier, demeurant Ă Tourne en Hongrie et de Marie Anne Anius ; dâautre part Marie Marguerite Loisy... » Extrait de lâacte de mariage de Joseph France du 18 juillet 1799 Ă Sainte-LiviĂšre Marne [1]. Ce type dâacte Ă©tabli durant la pĂ©riode rĂ©volutionnaire provoque chez celui qui entreprend des recherches plus de questions que de rĂ©ponses et ce dâautant plus que toutes les informations ne reposent que sur de simples dĂ©clarations, donc peu fiables. Ainsi, son Ăąge lors de son mariage, 23 ans, semble pour le moins incertain, car, si lors de la naissance de ses premiers enfants il correspond, Ă partir de 1813 et Ă son dĂ©cĂšs en 1848, il est dĂ©clarĂ© avoir une dizaine dâannĂ©es en plus. Joseph France, nom sans aucun doute francisĂ©, Ă©tait-il, lorsquâil Ă©pouse une Française, encore Hongrois ou dĂ©jĂ Français, comme sa qualitĂ© de dĂ©serteur Ă©tranger pourrait le laisser supposer ? Son Ă©tat de dĂ©serteur Ă©tranger, quand on considĂšre la date tardive du mariage, Ă©tait-il rĂ©el ou seulement mis en avant pour faciliter sa situation en France et par lĂ , son mariage ? Et sâil nâĂ©tait quâun de ses nombreux prisonniers de guerre qui, Ă lâinverse de lâĂ©norme majoritĂ© voulant retourner au pays par quelque moyen que ce soit, dĂ©sirait sincĂšrement rester en France pour sây installer dĂ©finitivement ? Quelle serait alors sa vĂ©ritable situation administrative ? Quand et comment aurait-il acquis la nationalitĂ© française, sâil lâavait obtenue ? Quels Ă©taient ses droits et ses devoirs vis-Ă -vis de sa terre dâaccueil ? Et puis son statut dâ Ă©tranger » fut lâobjet, au cours de la RĂ©volution française, de tellement de lois et dĂ©crets divers et variĂ©s que, lui-mĂȘme, ne savait probablement plus au juste quelle Ă©tait sa vĂ©ritable situation. Le but de cet article est de tenter dâapporter une rĂ©ponse Ă ces questions en dĂ©crivant lâĂ©volution des concepts de citoyennetĂ© et de nationalitĂ© au cours des annĂ©es 1789 â 1803, concepts soumis aux convulsions provoquĂ©es tout Ă la fois par les Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs, la politique intĂ©rieure, la volontĂ© des dirigeants nationaux contrecarrĂ©e parfois par les dĂ©bordements des rĂ©volutionnaires locaux, alĂ©as qui font quâĂ la mĂȘme pĂ©riode, pouvaient ĂȘtre prises des dĂ©cisions contradictoires dans la mesure oĂč, entre la lĂ©gislation nationale et lâinterprĂ©tation qui en Ă©tait faite au niveau local, chacun avait sa propre conception de ce quâaujourdâhui on qualifierait de naturalisation » et voulait, au nom de la LibertĂ©, lâimposer aux autres. Pour ce qui nous intĂ©resse, nous prendrons essentiellement en compte les Ă©trangers nĂ©s hors de France de parents Ă©trangers, câest-Ă -dire aussi bien ceux dĂ©jĂ installĂ©s avant la RĂ©volution, que ceux contraints et forcĂ©s par les combats dây vivre durant la pĂ©riode considĂ©rĂ©e câest-Ă -dire les dĂ©serteurs Ă©trangers et les prisonniers de guerre, pour qui la naturalisation est le seul moyen dâacquĂ©rir la citoyennetĂ© française, mais partiellement aussi ceux qui, par extension, seront dĂ©clarĂ©s Ă©trangers » par le pouvoir du fait de leur attitude face Ă la RĂ©volution et qui, en consĂ©quence, perdront la citoyennetĂ© et se trouveront alors exclus du corps social. Petit rappel historique AssemblĂ©e Nationale Constituante juillet 1789 â octobre 179114 juillet 1789 Prise de la Bastille4 aoĂ»t 1789 Abolition des droits fĂ©odaux26 aoĂ»t 1789 DĂ©claration des Droits de lâHomme3 septembre 1791 Constitution de 1791 AssemblĂ©e LĂ©gislative octobre 1791 â septembre 179222 avril 1792 dĂ©claration de guerre Ă lâEmpire austro-hongrois20 septembre 1792 Bataille de Valmy La Convention Nationale septembre 1792 â octobre 179522 septembre Proclamation de la RĂ©publique21 janvier 1793 ExĂ©cution de Louis XVIAvril 1793 CrĂ©ation du ComitĂ© de Salut Public24 juin 1793 Constitution de 17935 septembre 1793 Instauration de la Terreur22 aoĂ»t 1795 Constitution du 5 Fructidor An 3 Le Directoire octobre 1795 â 9 novembre 1799Deux chambres lĂ©gislatives le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens Le Consulat 10 novembre 1799 â 18 mai 18049 novembre 1799 Coup dâĂtat du 18 Brumaire An 813 dĂ©cembre 1799 Constitution du 22 Frimaire An 818 mars 1803 Code civil du 27 VentĂŽse An 11 Ătranger sous lâAncien RĂ©gime Avant 1789, sous lâAncien RĂ©gime, seul le roi pouvait accorder aux Ă©trangers vivant sur le territoire les aubains » des lettres de naturalitĂ© » faisant dâeux des sujets. Cette naturalisation dĂ©pendait exclusivement de la volontĂ© du souverain qui Ă©tait libre de lâaccorder ou de la refuser. Mais, dans la vie quotidienne, est-ce que les Ă©trangers installĂ©s alors dans le royaume, Ă©prouvaient le dĂ©sir de solliciter cette naturalisation ? Comment Ă©taient-ils perçus par la population avec qui ils vivaient ? Cette lettre de naturalitĂ© leur aurait-elle permis de mieux sâinsĂ©rer dans la sociĂ©tĂ© et leur aurait-elle procurĂ© quelque avantage quâils nâavaient pas en gardant leur statut dâĂ©tranger ? Trois mariages dâĂ©trangers avec une Française contractĂ©s Ă Nogent-sur-Seine dans lâAube avant la RĂ©volution donnent un aperçu de la situation sur le terrain. Dâabord, en 1775, celui de Dominique Nardi avec Marie Anne AugĂ© Le 6 juin 1775. AprĂšs la publication des bans faite aux prĂŽnes des messes de paroisse les 7, 14 et 21 may, sans quâil se soit trouvĂ© un empĂȘchement ou opposition quelconque, les fiançailles cĂ©lĂ©brĂ©es la veille, Dominique Nardi, fils majeur de LĂ©onard Nardi, vigneron Ă Jouviane de la RĂ©publique de Lucques, et de Marie Nicole Brachini, ses pĂšre et mĂšre, dâune part, et Marie Anne AugĂ©, fille mineure de feu Pierre AugĂ©, vivant compagnon de riviĂšre et de Marie Moinat, ses pĂšre et mĂšre, tous deux de fait et de droit de cette paroisse, ont reçu la bĂ©nĂ©diction nuptiale de nous, vicaire soussignĂ©, vu le consentement du pĂšre du contractant, comme il appart par une missive de frĂšre BarthĂ©lĂ©mi de Lucques, gardien des Capucins, en datte du 29 mars, trouvĂ©e dâailleurs suffisante par Monseigneur lâĂ©vĂȘque de Troyes, certains aussi de sa libertĂ© par acte authentique signĂ© Jean Ignace Lippi, vicaire gĂ©nĂ©ral de lâarchevĂȘchĂ© de Lucques, contresignĂ© Jean Baptiste Christe Fani, chancelier dudit archevĂȘchĂ© en datte de 25 mars annĂ©e susdite en prĂ©sence de Jean Eloy Berger, menuisier, de Laurent Beau, boucher, de la mĂšre de la contractante, de Jean Moinat, pĂȘcheur et de Antoine Millet, cordonnier qui ont signĂ©. Les contractants nâont pas signĂ©. » Puis, en 1782, celui de Bernard Barsanti avec Marie Anne Françoise Bussot Le 5 fĂ©vrier 1782, aprĂšs la publication des bans faite aux prĂŽnes des messes paroissiales de cette Ă©glise les 8, 20 et 24 janvier prĂ©sent, sans opposition ny empĂȘchement parvenus Ă notre connaissance, les fiançailles cĂ©lĂ©brĂ©es, Bernard Barsanti, manouvrier, fils majeur du deffunt Michel Barsanti, laboureur Ă Julianne en Italie et de Marie Mathieu Braccini, ses pĂšre et mĂšre, dâune part, et Marie Anne Françoise