FortementmarquĂ© par la RĂ©volution française et son impact fantasmĂ© sur les autres nations europĂ©ennes et internationales, Fichte rĂ©dige l’ouvrage – inachevĂ© et publiĂ© anonymement - ConsidĂ©rations destinĂ©es Ă  rectifier les jugements du public sur la rĂ©volution française, prĂ©cĂ©dĂ© de La Revendication de la libertĂ© de penser, auprĂšs des princes de l’Europe qui l’ont
Edit du 19/06/2022 lĂ©gĂšre retouche du fichier ! Voici venue l’heure de publier aujourd’hui les ressources correspondantes au 6Ăšme thĂšme que j’aborderai en histoire avec mes Ă©lĂšves dĂšs la semaine prochaine ! Cette sĂ©quence porte sur le thĂšme de la RĂ©volution française, et j’ai plein de choses Ă  vous mettre sous la dent 🙂 1 La leçon La leçon pour commencer, se structure en 4 parties Les causes de la RĂ©volution L’annĂ©e 1789 La fin des rois et de l’Ancien RĂ©gime L’hĂ©ritage de la RĂ©volution 2 La frise chronologique La pĂ©riode de la RĂ©volution française Ă©tant par ailleurs trĂšs riche en Ă©vĂ©nements, j’ai Ă©galement conçu une frise chronologique destinĂ©e Ă  aider mes Ă©lĂšves Ă  ne pas se perdre dans la chronologie des annĂ©es 1789 Ă  1792. 3 Le jeu de dominos J’ai fabriquĂ© un jeu de dominos gĂ©ants permettant de rĂ©viser les points forts de la leçon en groupe-classe. En diminuant la taille de ces dominos au moment de l’impression, vous pouvez aussi en faire un jeu de dominos individuel libre Ă  chacun d’utiliser cette ressource comme il le souhaite ! 4 Le tableau Pinterest Comme d’habitude, vous trouverez d’autre part dans le tableau Pinterest ci-dessous des liens que j’ai sĂ©lectionnĂ©s pour vous vers de trĂšs nombreuses ressources qui peuvent venir enrichir la façon dont vous allez traiter ce thĂšme en classe. 5 Le quiz de rĂ©vision J’ai enfin conçu un quiz de rĂ©vision comportant 24 questions QCM/Vrai ou faux, 
 souvent accompagnĂ©es d’illustrations ou de vidĂ©os diverses et variĂ©es dans lesquelles trouver certaines rĂ©ponses ! Mes Ă©lĂšves raffolent de ce genre de quiz qui leur permettent de rĂ©viser de façon ludique tout en vĂ©rifiant leur degrĂ© d’acquisition des connaissances essentielles 🙂 N’hĂ©sitez pas Ă  me faire part de vos remarques, observations et Ă  me signaler d’éventuelles coquilles ! A trĂšs vite 😉
UneĂ©tude Ipsos, rĂ©alisĂ©e en mai 2014 sur un panel de 1 500 individus de 15 Ă  65 ans, a mis en Ă©vidence que 20 % des Français croient Ă  l’existence actuelle des Illuminati, qui regrouperaient les principaux dirigeants de la planĂšte.D’aprĂšs plusieurs Ă©tudes, cette proportion atteint plus du tiers des lycĂ©ens. Face Ă  ce type de croyance, il n’existe pas pour les enseignants de Carte mentaleÉlargissez votre recherche dans UniversalisLa pĂ©riode appelĂ©e RĂ©volution française, qui se situe entre 1789 et 1799, constitue une rupture considĂ©rable, abolissant la monarchie, inventant de nouveaux rapports sociaux et crĂ©ant une langue politique inĂ©dite. Ce bouleversement ne reprĂ©sente pas seulement la pointe des mouvements rĂ©volutionnaires qui se produisent en Europe et en AmĂ©rique du Nord Ă  la mĂȘme Ă©poque, attirant Ă  lui des rĂ©formateurs de ces contrĂ©es ; il en radicalise aussi les termes et jette les bases d'une nouvelle culture politique. La violence dont il est porteur et qui s'exprime de façon particuliĂšrement forte accentue la novation. La RĂ©volution française incarne ainsi Ă  elle seule une Ă©poque de l'histoire de l'Europe et du monde, rompant la chaĂźne des temps, comme les contemporains n'ont pas manquĂ© de l'observer, qu'ils s'appellent Saint-Just, Goethe ou Joseph de ses causes, ses modalitĂ©s et ses consĂ©quences ont Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement l'objet d'analyses passionnĂ©es. La brutalitĂ© des affrontements et l'ampleur des guerres civiles et extĂ©rieures, les retournements de situations accompagnĂ©s souvent de l'Ă©limination des acteurs politiques dĂ©chus, les remaniements institutionnels et linguistiques ont tellement marquĂ© les consciences et les mĂ©moires qu'il est aisĂ© de comprendre l'ĂąpretĂ© des dĂ©bats que suscite l'Ă©vocation de ces Ă©vĂ©nements. Leurs Ă©chos et leurs rĂ©sonances ont en outre Ă©tĂ© Ă  la base d'engagements collectifs ou individuels, aussi bien dans la France agitĂ©e par la sĂ©rie des rĂ©volutions du xixe siĂšcle jusqu'Ă  l'Ă©tablissement dĂ©finitif de la RĂ©publique qu'en Europe puisque les rĂ©volutionnaires français servent de modĂšles aux rĂ©volutionnaires italiens, allemands, russes ou en AmĂ©rique latine, marquĂ©e par plus d'un siĂšcle de de la RĂ©volution française peut d'autant moins se faire seulement pour elle-mĂȘme que, par un revirement de l'histoire mondiale, la lutte contre les États totalitaires et l'effondrement des systĂšmes politiques se rĂ©clamant du communisme ont entraĂźnĂ© une relecture dĂ©chirante de celle-ci ; elle a mĂȘme Ă©tĂ© accusĂ©e d'avoir contenu les germes de la culture totalitaire qui a ravagĂ© le xxe siĂšcle. La RĂ©volution française possĂšde ainsi une densitĂ© de significations et d'implications dont tout rĂ©cit doit tenir du cadre chronologique prĂ©cis de la RĂ©volution française illustre les difficultĂ©s propres Ă  la comprĂ©hension de la pĂ©riode, aussi bien pour en marquer le dĂ©but que la fin. La RĂ©volution, en effet, n'a pas commencĂ© Ă  la suite d'actions violentes dĂ©libĂ©rĂ©es, comme la rĂ©volution bolchevique d'octobre 1917. Le rĂšgne de Louis XVI ne prend fin officiellement que le 10 aoĂ»t 1792, lorsque le roi, qui avait acceptĂ© la Constitution Ă©tablissant une monarchie constitutionnelle le 13 septembre 1791 et prĂȘtĂ© serment le 14, est dĂ©posĂ© par l'AssemblĂ©e lĂ©gislative. Reste que les contemporains ont eu conscience d'entrer en rĂ©volution dĂšs 1789 peut-ĂȘtre lorsque les États gĂ©nĂ©raux, rĂ©unis Ă  la demande du roi en mai, se sont constituĂ©s en organe autonome sous le nom d'AssemblĂ©e nationale le 17 juin 1789, davantage lorsque la violence de la prise de la Bastille du 14 juillet est acceptĂ©e par le roi, assurĂ©ment lorsqu'en octobre 1789, sous la pression de manifestants, lui-mĂȘme, sa famille et l'AssemblĂ©e s'installent Ă  Paris, reconnaissant de fait que le peuple parisien reprĂ©sente une force politique. À cette date, les Français et les observateurs Ă©trangers, qu'ils y soient favorables ou opposĂ©s, savent qu'ils vivent en rĂ©volution. Les changements institutionnels ont suivi les mutations de la vie politique et des quel moment peut-on situer la fin de la RĂ©volution ? La question a Ă©tĂ© politique avant d'ĂȘtre historiographique. DĂšs 1791, certains assurent que la rĂ©volution est terminĂ©e », estimant – et espĂ©rant – qu'il n'y a plus de rĂ©formes Ă  rĂ©clamer et que, les principaux opposants Ă©tant exclus de la nation, la communautĂ© française peut ĂȘtre soudĂ©e autour des nouveaux principes. Cependant les radicaux, promoteurs d'une rĂ©volution sociale et d'un autre contrat social, repoussent l'arrĂȘt du proces [...]1 2 3 4 5 