Bussot, fille mineure de Nicolas Bussot, marinier et de la deffunte Margueritte Oudard, ses pĂšre et mĂšre, dâautre part, tous deux de fait et de droit de cette paroisse, ont reçu de nous, vicaire soussignĂ©, de leur plein et mutuel consentement la bĂ©nĂ©diction nuptiale en prĂ©sence du pĂšre de la consentante, de Pierre JĂ©rĂŽme Banot, oncle de la contractante, de Martin Antoine Paulantru, fabriquant de souliers, de Louis Martin, maçon, de Nicolas François Champenois, boulanger, tous trois amys du contractant qui ont signĂ© avec nous, les contractants ont dĂ©clarĂ© ne savoir signer. » Et enfin, en 1792, celui de Dominique Lucariny avec Victoire Gabrelle 21 aoĂ»t 1792, aprĂšs la publication de promesse de mariage faite aux prĂŽnes des messes paroissiales de cette Ă©glise le 12, 15 et 19 du prĂ©sent mois et an, sans aucun empĂȘchement parvenu Ă notre connaissance, les fiançailles ce jour Ă©tant prĂ©alablement cĂ©lĂ©brĂ©es, Dominique Lucariny, figuriste en plĂątre, fils majeur de Regle Lucariny, laboureur Ă Tereille et de feu Catherine Fontaine, ses pĂšre et mĂšre de la RĂ©publique de Lucque en Toscane, dâune part, et Victoire Gabrelle, fille mineure dâAntoine Gabrelle, manouvrier et de GeneviĂšve Vincent, ses pĂšre et mĂšre en cette paroisse de Nogent-sur-Seine, dâautre part, tous deux de droit de cette mĂȘme paroisse, ont de nous vicaire de ladite paroisse de Nogent, de leur plein et mutuel consentement reçu la bĂ©nĂ©diction nuptiale , du consentement du pĂšre du contractant selon quâil nous appart par lâacte authentique passĂ© Ă lâArchevĂȘchĂ© de Lucques Toscane et en prĂ©sence du pĂšre de la contractante avec nous soussignĂ©, de sa mĂšre qui a dĂ©clarĂ© ne savoir signer, de Jacques Vincent, bourrelier, son oncle, Jean Pierre Herluison, tourneur avec nous de soussignĂ©s et de Bernard Barsautz, manouvrier qui a dĂ©clarĂ© ne savoir signer ainsi que la contractante. Le contractant a signĂ© en italien Domenico Lucarini. » Ces trois actes de mariage peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de la mĂȘme Ă©poque, car celui datĂ© de 1792, bien que pendant la RĂ©volution, est encore Ă©tabli par le curĂ© de la paroisse de Nogent-sur-Seine, le nouveau calendrier et lâĂ©tat civil nâentrant en application que lâannĂ©e suivante et les bouleversements politiques et lĂ©gislatifs Ă Paris ne semblant pas avoir encore eu dâeffet Ă lâĂ©chelon local. De plus, ils sont identiques dans leur dĂ©roulement. Dans deux cas, le mariage est soumis exactement aux mĂȘmes conditions que pour un mariage entre Français issus de paroisses diffĂ©rentes. Le contractant, nĂ© hors de Nogent, est obligĂ© dâobtenir de sa paroisse dâorigine, outre le consentement de son pĂšre, celui des autoritĂ©s ecclĂ©siastiques, ici de Toscane. A aucun moment, il nâest fait allusion Ă sa nationalitĂ© italienne, comme si la nationalitĂ© des deux contractants nâavait aucune influence sur cette union, ainsi que sur leur vie future au sein de la commune. Alors que, comme nous le verrons par la suite, lors de leur mariage, le premier habitait Nogent depuis dĂ©jĂ 7 ans, donc peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme intĂ©grĂ©, le troisiĂšme, au contraire, nây Ă©tait installĂ© que depuis 2 ans, donc encore partiellement Ă©tranger, comme sa signature en italien semble le confirmer. Le cas de Bernard Barsanti est encore plus explicite quant Ă lâindiffĂ©rence concernant son origine Ă©trangĂšre. Bien que nĂ© en Italie, comme les deux autres, le prĂȘtre qui le marie, le considĂšre de fait et de droit de Nogent, câest-Ă -dire comme nĂ© Ă Nogent, nâexigeant mĂȘme pas lâacte de baptĂȘme de son lieu de naissance. Deux raisons probables, la difficultĂ© pour obtenir cet acte, mais certainement prĂ©pondĂ©rant, le fait que lui aussi, rĂ©side Ă Nogent depuis 14 ans, donc y est totalement intĂ©grĂ©. Il semblerait que sous lâAncien RĂ©gime, la notion dâĂ©tranger ne soit nullement prise en compte dans les actes administratifs, seuls sont considĂ©rĂ©s les sujets soumis Ă lâautoritĂ© du roi, sujets ne participant dâaucune maniĂšre Ă lâexercice du pouvoir, dâoĂč lâindiffĂ©rence quant Ă la nationalitĂ©. Ătranger il est, Ă©tranger il restera, et son Ă©pouse ? Elle restera Française puisque, nĂ©e de parents français, elle vit et rĂ©side en France et le nouveau couple continuera Ă vivre comme auparavant, sans guĂšre se soucier de la nationalitĂ© du mari. Et leurs enfants nĂ©s sur le sol français ? Ils seront Français Ă condition de rester dans le royaume, cette derniĂšre condition est et restera obligatoire, respectant en cela lâarrĂȘt du 23 fĂ©vrier 1515 qui introduit le jus soli », = droit du sol. En pratique, personne ne cherche guĂšre Ă connaĂźtre le vĂ©ritable statut juridique des sujets concernĂ©s dans la mesure oĂč la distinction entre naturalitĂ© = Français et extranĂ©itĂ© = Ă©tranger sur le sol français nâa dâimportance que pour des questions de succession. Cette indiffĂ©rence de la part des Ă©trangers mais aussi de lâadministration et des habitants au niveau local envers les dĂ©cisions du pouvoir central les concernant se perpĂ©tuera au dĂ©but de la RĂ©volution, ce qui ne tardera pas Ă poser des problĂšmes. Comment, en quelques annĂ©es, changer des habitudes vieilles de plusieurs siĂšcles ? Pour tenter de contrecarrer ce comportement et afin de garantir que lois et dĂ©crets soient connus de tous, la Convention dĂ©cidera, le 22 novembre 1792, de la formule qui sera employĂ©e Ă lâavenir lors de la promulgation des lois Le conseil exĂ©cutif provisoire mande et ordonne Ă tous les corps administratifs et tribunaux que la prĂ©sente loi, ils fassent consigner dans leurs registres, lire, publier, afficher ⊠» [2], ce dont les diffĂ©rents agents sâexĂ©cuteront consciencieusement en inscrivant en marge de chacune dâelles Lu Ă lâaudience du, ⊠» avec leur signature. Archives de lâAube. Ătranger sous la RĂ©volution Principes gĂ©nĂ©raux La RĂ©volution Française, avec ses idĂ©aux, son Ă©galitarisme et un romantisme quasi sans limite, marque trĂšs rapidement dans ses rapports avec les Ă©trangers une rupture avec lâAncien RĂ©gime. Le pouvoir discrĂ©tionnaire du souverain dâoctroyer la nationalitĂ© ou plutĂŽt la naturalitĂ© » française est aboli pour laisser place Ă un droit de la nationalitĂ© en tant que droit de lâindividu, ancrĂ© dans les constitutions jusquâĂ ce que le Code civil rĂ©tablisse les compĂ©tences de lâĂtat dans ce domaine. DĂšs le dĂ©but, lâaspiration Ă une paix universelle fait accueillir les Ă©trangers de façon trĂšs libĂ©rale. La naturalisation sera mĂȘme attribuĂ©e de plein droit » [3], assujettie certes Ă certaines conditions, mais indĂ©pendamment de toute dĂ©claration et de tout contrĂŽle quâil soit lĂ©gislatif ou exĂ©cutif. Autre Ă©lĂ©ment fondamental le principe du jus soli » valable jusquâĂ la promulgation du Code civil qui veut que tous les individus nĂ©s en France tenaient du seul lieu de leur naissance la qualitĂ© de Français ; pour ĂȘtre Ă©tranger, il fallait tout Ă la fois ⊠ĂȘtre nĂ© en pays Ă©tranger et de parents Ă©trangers ». [4]. Les lois qui se succĂšdent Ă un rythme soutenu durant ses premiĂšres annĂ©es, sont le reflet de la soif dâune nouvelle sociĂ©tĂ© symbolisĂ©e par la devise LibertĂ©, ĂgalitĂ©, FraternitĂ© » qui imprĂšgne, dans un premier temps, toutes les dĂ©cisions concernant lâattribution de la nationalitĂ© française ou plutĂŽt de la citoyennetĂ© française », car inspirĂ©e par la volontĂ© dâintĂ©grer les Ă©trangers au sein mĂȘme de la sociĂ©tĂ© en devenir, elle veut leur faire prendre une part active Ă la vie politique. DualitĂ© entre les deux expressions que Sophie Wahnich explique dans un entretien La notion de nationalitĂ© nâexistait pas au cĆur de la RĂ©volution française. Ni le mot nationalitĂ©, ni le mot citoyennetĂ© nâĂ©taient employĂ©s Ă lâĂ©poque. On utilisait une sĂ©rie dâexpressions telles que le droit du citoyen », parfois les droits du citoyen français », la qualitĂ© » ou encore le titre de citoyen ». Or ce mot de citoyen effaça de fait les distinctions entre lâappartenance lĂ©gale Ă la nation, lâengagement patriotique et lâexercice des droits politiques ». [5] Et ainsi, entre 1789 et 1799, les deux concepts deviennent au fil du temps si intimement liĂ©s que celui de citoyennetĂ© finit par devenir prĂ©dominant et supplante celui de nationalitĂ© ou de naturalitĂ©. Cette notion de citoyennetĂ© matĂ©rialisĂ©e par la possession de droits et devoirs au sein de la communautĂ© politique permet de participer activement Ă son fonctionnement lâindividu est Citoyen dâabord », câest-Ă -dire que câest la reconnaissance de droits politiques qui domine, qui dĂ©termine la qualitĂ© de Français » ainsi se crĂ©e une stricte hiĂ©rarchisation entre citoyennetĂ© et nationalitĂ© qui sâinversera avec le Code civil oĂč câest la nationalitĂ© qui fait dâun individu un Français et qui, subsidiairement et Ă©ventuellement en fait un citoyen » [6]. De façon gĂ©nĂ©rale, entre 1789 et 1799, la qualitĂ© de citoyen français sera accordĂ©e Ă tous ceux, Français de souche ou naturalisĂ©s de quelque maniĂšre que ce soit, qui adhĂšrent aux idĂ©aux du nouveau systĂšme politique Ă la condition quâils Ă©lisent domicile en France et quâils prĂȘtent le serment civique. Reconnus citoyens français, ils deviennent de fait Français. Il y a ainsi affirmation du droit du sol, du jus soli », soit en Ă©tant nĂ©, soit en rĂ©sidant sur le sol français. Toutes les constitutions et les lois successives accordent, certes, selon ces principes la citoyennetĂ© française aux Ă©trangers domiciliĂ©s sur le sol français, mais avec des modalitĂ©s fluctuantes selon la pĂ©riode considĂ©rĂ©e, car deux tendances opposĂ©es ne tarderont pas Ă influer sur la lĂ©gislation. Ainsi, Ă un accueil bienveillant et une intĂ©gration trĂšs facile durant les annĂ©es 1789 - 1792, succĂšdent, dĂšs 1792 - 1793, avec lâentrĂ©e en guerre contre les diffĂ©rentes nations europĂ©ennes, mĂ©fiance et suspicion Ă lâĂ©gard dâĂ©trangers devenus ennemis de la nation française, origine dâune lĂ©gislation de plus en plus restrictive. Cette Ă©volution poussĂ©e Ă son paroxysme introduira une discrimination entre le citoyen », câest-Ă -dire lâindividu qui Ćuvre en faveur de la rĂ©volution et lâ Ă©tranger », câest-Ă -dire celui qui lui tourne le dos et la combat. Est alors Ă©tranger, certes, toujours celui qui, juridiquement, nâest pas français dâorigine ou naturalisĂ©, mais rapidement aussi celui qui est hostile aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, et qui est considĂ©rĂ© comme traĂźtre Ă la nation. Et finalement, se retrouvent par extension sous ce vocable aussi bien les Ă©trangers de lâextĂ©rieur que les Ă©trangers de lâintĂ©rieur, comme les ecclĂ©siastiques rĂ©fractaires, les Ă©migrĂ©s, leurs familles et mĂȘme leurs domestiques. Juridiquement, ils sont considĂ©rĂ©s, du fait de leur hostilitĂ© Ă la RĂ©volution, comme sâĂ©tant dâeux-mĂȘmes exclus de la communautĂ© française et ayant perdu leurs droits Ă la citoyennetĂ©. PremiĂšre tendance accueil libĂ©ral de tous les Ă©trangers 1789 â 1792 Durant ces premiĂšres annĂ©es, lâeuphorie rĂ©volutionnaire imprĂšgne toutes les dĂ©cisions quâelles soient politiques ou sociĂ©tales La RĂ©volution se veut ĂȘtre la base dâune nouvelle sociĂ©tĂ© oĂč lâHomme en est lâĂ©lĂ©ment central grĂące Ă une libertĂ© individuelle et politique quasi illimitĂ©e. Son dĂ©sir dâuniversalisme lui fait accueillir tous les Ă©trangers pour les faire participer Ă cette grande aventure qui doit servir de modĂšle aux autres peuples, afin de propager Ă partir de la France les idĂ©es rĂ©volutionnaires et de montrer comment se dĂ©barrasser de lâancienne distinction en libres et esclaves, la plus barbare et la plus humiliante pour lâespĂšce humaine, diamĂ©tralement contradictoire Ă la signification du mot français, incompatible avec lâĂ©clat de la libertĂ© que les lois attribuent dans le royaume Ă tous ceux qui y habitent, nĂ©s, naturalisĂ©s ou Ă©trangers ». [7] AssemblĂ©e Nationale Constituante La DĂ©claration des Droits de lâHomme et du Citoyen, base de toute lĂ©gislation Lors de la prĂ©sentation du projet, le rapporteur dĂ©clare que lâhomme, nĂ© pour ĂȘtre libre, ne sâest soumis au rĂ©gime dâune sociĂ©tĂ© politique, que pour mettre ses droits naturels sous la protection dâune force commune » [8]. DâoĂč le 26 aoĂ»t 1789, la DĂ©claration des Droits de lâHomme et du Citoyen, proclamĂ©e par les ReprĂ©sentants du Peuple Français, constituĂ©s en AssemblĂ©e Nationale » Article 1 Les hommes naissent et demeurent libres et Ă©gaux en droits. » Article 2 Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de lâHomme. Ces droits sont la libertĂ©, la propriĂ©tĂ©, la sĂ»retĂ© et la rĂ©sistance Ă lâoppression ». Article 3 Le principe de toute SouverainetĂ© rĂ©side essentiellement dans la Nation. » LâAssemblĂ©e Nationale Constituante associe, ainsi, nation et citoyennetĂ© la nation française y apparaĂźt comme lâespace oĂč sâappliquent Ă tous les individus indĂ©pendamment de leurs origines, les droits et libertĂ©s dĂ©finis dans les articles 2 & 3, en particulier les droits politiques Ă travers la reprĂ©sentation des citoyens. Ainsi, tout homme, nĂ© en France ou hors de France mais y rĂ©sidant depuis le 14 juillet 1789, dĂ©but de lâĂšre nouvelle, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme adepte de lâidĂ©ologie rĂ©volutionnaire et devenir citoyen français. Lâenthousiasme et lâĂ©lan patriotique provoquĂ©s par cette DĂ©claration ne tardent pas Ă inspirer poĂštes et chansonniers faisant lâapologie de droits jusque-lĂ inconnus Oui, tous les hommes sont Ă©gaux, Et leurs droits sont les mĂȘmes ; On ne distingue les hĂ©ros QuâĂ leurs vertus suprĂȘmes Mais la loi qui vous pĂšse tous Dans sa juste balance, Mortels, ne doit mettre entre nous Aucune diffĂ©rence. » [9] Cependant, dĂšs le 21 juillet 1789, lors de la prĂ©sentation du projet, est dĂ©jĂ prĂ©vue une diffĂ©renciation entre Citoyens passifs. Citoyens actifs Tous les habitants dâun pays doivent jouir des droits de citoyen passif âŠ, mais tous nâont pas droit Ă prendre une part active dans la formation des pouvoirs publics ; tous ne sont pas citoyens actifs. Les femmes, du moins dans lâĂ©tat actuel, les enfants, les Ă©trangers ⊠ne doivent point influer activement sur la chose publique » [10]. DĂ©cret du 29 septembre 1789 Cette conception de la sĂ©paration entre citoyens actifs et citoyens passifs ne sera pas sans provoquer au sein de la Constituante de violents dĂ©bats. Alors que certains dĂ©putĂ©s, fidĂšles Ă lâesprit de lâArt. 