pour nos abonnĂ©s, l’article se compose de 44 pagesAfficher les 3 mĂ©dias de l'articleÉcrit par professeur Ă  l'universitĂ© de Paris-I-PanthĂ©on-SorbonneMarc THIVOLET Ă©crivainClassificationArtsArts graphiquesCaricatureHistoireScience historiqueHistoriographieHistoireHistoire chronologieHistoire, de 1789 Ă  la fin du xixe française 1789-1799HistoireHistoire par rĂ©gions et paysHistoire de l'Europe occidentaleFrance, histoireAutres rĂ©fĂ©rences RÉVOLUTION FRANÇAISE » est Ă©galement traitĂ© dans RÉVOLUTION FRANÇAISE, en brefÉcrit par Sylvain VENAYRE ‱ 221 mots ‱ 1 mĂ©diaLa dĂ©cision des États gĂ©nĂ©raux, convoquĂ©s par Louis XVI pour rĂ©soudre la crise financiĂšre du royaume, de se constituer en AssemblĂ©e nationale est une rĂ©volution politique. DĂ©sormais, la souverainetĂ© n'appartient plus au roi mais au peuple, qui devient le fondement du pouvoir politique, alors mĂȘme que l'individu, en faveur de qui est promulguĂ©e la DĂ©cl [
] Lire la suiteRÉVOLUTION FRANÇAISE - repĂšres chronologiquesÉcrit par Sylvain VENAYRE ‱ 171 mots17 juin 1789 Les États gĂ©nĂ©raux, ouverts depuis le 5 mai, se constituent en AssemblĂ©e juillet 1789 Prise de la aoĂ»t 1789 Abolition des aoĂ»t 1789 DĂ©claration des droits de [
] Lire la suiteRÉVOLUTION FRANÇAISE GUERRES DE LAÉcrit par Jean DÉRENS ‱ 1 446 mots ‱ 1 mĂ©diaÀ la fin de 1791, la France marche Ă  la guerre, chaque parti croyant y trouver son intĂ©rĂȘt. La Cour espĂšre que la guerre ruinera la RĂ©volution et rĂ©tablira le pouvoir monarchique la guerre est le seul moyen de provoquer l'intervention des princes Ă©trangers, et la France en pleine convulsion ne paraĂźt pas capable de soutenir une demi-campagne ».Le ministĂšr [
] Lire la suiteABENSOUR MIGUEL 1939-2017Écrit par Anne KUPIEC ‱ 908 mots ‱ 1 mĂ©dia Utopie, Ă©mancipation, critique, politique – tels sont les termes qui peuvent qualifier le travail conduit par Miguel Abensour, professeur de philosophie politique, Ă©diteur et penseur . Miguel Abensour est nĂ© Ă  Paris le 13 fĂ©vrier 1939. AgrĂ©gĂ© de sciences politiques, auteur d’une thĂšse d’État Les Formes de l'utopie socialiste-communiste essai sur le communisme critique et l ' utopie, il ensei [
] Lire la suiteACCAPAREURSÉcrit par Jean DÉRENS ‱ 627 mots La question des subsistances a jouĂ© un rĂŽle essentiel dans la mobilisation des masses populaires qui, par l'insurrection, ont donnĂ© Ă  la RĂ©volution un nouvel Ă©lan Ă  chaque fois qu'elle semblait dans l'impasse, le 14 juillet et le 5 octobre 1789, le 20 juin et le 10 aoĂ»t 1792. À chaque fois, le peuple des faubourgs s'est soulevĂ© pour briser les tentatives des contre-rĂ©volutionnaires qui voulaient [
] Lire la suiteADOPTIONÉcrit par Pierre MURAT ‱ 8 874 mots Dans le chapitre Historique » [