1 de la DĂ©claration des droits de lâhomme Les hommes naissent ⊠égaux en droit », souhaitent accorder le droit de vote Ă tous les citoyens sans exception, la majoritĂ© de la Constituante imposent le 29 septembre 1789, le dĂ©cret sur le marc dâargent », le terme franc Ă©tant aboli au profit de marc qui instaure le systĂšme Ă©lectoral censitaire avec comme corollaire le citoyen actif opposĂ© au citoyen passif et oĂč la citoyennetĂ© est subordonnĂ©e Ă la nationalitĂ© Art. 4, Tous les citoyens actifs, câest-Ă -dire tous ceux qui rĂ©uniront les qualitĂ©s suivantes 1° dâĂȘtre nĂ© Français, ou devenu Français, 2° dâĂȘtre majeur ; 3° dâĂȘtre domiciliĂ© dans le canton au moins depuis un an ; 4° de payer une contribution directe de la valeur locale de trois journĂ©es de travail ; 5° de nâĂȘtre pas alors dans une condition servile, auront droit de se rĂ©unir pour former dans les cantons les assemblĂ©es primaires ». Câest la naissance de lâassociation entre nationalitĂ© et citoyennetĂ© la nationalitĂ© apparaĂźt comme une condition nĂ©cessaire Ă la citoyennetĂ© » [11], cette derniĂšre Ă©tant dĂ©limitĂ©e par un territoire, la France. En consĂ©quence seul le citoyen actif, câest-Ă -dire le Français, dâorigine ou naturalisĂ©, domiciliĂ© dans son lieu de vote depuis au moins un an, payant une contribution directe et nâexerçant pas une profession de servitude telle que domestique, peut ĂȘtre Ă©lecteur et jouir des droits politiques que la RĂ©volution avait, Ă lâorigine, prĂ©vu pour tout homme. Cette conception se justifie, selon certains dĂ©putĂ©s, parce que les serviteurs Ă gages nâont pas une volontĂ© propre, libre et indĂ©pendante, telle quâelle est nĂ©cessaire pour lâexercice du droit de citĂ© » [12]. Face Ă eux, les opposants Ă ce mode dâĂ©lection censitaire instaurant deux catĂ©gories de Français tentent de faire valoir leur point de vue Tout citoyen est actif dans lâĂtat, quand il sâagit de sâoccuper des droits de tous les citoyens », et sur la question de contribution directe la pauvretĂ© est un titre, et quâelle que soit lâimposition, elle doit ĂȘtre suffisante pour exercer les droits du citoyen », dâoĂč leur conclusion Le dĂ©cret sur les qualitĂ©s nĂ©cessaires pour ĂȘtre citoyen actif, Ă©taient trop contraires aux vĂ©ritables principes de la justice et de la reprĂ©sentation, en exigeant un marc dâargent » [13] Mais, finalement, le dĂ©cret du marc dâargent sera votĂ©, et SieyĂšs justifiera cette dĂ©cision en considĂ©rant le vote comme une fonction plus que comme un droit, et que la capacitĂ© Ă©conomique des citoyens justifiait leur capacitĂ© politique. Ainsi, seuls ceux imposables seront appelĂ©s aux urnes, comme les plus aptes Ă remplir leur fonction politique, ceux en situation de dĂ©pendance ne mĂ©ritant pas dâavoir les mĂȘmes droits. Sont directement concernĂ©s les femmes, les enfants, les domestiques et tous les pauvres qui se trouvent ainsi exclus de toute action politique. Loi des 30 avril - 2 mai 1790, premiĂšre loi traitant de la nationalitĂ©. Le premier texte lĂ©gislatif concernant directement les Ă©trangers est la loi des 30 avril â 2 mai 1790 relative aux conditions exigĂ©es des Ă©trangers pour devenir citoyens français ». Le pragmatisme est Ă lâorigine de cette loi, car, comme lâexpose le dĂ©putĂ© Target lors du dĂ©bat Ă la Constituante, beaucoup de villes ont pour habitants des hommes nĂ©s en pays Ă©tranger, mariĂ©s, propriĂ©taires depuis longtemps, ou possesseurs dâĂ©tablissements de commerce ; ils ont occupĂ© des fonctions civiles, ⊠tous ont prĂȘtĂ© le serment civique », en consĂ©quence la Constituante dĂ©cide Tous ceux qui, nĂ©s hors du royaume de parents Ă©trangers, sont Ă©tablis en France, seront rĂ©putĂ©s Français, et admis, en prĂȘtant le serment civique, Ă lâexercice des droits de citoyens actifs aprĂšs 5 ans de domicile continu dans le royaume, sâils ont, en outre, ou acquis des immeubles, ou Ă©pousĂ© une Française, ou formĂ© un Ă©tablissement de commerce, ou reçu, dans quelque ville, des lettres de bourgeoisie = lettres de naturalitĂ© ». Il justifie sa proposition en dĂ©clarant ce sont des amis de plus que vous acquerrez Ă une constitution qui voudrait que rendre tous les hommes heureux » [14]. En les intĂ©grant comme Français, sâils respectent les trois conditions exigĂ©es, la Constituante prend en compte les rĂ©alitĂ©s du terrain et fait dâeux des citoyens Ă part entiĂšre, avec les mĂȘmes droits que les citoyens dâorigine française, en particulier les droits politiques dans la mesure oĂč le serment civique devient une condition Ă la naturalisation. Ainsi, le titre de Français et la qualitĂ© de citoyen se trouvent intimement mĂȘlĂ©s, car cette loi va mĂȘme jusquâĂ faire dâeux des citoyens actifs lorsquâils ont prĂȘtĂ© le serment civique. On leur reconnait le droit de jouer un rĂŽle rĂ©el dans la vie politique Ils peuvent devenir Ă©lecteurs et dĂ©signer les dĂ©putĂ©s sâils paient une contribution directe au moins Ă©gale Ă la valeur de 3 journĂ©es de travail », toujours selon le principe que seule une personne subvenant Ă ses besoins doit pouvoir influencer les dĂ©cisions qui la concernent. Ces dispositions seront reprises dans le titre 1er de la Constitution du 3 septembre 1791. Cette possibilitĂ© de participation active Ă la vie politique sera, Ă maintes reprises, lâobjet dâun long dĂ©bat quant Ă savoir si lâĂ©tranger qui obtenait la qualitĂ© de Français Ă©tait tenu ou pas Ă la prestation du serment civique certains arguant quâavec ou sans prestation de serment, il nâen demeurait pas moins Français par adoption » [15]. Lâacquisition de la citoyennetĂ© française grĂące Ă cette loi ne demande pas le consentement de lâĂ©tranger concernĂ©. Il devient Français de plein droit », câest-Ă -dire automatiquement, sâil remplit les conditions fixĂ©es, en particulier les 5 annĂ©es de rĂ©sidence. Il est difficile de savoir comment cette loi fut appliquĂ©e, car aucun document de cette Ă©poque ne fait Ă©tat de lâacquisition de la citoyennetĂ© par un Ă©tranger de cette maniĂšre. Et si elle le fut, il semblerait que nombre de ceux qui en furent les bĂ©nĂ©ficiaires nâen fussent nullement informĂ©s ainsi que les autoritĂ©s de leur lieu de rĂ©sidence, Ă moins quâils aient, eux-mĂȘmes, nĂ©gligĂ© de faire valoir leur droit Ă la citoyennetĂ© comme, probablement, ces deux Ă©trangers vus lors de leur mariage sous lâAncien RĂ©gime rĂ©sidant Ă Nogent-sur-Seine depuis de nombreuses annĂ©es et rĂ©pondant aux critĂšres demandĂ©s. DĂ©cret du 6 aoĂ»t 1790 Dans son dĂ©sir dâĂ©galitĂ© entre tous les citoyens français, indiffĂ©remment de leur origine, la Constituante dĂ©cide logiquement lâabolition des droits dâaubaine qui faisait du roi lâhĂ©ritier des biens des Ă©trangers. Au nom de cette grande maxime que la libertĂ© procure Les hommes forment une mĂȘme famille rĂ©pandue sur la surface de la terre », elle propose sous lâimpulsion du dĂ©putĂ© BarrĂšre Que tout Ă©tranger vienne chercher en France une patrie ; quâil puisse y sĂ©journer, sans crainte de voir ses hĂ©ritiers lĂ©gitimes, frustrĂ©s dâun bien qui doit naturellement leur appartenir ; quâil y jouisse de la libertĂ© pendant sa vie, et ses enfants de sa bienfaisance aprĂšs sa mort. » Et ainsi, ultime rupture avec lâAncien rĂ©gime, lâAssemblĂ©e nationale abolit, le 6 aoĂ»t 1790, le droit dâaubaine et de dĂ©traction » un dixiĂšme de lâhĂ©ritage retenu mettant en avant que ce droit, Ă©tabli dans les temps barbares, doit ĂȘtre proscrit chez un peuple, qui a fondĂ© sa constitution sur les droits de lâhomme et du citoyen, et que la France libre doit ouvrir son sein Ă tous les peuples de la terre, en les invitant Ă jouir, sous un gouvernement libre, des droits sacrĂ©s et inviolables de lâhumanitĂ© », cette mesure accordant aux Ă©trangers la libertĂ© la plus complĂšte » [16]. Les Ă©trangers installĂ©s en France et ayant prĂȘtĂ© le serment civique disposent maintenant de droits identiques Ă ceux des Français dâorigine. Loi des 9 â 15 dĂ©cembre 1790 Nouvelle Ă©tape vers plus dâuniversalitĂ© Voulant appliquer Ă chacun sans aucune distinction âhormis envers les Ă©migrĂ©s et autres renĂ©gats- les droits accordĂ©s par la RĂ©volution, la Constituante va Ă©tendre par la loi des 9 â 15 dĂ©cembre 1790 article 22 la possibilitĂ© dâintĂ©gration des Ă©trangers aux naturels français » [17], descendants des religionnaires expatriĂ©s, câest-Ă -dire les descendants de Français qui ont dĂ» quitter le royaume pour des questions religieuses, en particulier les protestants aprĂšs la rĂ©vocation de lâĂdit de Nantes. Pour recouvrer la nationalitĂ© de leurs ancĂȘtres, ils seront cependant soumis aux mĂȘmes obligations que celles imposĂ©es aux autres Ă©trangers fixation du domicile en France et prestation du serment civique. Câest dans cette ambiance de gĂ©nĂ©rositĂ© et de fraternitĂ© envers tous les individus, mais surtout pour marquer la volontĂ© de rupture avec lâAncien RĂ©gime, quâest discutĂ©e Ă lâAssemblĂ©e la Constitution de 1791. Constitution du 3 septembre 1791 La Constitution du 3 septembre 1791 reprend en grande partie dans son titre II les dispositifs des lois prĂ©cĂ©dentes et les complĂšte. Sont citoyens français Art. 2- Ceux qui sont nĂ©s en France dâun pĂšre français. Ceux qui, nĂ©s en France dâun pĂšre Ă©tranger, ont fixĂ© leur rĂ©sidence dans le Royaume. Ceux qui, nĂ©s en pays Ă©tranger dâun pĂšre français, sont venus sâĂ©tablir en France et ont prĂȘtĂ© le serment civique. Enfin ceux qui, nĂ©s en pays Ă©tranger, et descendant, Ă quelque degrĂ© que ce soit, dâun Français expatriĂ© pour cause de religion, viennent demeurer en France et prĂȘtent le serment civique. Art. 3 - Ceux, qui, nĂ©s hors du royaume, de parents Ă©trangers, rĂ©sident en France, deviennent citoyens français aprĂšs cinq annĂ©es de domicile continu dans le royaume, sâils y ont, en outre, acquis des immeubles ou Ă©pousĂ© une Française, ou formĂ© un Ă©tablissement dâagriculture ou de commerce, et sâils ont prĂȘtĂ© le serment civique. Art. 4- Le pouvoir lĂ©gislatif pourra, pour des considĂ©rations importantes, donner Ă un Ă©tranger un acte de naturalisation, sans autres conditions que de fixer son domicile en France, et dây prĂȘter serment civique. Art. 5- Je jure dâĂȘtre fidĂšle Ă la Nation, Ă la loi et au roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution du Royaume, dĂ©crĂ©tĂ©e par lâAssemblĂ©e nationale constituante aux annĂ©es 1789, 1790 et 1791. Art. 6-La qualitĂ© de citoyen français se perd entre autre 1. Par la naturalisation en pays Ă©tranger. 2. Par la condamnation aux peines qui emportent la dĂ©gradation civique, tant que le condamnĂ© nâest pas rĂ©habilitĂ©. ⊠Concernant la citoyennetĂ© française, lâAssemblĂ©e constituante adopte une position plus libĂ©rale encore que dans la loi de 1790 et offre aux Ă©trangers relativement facilement la possibilitĂ© de devenir citoyen et par contrecoup Français. Elle donne la primautĂ© au droit du sol, jus soli », avec cependant une exception ceux nĂ©s en pays Ă©tranger dâun Français expatriĂ©, il y a pour eux, la reconnaissance du droit du sang, jus sanguinis ». La citoyennetĂ© reste toujours de plein droit, sans que le pouvoir exĂ©cutif ou lĂ©gislatif nâait Ă intervenir, sous rĂ©serve toutefois de prĂȘter le serment civique. Cette derniĂšre obligation a une double valeur elle suppose par ce serment la dĂ©marche volontaire de lâĂ©tranger de manifester son intention de devenir citoyen français, mais surtout elle est la preuve de son engagement en faveur de la RĂ©volution. Par cette obligation, lâacquisition de la citoyennetĂ© française nâest plus automatique comme auparavant. A noter que dans lâArt. 4, le pouvoir lĂ©gislatif se rĂ©serve le droit dâaccorder la naturalisation Ă un Ă©tranger pour des considĂ©rations importantes » sâil fixe son domicile en France et prĂȘte le serment civique. Ici, la naturalisation est liĂ©e, de maniĂšre indubitable, Ă la rĂ©sidence, mais surtout au serment civique ! Les considĂ©rations importantes ne sont pas dĂ©finies, mais laissent supposer des manifestations dâapprobation et dâadhĂ©sion Ă la RĂ©volution. Cet article trouvera sa concrĂ©tisation avec la loi du 25 aoĂ»t 1792 qui, comme nous le verrons, permettra dâaccorder la citoyennetĂ© française Ă des intellectuels Ă©trangers. Lâapplication de lâarticle 5 concernant le serment civique fut lâobjet dâobjections de la part de dĂ©putĂ©s quant Ă lâĂ©tendue de son interprĂ©tation Le serment civique est la base du dĂ©cret qui en fait, en quelque sorte, la pierre de touche Ă laquelle on doit reconnaĂźtre ⊠les citoyens sincĂšrement attachĂ©s Ă la Constitution, mais cette mĂȘme Constitution, qui assure protection Ă tous les citoyens, ne le prescrit nulle part impĂ©rieusement, si ce nâest aux Ă©trangers qui veulent devenir Français ; son dĂ©faut nâest point au nombre des conditions qui, art. 6 titre 1er, font perdre la qualitĂ© de citoyen français. Il est seulement exigĂ© pour exercer les droits de citoyen actif » [18], nouvelle preuve que, pour les Ă©trangers, citoyennetĂ© et nationalitĂ© se trouvent liĂ©es, avec comme consĂ©quence que lâĂ©tranger, astreint au serment civique, devient automatiquement citoyen français dĂ©tenteur de droits politiques. MalgrĂ© tout, une nouvelle divergence dâinterprĂ©tation voit le jour. Câest, par exemple, Daniel de Folleville qui, dans son traitĂ© sur la naturalisation, dĂ©clare La naturalisation rĂ©sultait ipso facto du concours des conditions exigĂ©es indĂ©pendamment de toute manifestation de volontĂ© de la part des intĂ©ressĂ©s », [19] donc du serment civique, mais, dans ce cas, toujours selon lui, lâĂ©tranger naturalisĂ© ne serait pas reconnu comme citoyen français, mais comme Français