] L'institution est connue et pratiquĂ©e depuis la plus haute antiquitĂ© les droits mĂ©sopotamien, Ă©gyptien, hĂ©braĂŻque ou grec la connaissent. Surtout elle a Ă©tĂ© trĂšs pratiquĂ©e par les romains, selon des formes et pour des raisons qui ont variĂ© selon les Ă©poques. Mais Ă  Rome, la notion de famille ne repose pas sur l'engendrement et l'affection, mais sur la soumission Ă  la puissance d'un chef de fa [
] Lire la suiteALLEMAGNE Histoire - Allemagne moderne et contemporaineÉcrit par Michel EUDE, Alfred GROSSER ‱ 26 856 mots ‱ 39 mĂ©dias Dans le chapitre L'Allemagne et la RĂ©volution française » [
] Les Ă©vĂ©nements qui bouleversent la France Ă  partir de 1789 rencontrent cependant en Allemagne un accueil trĂšs divers. À la sympathie initiale qu'ils suscitent dans les milieux Ă©clairĂ©s, succĂšde bientĂŽt une inquiĂ©tude qui se change, aprĂšs 1792, en rĂ©serve ou en hostilitĂ© dĂ©clarĂ©e. Comme en Angleterre, les esprits les plus hardis ne s'avancent pas, sauf de trĂšs rares exceptions, au-delĂ  de ce que re [
] Lire la suiteALSACEÉcrit par Françoise LÉVY-COBLENTZ, Raymond WOESSNER, Universalis ‱ 6 606 mots ‱ 2 mĂ©dias Dans le chapitre La RĂ©volution et ses rĂ©percussions en Alsace » [
] Le 21 juillet 1789, Ă  la nouvelle de la prise de la Bastille, le peuple strasbourgeois se prĂ©cipite Ă  l'hĂŽtel de ville qu'il saccage entiĂšrement. ChĂąteaux et abbayes sont pris d'assaut par les paysans, notamment dans le Sundgau. La premiĂšre grande manifestation populaire se dĂ©roule Ă  l'occasion de la fĂȘte de la FĂ©dĂ©ration du Rhin qui rassemble Ă  Strasbourg, le 13 juin 1790, cinquante mille citoye [
] Lire la suiteALSACE PRINCES POSSESSIONNÉS D'Écrit par Ghislain de DIESBACH ‱ 659 mots Lors de la rĂ©union de l'Alsace Ă  la France, sous Louis XIV, il avait Ă©tĂ© prĂ©cisĂ© que les fiefs appartenant Ă  des souverains Ă©trangers ne relĂšveraient pas du droit français, notamment en matiĂšre d'impĂŽts et de douanes. En voulant appliquer les dĂ©crets du 4 aoĂ»t 1789 sur l'abolition des droits fĂ©odaux, puis celui du 2 novembre de la mĂȘme annĂ©e sur la sĂ©cularisation des biens du clergĂ©, l'AssemblĂ©e c [
] Lire la suiteAMI DU PEUPLE L'Écrit par Pierre ALBERT ‱ 381 mots Marat fonde, le 12 septembre 1789, Le Publiciste parisien qui prend trĂšs vite le titre plus significatif de L'Ami du peuple et la devise Vitam impendere vero Consacrer sa vie Ă  la vĂ©ritĂ© ». C'est une publication de huit Ă  seize pages de petit format, rĂ©digĂ©e tout entiĂšre par le seul Marat, et qui a plus la forme d'un pamphlet pĂ©riodique que d'un quotidien d'information. Aussi bien, du fait [
] Lire la suiteVoir aussiALLÉGORIE histoire de l'artCONSEIL DES ANCIENSASSEMBLÉE NATIONALEASSEMBLÉES DANS L'ANCIEN RÉGIMEBABEUF FRANÇOIS-NOËL dit GRACCHUSPRISE DE LA BASTILLECAHIERS DE DOLÉANCESCONSEIL DES CINQ-CENTSRÉPUBLIQUE CISALPINECONSPIRATIONNISME ou COMPLOTISME ou COMPLOTPENSÉE CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRECONVENTION NATIONALE RĂ©volution françaiseCULTURE POLITIQUEANTOINE BALTHAZAR JOSEPH DANDRÉDÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME DE 1793DÉPARTEMENTSJOURNÉE DU DIX AOÛT 1792ÉCOLE PRIMAIRE ou ENSEIGNEMENT PRIMAIRECONJURATION DES ÉGAUXHISTOIRE DE L' ÉGLISE du concile de Trente Ă  nos joursLes derniers