par adoption » sans droits politiques. A lâinverse, tous les Français qui se sont coupĂ©s de la nation, câest-Ă -dire en particulier les Ă©migrĂ©s, les ecclĂ©siastiques rĂ©fractaires, perdent leur qualitĂ© de citoyens français, mais comme les dĂ©putĂ©s Moreau et Roederer le rĂ©pĂštent Ă plusieurs reprises lors de la discussion de lâarticle 6 Une personne peut encourir les peines de dĂ©gradation civique, et pour cela, ne pas cesser dâĂȘtre citoyen français. Il sic perd bien le droit de citoyen, mais il est toujours Français. ⊠On peut interdire la condition de citoyen français actif, mais on ne peut pas rayer de la liste des citoyens non actifs », Il est toujours Français ! » [20]. En consĂ©quence, sont citoyens français dotĂ©s de droits politiques tous ceux qui, nonobstant leur origine, manifestent par le serment civique leur attachement aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, les autres Ă©tant considĂ©rĂ©s comme des Français non actifs », sans droits politiques, car Ă©trangers Ă la RĂ©volution. Devenir Citoyen français en 1791 Seconde tendance suspicion et mĂ©fiance 1792 - 1793, annĂ©es charniĂšres LâannĂ©e 1792 marqua le dĂ©but de la campagne militaire contre les troupes austro-prussiennes avec comme fait marquant la Bataille de Valmy le 21 septembre 1791. A lâinverse, lâannĂ©e 1793 fut une annĂ©e terrible. La France semblait perdue elle nâavait plus dâarmĂ©es, elle nâavait plus ni fusils ni canons, elle nâavait plus de poudre. Les armĂ©es ennemies avaient franchi toutes les frontiĂšres et envahissaient le pays. En politique intĂ©rieure, lâAssemblĂ©e Nationale Constituante fit place le 1 octobre 1791 Ă lâAssemblĂ©e LĂ©gislative qui, elle-mĂȘme, sera remplacĂ©e de 20 septembre 1792 par la Convention, assemblĂ©e dans laquelle les deux groupes politiques principaux, les Montagnards et les Girondins, tenteront dâimposer leur propre conception des destinĂ©es de la Nation, dâoĂč des affrontements de plus en plus violents qui aboutiront, sous lâinfluence de Saint-Just et de Robespierre, Ă lâinstauration de la Terreur le 5 septembre 1793. Les premiers concernĂ©s par tous ces bouleversements seront les Ă©trangers. DĂšs 1793 apparaitront deux courants opposĂ©s quant Ă lâaccueil qui leur sera fait. Si, au dĂ©but, ils sont toujours accueillis sur le sol français de maniĂšre trĂšs bienveillante, voire mĂȘme avec enthousiasme, en particulier ceux qui ont dĂ©sertĂ© des troupes ennemis et qui vont devenir les dĂ©serteurs Ă©trangers Ă Valmy », avec les revers militaires, la volontĂ© dâuniversalisme fera progressivement place Ă une hostilitĂ© envers eux qui va trouver son expression dans une lĂ©gislation de plus en plus restrictive. LâAssemblĂ©e lĂ©gislative Au dĂ©but de cette annĂ©e 1792, lâAssemblĂ©e lĂ©gislative continuant la politique de la Constituante, manifeste toujours autant de gĂ©nĂ©rositĂ© et de bienveillance envers les Ă©trangers arrivant sur le territoire alors que, parallĂšlement, va progressivement sâinstaller un systĂšme inquisitoire avec la crĂ©ation du certificat de civisme, indispensable sĂ©same prĂ©alable Ă toute activitĂ©. Le but de ce certificat est dâexercer un contrĂŽle sur chacun, Ă©tranger ou citoyen et avant tout de surveiller son patriotisme. Car, ce document sera Ă lâorigine dâune vĂ©ritable mise en fiche de toute la population avec des consĂ©quences dâune importance vitale pour celui qui se le verra refuser ou ĂŽter. Chacun essaiera dâobtenir le plus rapidement possible ce document. A titre dâexemple, le 2 dĂ©cembre 1792, Louis François Clopin, notaire Ă Chesley dans lâAube, sollicite auprĂšs de la municipalitĂ© ce fameux certificat Nous, maire, officiers municipaux, notables et procureur de la commune de Chesley, chef-lieu de ce canton, certifions que le citoyen Louis François Clopin, notaire demeurant Ă Chesley, a toujours et dans tous les temps et dĂšs le commencement de la RĂ©volution française prouvĂ© et dĂ©montrĂ© publiquement partout oĂč il sâest trouvĂ© un civisme, un patriotisme incontestable, en foy de quoy nous luy avons donnĂ© le prĂ©sent certificat aprĂšs avoir entendu le rĂ©quisitoire du procureur de la commune ». Muni de ce certificat, il pourra continuer Ă vaquer Ă ses activitĂ©s habituelles. Pour les Ă©trangers, essentiellement ceux qui dĂ©sertent les troupes ennemies pour rejoindre les combattants français, la situation est encore pleine de promesses. Tout est fait pour quâils trouvent sur leur nouvelle terre dâaccueil des conditions de vie opposĂ©es Ă celles quâils avaient connues jusque-lĂ [21]. DâoĂč toute une sĂ©rie de lois en leur faveur. Loi du 3 aoĂ»t 1792 La loi relative aux Sous-officiers et Soldats des armĂ©es ennemies qui abandonneraient leurs drapeaux pour venir se ranger sous ceux des François » concerne tous ceux qui, par la suite, seront dĂ©signĂ©s par lâexpression DĂ©serteurs Ă©trangers », et le 27 aoĂ»t 1792, cette loi est Ă©tendue aux officiers ⊠qui embrassent la cause de la libertĂ© ». Ainsi, tous les combattants ennemis dĂ©serteurs, quel que soit leur grade, bĂ©nĂ©ficient dâavantages rĂ©compensant leur acte. Ces lois sont un vĂ©ritable manifeste en faveur de la dĂ©sertion. Elles ont en premier lieu un but militaire faire tout ce qui tend au succĂšs des armes de la nation Françoise et au triomphe de la cause de la libertĂ© » et ne nĂ©gliger aucun moyen de terminer une guerre que la nation Françoise nâa entreprise que pour dĂ©fendre la Constitution et son indĂ©pendance », ce qui impliquait que lâAssemblĂ©e Nationale considĂ©rant que les hommes libres ont seuls une patrie ; que celui qui abandonne une terre asservie pour se rĂ©fugier sur celle de la libertĂ©, ne fait quâuser dâun droit lĂ©gitime » et quâen consĂ©quence la nation Française nâen doit pas moins, ne fĂ»t-ce quâĂ titre dâindemnitĂ©, des marques de reconnaissances et de son intĂ©rĂȘt aux guerriers Ă©trangers qui viennent se ranger sous les drapeaux, ou qui abandonnent ceux de ses ennemis pour nâĂȘtre pas forcĂ©s Ă tourner leurs armes contre un peuple dont tous les vĆux et tous les principes appellent la paix universelle et le bonheur de tous les hommes ». A ce prĂ©ambule plein dâenthousiasme et de pathos dans lequel la dĂ©sertion est uniquement considĂ©rĂ©e comme un acte volontaire, suivent des mesures concrĂštes explicitant la maniĂšre dont ces Ă©trangers doivent ĂȘtre accueillis Si lâArticle premier est politique Les sous-officiers et soldats des armĂ©es ennemies qui, jaloux de vivre sur la terre de la libertĂ© & de lâĂ©galitĂ©, abandonneront les drapeaux dâune puissance en guerre avec la France, & se prĂ©senteront soit Ă un poste militaire, soit Ă une des autoritĂ©s constituĂ©es, soit Ă un citoyen François, seront accueillis avec amitiĂ©s & fraternitĂ©, & recevront dâabord comme signe dâadoption une cocarde aux trois couleurs », les articles suivant sont par contre trĂšs concrets ⊠aprĂšs avoir fait la dĂ©claration de vouloir embrasser la cause de la libertĂ©, ils recevront Ă titre dâindemnitĂ© des sacrifices quâils auront pu faire, un brevet de pension