Ă©vĂ©nements1er-30 juillet 2009 Iran. Poursuite de la contestation contre la réélection du prĂ©sident Mahmoud Ahmadinejad Ils reçoivent l'appui de nombreux ayatollahs et de pĂšres » de la rĂ©volution islamique de 1979. Le 6, le Quai d'Orsay annonce qu'une jeune Française, Clotilde Reiss, lectrice de français depuis cinq mois Ă  l'universitĂ© d'Ispahan, est dĂ©tenue par les autoritĂ©s iraniennes depuis le 1er juillet, accusĂ©e d'espionnage. Le 9, plusieurs centaines de personnes, bravant l'interdiction gouvernementale de manifester, se rassemblent prĂšs de la place de la RĂ©volution Ă  TĂ©hĂ©ran, ainsi que dans plusieurs grandes villes, pour commĂ©morer le soulĂšvement Ă©tudiant durement rĂ©primĂ© de juillet 1999. [
] Lire la suite13-18 juillet 1989 France. Grandioses cĂ©rĂ©monies pour le bicentenaire de la RĂ©volution française Le 13, c'est par une cĂ©lĂ©bration des Droits de l'homme, qui a lieu Ă  midi sur le parvis du TrocadĂ©ro Ă  Paris, que commencent les festivitĂ©s destinĂ©es Ă  marquer le bicentenaire de la RĂ©volution française. Le fait qu'elles coĂŻncident avec le sommet des sept pays industrialisĂ©s et qu'elles rassemblent dans la capitale une trentaine de chefs d'État ou de gouvernement, nĂ©cessitant une logistique et des mesures de sĂ©curitĂ© exceptionnelles, a provoquĂ© un dĂ©but de polĂ©mique. [
] Lire la suite11-20 juillet 1988 GrĂšce. Attaque terroriste contre les passagers du City-of-Poros » Le 13, Ă  Beyrouth, une mystĂ©rieuse Organisation des martyrs de la rĂ©volution populaire en Palestine, unitĂ© Abou Jihad, revendique l'attentat. En fait, l'enquĂȘte piĂ©tine et la guerre des polices » grecques ne fait qu'accroĂźtre la confusion. Ainsi, la photo d'une jeune touriste française, Élisabeth Bismuth, qui se rĂ©vĂ©lera ĂȘtre une des victimes de l'attaque, est diffusĂ©e aux postes frontiĂšres comme Ă©tant celle d'une des terroristes. [
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CONSIDÉRATIONSSUR LES PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇOISE Madame de StaĂ«l (Ouvrage posthume) 3 tomes (1818) TABLE DES MATIÈRES. Tome I TABLE DES CHAPITRES CONTENUS DANS LE TOME PREMIER. PREMIÈRE PARTIE. Pages. Chapitre Ier. RĂ©flexions gĂ©nĂ©rales 1 Chap. II. ConsidĂ©rations sur l’histoire de France 16
Que deviendront-ils ? Des Français, des Citoyens français ? ou Resteront-ils des Ă©trangers ?1re partie 1789 - 1793 Cejourd’hui, trente Messidor septiĂšme annĂ©e de la RĂ©publique française, par devant nous, Jean Louis Latois, PrĂ©sident de l’Administration municipale du Canton d’Hauteville, sont comparus dans le local destinĂ© Ă  la rĂ©union des Citoyens du chef-lieu dudit canton pour contracter mariage d’une part Joseph France, se disant hongrois et dĂ©serteur Ă©tranger, rĂ©sidant dans le canton d’Hauteville depuis 3 ans et actuellement demeurant Ă  Landricourt, mĂȘme canton, dĂ©partement de la Marne, ĂągĂ© de 23 ans, fils de Joseph France, chapelier, demeurant Ă  Tourne en Hongrie et de Marie Anne Anius ; d’autre part Marie Marguerite Loisy... » Extrait de l’acte de mariage de Joseph France du 18 juillet 1799 Ă  Sainte-LiviĂšre Marne [1]. Ce type d’acte Ă©tabli durant la pĂ©riode rĂ©volutionnaire provoque chez celui qui entreprend des recherches