viagĂšre âŠ. ; ils seront en outre admis Ă prĂȘter le serment civique, & il leur sera dĂ©livrĂ© une expĂ©dition du procĂšs-verbal de la prestation de leur serment ». Ces combattants dĂ©serteurs qui abandonnent les armĂ©es ennemies et qui font la dĂ©claration dâembrasser la cause de la libertĂ© », donc supposĂ©s adhĂ©rer aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, reçoivent la cocarde aux trois couleurs » et sont admis Ă prĂȘter le serment civique ». Selon ce processus, ils deviennent de fait citoyens, mais sont-ils Français ? Je crois quâĂ cette question, nous pouvons rĂ©pondre par lâaffirmative bien que nous ne disposions dâaucun document qui indiquent de maniĂšre indubitable leur nationalitĂ©. La naturalisation reste certes toujours subordonnĂ©e Ă 5 ans de rĂ©sidence continue sur le territoire, mais dĂšs le 25 aoĂ»t, ils bĂ©nĂ©ficieront des mesures de la nouvelle loi servir la cause de la libertĂ© ». De plus, comme nous le verrons par la suite, lâattitude des autoritĂ©s Ă leur Ă©gard indique quâils sont reconnus comme tels une premiĂšre fois, lorsque les ComitĂ©s de salut public convoquent tous les Ă©trangers, eux restent Ă lâĂ©cart et une seconde fois, lorsque les SociĂ©tĂ©s Populaires tentent vainement de leur interdire le port de la cocarde pour ne plus voir en eux que des Ă©trangers prisonniers de guerre. Français certes, mais Français jouissant dâun statut particulier, car, lorsquâils seront chassĂ©s des armĂ©es pour ĂȘtre rĂ©partis dans les communes le 12 Frimaire An 2 2 dĂ©cembre 1793, ils seront contraints bien que toujours coiffĂ©s de la cocarde tricolore, de porter comme signe distinctif la lettre E » façonnĂ©e en drap dâune couleur tranchante avec celle de lâhabit, et cousue sur les deux bras » de leur veste afin de pouvoir ĂȘtre surveillĂ©s avec plus de sĂ©vĂ©ritĂ© ». Les actes administratifs mentionneront certes comme origine dĂ©serteur Ă©tranger » mais feront frĂ©quemment abstraction de leur nationalitĂ© au moment de leur dĂ©sertion. Si pour les dĂ©serteurs-citoyens, lâattribution de la cocarde aux trois couleurs » a valeur de laisser-passer qui leur donne la libertĂ© de circulation, elle a, pour les autoritĂ©s, une importance prĂ©pondĂ©rante. Elle est le symbole dâun engagement politique et constitue le signe extĂ©rieur de ralliement Ă la RĂ©volution française. Ainsi, la cocarde permet de diffĂ©rencier le citoyen français, indiffĂ©remment de son origine, favorable aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, le bon citoyen aux yeux des autoritĂ©s, de lâĂ©tranger Ă la RĂ©volution, voire de son ennemi, qui, lui, refuse le port la cocarde tricolore. A lâinverse, interdire le port de la cocarde Ă un individu, lui ĂŽte du mĂȘme coup la qualitĂ© de citoyen. ConsĂ©quence logique de cette volontĂ© de diffĂ©renciation le 8 juillet 1792, son port est rendu obligatoire pour les hommes, et le 21 septembre 1793, pour les femmes. Le refus de la porter rend suspect, chaque commune prouvant son ardeur rĂ©volutionnaire en appliquant ces mesures avec beaucoup de zĂšle, comme par exemple, le ComitĂ© de Salut Public de Nogent-sur-Seine qui, le 14 NivĂŽse An 2 3 janvier 1794 dĂ©cide Le ComitĂ© rĂ©volutionnaire de Nogent-sur-Seine prĂ©vient que les femmes qui seront trouvĂ©es dans les rues sans ĂȘtre dĂ©corĂ©es de la cocarde tricolore seront punies de huit jours dâemprisonnement conformĂ©ment Ă la Loi du 21 septembre dernier dont lâexĂ©cution est recommandĂ©e aux portes de la maison commune » [22]. Loi du 25 aoĂ»t 1792 Lâesprit qui inspire cette loi, explicite en fait lâacquisition de la citoyennetĂ© prĂ©vue par la Constitution de 1791. Toujours empreinte du mĂȘme dĂ©sir dâaccueillir tous ceux qui sont supposĂ©s favorables aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, la pĂ©tition lue la veille par Marie-Joseph ChĂ©nier devant la Convention en rĂ©sume lâobjectif Tous ceux qui, dans les diverses contrĂ©es du monde, ont mĂ»ri la raison humaine et prĂ©parĂ© les voies de la libertĂ©, doivent ĂȘtre regardĂ©s comme les alliĂ©s du peuple français » [23]. Le 25 AoĂ»t 1792, la Loi qui confĂšre le titre de Citoyen Français Ă plusieurs Ă©trangers » concrĂ©tise lâarticle 4 du titre II de la Constitution du 3 septembre 1791 concernant lâattribution de la qualitĂ© de citoyen français Ă des Ă©trangers pour des considĂ©rations importantes » LâAssemblĂ©e Nationale, considĂ©rant que des hommes qui, par leurs Ă©crits & par leur courage, ont servi la cause de la libertĂ©, & prĂ©parĂ© lâaffranchissement des peuples, ne peuvent ĂȘtre regardĂ©s comme Ă©trangers par une Nation que ses lumiĂšres & son courage ont rendue libre. ConsidĂ©rant que, si cinq ans de domicile en France, suffisent pour obtenir Ă un Ă©tranger le titre de citoyen français, ce titre est bien plus justement dĂ» Ă ceux qui, quel que soit le sol quâils habitent, ont consacrĂ© leurs bras & leurs veilles Ă dĂ©fendre la cause des peuples contre le despotisme des rois, Ă bannir les prĂ©jugĂ©s de la terre, & Ă reculer les bornes des connaissances humaines. ⊠ConsidĂ©rant enfin quâau moment oĂč une convention nationale va fixer les destinĂ©es de la France & prĂ©parer peut ĂȘtre celle du genre humain, il appartient Ă un peuple gĂ©nĂ©reux & libre, dâappeler toutes les lumiĂšres & de dĂ©fĂ©rer le droit de concourir Ă ce grand acte de raison, Ă des hommes qui par leurs sentiments, leurs Ă©crits & leur courage sâen sont montrĂ©s si Ă©minemment dignes ». Dans sa thĂšse GenĂšse du code de la nationalitĂ© française », Pierre BertĂ© considĂšre cette loi comme lâouverture de la nationalitĂ© française et de la citoyennetĂ© française aux personnes prĂ©sumĂ©es favorables Ă la RĂ©volution » [24]. Mais, cette mesure ne sera pas sans provoquer des oppositions au sein de la Convention Je ne mâoppose point, a dit M. Lasource, dĂ©putĂ© Ă ce que le titre de citoyen soit accordĂ© aux Ă©trangers qui ont dĂ©fendu par leurs Ă©crits la cause de la libertĂ© mais je mâoppose Ă ce quâon le leur accorde avant quâils le demandent » [25]. Car, cette dĂ©cision de confĂ©rer solennellement la citoyennetĂ© française Ă dâillustres personnages Ă©trangers sâadresse Ă des individus qui pour certains ignorent tout de la langue et des mĆurs françaises et consĂ©quemment, effet imprĂ©vu par ses auteurs, cette loi permet selon Jean Bart la dualitĂ© ĂȘtre Ă la fois Ă©tranger et citoyen » [26], car ce titre nâest assujetti Ă aucune des obligations habituelles rĂ©sider en France et y prĂȘter le serment civique. Pour Patrick Weil, ce qui leur est attribuĂ©, câest une citoyennetĂ© dâhonneur » [27], lâacte de naturalisation ne prenant effet quâavec leur installation en France et la prestation du serment civique. Pour lire la suite... CetterĂ©flexion concise mais riche le conduit en conclusion Ă un certain nombres de considĂ©rations sur la RĂ©volution Ă venir. Ce document de lâINA (9â43) est Ă Ă©couter mais aussi Ă regarder et voir car car les images de Pierre Gaxotte sont sont rares) Sur le fond, on le sent convaincu que nos souverains ont Ă©tĂ© au sens vrai du terme des rois de progrĂšs. academie Pour que le complotisme se hausse Ă une vision globale de lâHistoire, il fallait que se produise un grand bouleversement qui paraisse inexplicable. Telle est la RĂ©volution française un Ă©vĂ©nement qui en moins de trois ans balaie la plus ancienne monarchie dâEurope, dont personne nâarrive Ă freiner le cours ni Ă stopper la radicalisation, qui voit la France, rĂ©duite Ă ses seules forces, parvenir Ă tenir tĂȘte aux coalitions europĂ©ennes, et bouleverse finalement presque toute lâEurope continentale. Comment rendre compte de cet Ă©vĂ©nement â de cette catastrophe, pensent les hommes qui lui sont hostiles ? Joseph de Maistre, dans ses ConsidĂ©rations sur la France 1796, estime que lâaction de Dieu est derriĂšre tout cela la France Ă©tait selon lui le pays le plus influent de la chrĂ©tientĂ©, elle a dĂ©moralisĂ© » lâEurope en diffusant les LumiĂšres, elle est donc punie afin quâelle retrouve le chemin du catholicisme. LâabbĂ© Barruel est un jĂ©suite. Il a connu en mars 1764 lâexpulsion des jĂ©suites dĂ©cidĂ©e par Louis XV, et la suppression de lâordre en 1773 par le pape ClĂ©ment XIV. Ă lâĂ©tĂ© 1774, il est devenu prĂ©cepteur des princes saxons. CultivĂ©, il aime la littĂ©rature, mais la RĂ©volution, dont il suit les dĂ©buts en France, lui permet de dĂ©velopper sa vĂ©ritable vocation de polĂ©miste. Comme une grande moitiĂ© des catholiques, il refuse la Constitution civile du clergĂ©, puis quitte la France lorsque la monarchie sâeffondre, le 10 aoĂ»t 1792, et se rĂ©fugie en Angleterre. Ă partir de 1798, il fait paraĂźtre ses MĂ©moires pour servir Ă lâhistoire du jacobinisme 5 volumes et deux volumes abrĂ©gĂ©s, 1798-1799 prĂ©sentant la rĂ©volution comme le rĂ©sultat dâun complot maçonnique, idĂ©e qui avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par lâĂcossais John Rodison en 1797. La conspiration », pour reprendre le terme quâil utilise, a dâabord Ă©tĂ© celle de Voltaire, Diderot, dâAlembert et FrĂ©dĂ©ric II. Puis elle a gagnĂ© les milieux de la franc-maçonnerie qui sâest dĂ©veloppĂ©e au XVIIIe siĂšcle par le biais des Illuminati » de BaviĂšre. Elle vise Ă supprimer le christianisme et la royautĂ©, pour aboutir au triomphe des idĂ©es cosmopolites des LumiĂšres. Mais qui sont les fameux Illuminati ? Il sâagit dâun ordre, dâune sociĂ©tĂ© secrĂšte diffusant les idĂ©es radicales des LumiĂšres dâoĂč son nom fondĂ©e par le professeur de droit Adam Weishaupt 1748-1830. En 1776, il ne sâagit encore que dâun regroupement de ses anciens Ă©lĂšves. Mais des relations maçonniques de Weishaupt le structurent en un vĂ©ritable ordre qui est reconnu en 1782 par la franc-maçonnerie. Il sâĂ©tend jusquâĂ compter environ 300 membres. En 1785, lâordre est interdit par les autoritĂ©s bavaroises, en mĂȘme temps que lâensemble de la franc-maçonnerie est rĂ©primĂ© en BaviĂšre, et Wesphaupt doit passer en Saxe. Pour Barruel, lâhistoire des Illuminati ne sâarrĂȘte pas en 1785. Ils subvertissent et dominent lâensemble de la franc-maçonnerie, engendrant les Jacobins. Mirabeau et La Fayette, ne sont que leurs instruments⊠LâĆuvre de Barruel nous permet de saisir quelques-uns des traits du complotisme le complotisme part souvent de faits rĂ©els, de constats de dĂ©tail. Mais il en grossit dĂ©mesurĂ©ment la portĂ©e. Il existe bien dans la sociĂ©tĂ© prĂ©-rĂ©volutionnaire, des rĂ©seaux, des sociĂ©tĂ©s parfois secrĂštes, des clubs, qui crĂ©ent des solidaritĂ©s et qui diffusent une idĂ©ologie. La franc-maçonnerie, comme les AcadĂ©mies de province, tout ce que lâon appelle depuis Augustin Cochin les sociĂ©tĂ©s de pensĂ©e », ont bien Ă©tĂ© des lieux de diffusion des idĂ©es des LumiĂšres. Depuis les travaux de Daniel Mornet dans lâentre-deux-guerres, lâhistoire culturelle a Ă©tĂ© trĂšs attentive aux canaux de diffusion des idĂ©es nouvelles non seulement dans les Ă©lites, mais dans des secteurs plus larges de lâopinion Roger Chartier. Chaque fois que la pensĂ©e complotiste dĂ©couvre un lieu oĂč sâĂ©change des idĂ©es, et oĂč des membres de lâĂ©lite politique, administrative ou culturelle se retrouvent, elle en dĂ©duit lâexistence dâun complot. Quand lâabbĂ© Barruel lit une lettre de Voltaire Ă dâAlembert 1761 dans laquelle le philosophe souhaite que FrĂ©dĂ©ric II protĂšge une petite colonie de philosophes qui sâinstalleraient Ă ClĂšves pour y Ă©crire Ă lâabri de toute censure, il y voit les dĂ©buts de la conspiration rĂ©volutionnaire. Chaque citation est interprĂ©tĂ©e comme un indice rĂ©vĂ©lant une rĂ©alitĂ© volontairement dissimulĂ©e. Et cela dâautant plus que les circonstances ne pĂšsent rien, car lâHistoire est toute entiĂšre dĂ©terminĂ©e par lâaction de groupes organisĂ©s. On peut citer la prĂ©face du premier volume des MĂ©moires Dans cette RĂ©volution française, tout jusquâĂ ses forfaits les plus Ă©pouvantables, tout a Ă©tĂ© prĂ©vu, mĂ©ditĂ©, combinĂ©, rĂ©solu, statuĂ© ; tout a Ă©tĂ© lâeffet de la plus profonde scĂ©lĂ©ratesse, puisque tout a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©, amenĂ© par des hommes qui avaient seul le fil des conspirations longtemps ourdies dans des sociĂ©tĂ©s secrĂštes, et qui ont su choisir et hĂąter les moments propices au complot. » p. XIV. Certes, lâhistoire de la franc-maçonnerie est bien celle dâune sociĂ©tĂ© qui a eu de lâinfluence, qui regroupait des opposants au rĂ©gime en place, puis, sous la TroisiĂšme RĂ©publique, dâune structure de concertation des rĂ©publicains surtout radicaux tant quâil nây a pas eu de partis politiques vraiment structurĂ©s ils apparaissent en France avec la loi de 1901 ; la maçonnerie fonctionne comme une sorte de lobby » laĂŻque parmi dâautres Ă partir des annĂ©es 1870, constat que lâon peut aisĂ©ment documenter. La spĂ©cificitĂ© du complotisme consiste Ă lui accorder une homogĂ©nĂ©itĂ© et une organisation parfaite autour dâun projet stratĂ©gique ultra-dĂ©terminĂ©, ainsi quâune toute-puissance absolue. Ă sa place dans lâhistoire de la sociabilitĂ© politique et dâune histoire de lâopinion, la franc-maçonnerie offre un piĂštre Deus ex machina de lâHistoire. Le dĂ©voilement dâune histoire secrĂšte fascine, et il est bien utile Ă lâĂ©conomie Interne du complotisme la disparition des Illuminati en 1785 en fait un acteur fantasmatique idĂ©al. Et dans ce fantasme, se mĂȘlent intimement rĂ©alitĂ© et fiction. Le romancier Dan Brown fait ainsi paraĂźtre en 2000 Anges et DĂ©mons, et contribue puissamment au retour » des Illuminati, qui cette fois veulent faire sauter le Vatican. ParallĂšlement, les Illuminati sont devenus sur Internet les acteurs non plus de la RĂ©volution, mais de la mondialisation, autre phĂ©nomĂšne bouleversant le monde que nous connaissons et dont lâexplication est longue et complexeâŠ
Considérationssur les principaux événements de la Révolution Française: ouvrage posthume, Volume 2. Madame de Staël. Delaunay, 1818 - 732 pages. 0 Reviews . Preview this book » What people are saying - Write a review. We haven't found any reviews in the usual places. Selected pages. Title Page. Table of Contents. Contents