plus de questions que de rĂ©ponses et ce d’autant plus que toutes les informations ne reposent que sur de simples dĂ©clarations, donc peu fiables. Ainsi, son Ăąge lors de son mariage, 23 ans, semble pour le moins incertain, car, si lors de la naissance de ses premiers enfants il correspond, Ă  partir de 1813 et Ă  son dĂ©cĂšs en 1848, il est dĂ©clarĂ© avoir une dizaine d’annĂ©es en plus. Joseph France, nom sans aucun doute francisĂ©, Ă©tait-il, lorsqu’il Ă©pouse une Française, encore Hongrois ou dĂ©jĂ  Français, comme sa qualitĂ© de dĂ©serteur Ă©tranger pourrait le laisser supposer ? Son Ă©tat de dĂ©serteur Ă©tranger, quand on considĂšre la date tardive du mariage, Ă©tait-il rĂ©el ou seulement mis en avant pour faciliter sa situation en France et par lĂ , son mariage ? Et s’il n’était qu’un de ses nombreux prisonniers de guerre qui, Ă  l’inverse de l’énorme majoritĂ© voulant retourner au pays par quelque moyen que ce soit, dĂ©sirait sincĂšrement rester en France pour s’y installer dĂ©finitivement ? Quelle serait alors sa vĂ©ritable situation administrative ? Quand et comment aurait-il acquis la nationalitĂ© française, s’il l’avait obtenue ? Quels Ă©taient ses droits et ses devoirs vis-Ă -vis de sa terre d’accueil ? Et puis son statut d’ Ă©tranger » fut l’objet, au cours de la RĂ©volution française, de tellement de lois et dĂ©crets divers et variĂ©s que, lui-mĂȘme, ne savait probablement plus au juste quelle Ă©tait sa vĂ©ritable situation. Le but de cet article est de tenter d’apporter une rĂ©ponse Ă  ces questions en dĂ©crivant l’évolution des concepts de citoyennetĂ© et de nationalitĂ© au cours des annĂ©es 1789 – 1803, concepts soumis aux convulsions provoquĂ©es tout Ă  la fois par les Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs, la politique intĂ©rieure, la volontĂ© des dirigeants nationaux contrecarrĂ©e parfois par les dĂ©bordements des rĂ©volutionnaires locaux, alĂ©as qui font qu’à la mĂȘme pĂ©riode, pouvaient ĂȘtre prises des dĂ©cisions contradictoires dans la mesure oĂč, entre la lĂ©gislation nationale et l’interprĂ©tation qui en Ă©tait faite au niveau local, chacun avait sa propre conception de ce qu’aujourd’hui on qualifierait de naturalisation » et voulait, au nom de la LibertĂ©, l’imposer aux autres. Pour ce qui nous intĂ©resse, nous prendrons essentiellement en compte les Ă©trangers nĂ©s hors de France de parents Ă©trangers, c’est-Ă -dire aussi bien ceux dĂ©jĂ  installĂ©s avant la RĂ©volution, que ceux contraints et forcĂ©s par les combats d’y vivre durant la pĂ©riode considĂ©rĂ©e c’est-Ă -dire les dĂ©serteurs Ă©trangers et les prisonniers de guerre, pour qui la naturalisation est le seul moyen d’acquĂ©rir la citoyennetĂ© française, mais partiellement aussi ceux qui, par extension, seront dĂ©clarĂ©s Ă©trangers » par le pouvoir du fait de leur attitude face Ă  la RĂ©volution et qui, en consĂ©quence, perdront la citoyennetĂ© et se trouveront alors exclus du corps social. Petit rappel historique AssemblĂ©e Nationale Constituante juillet 1789 – octobre 179114 juillet 1789 Prise de la Bastille4 aoĂ»t 1789 Abolition des droits fĂ©odaux26 aoĂ»t 1789 DĂ©claration des Droits de l’Homme3 septembre 1791 Constitution de 1791 AssemblĂ©e LĂ©gislative octobre 1791 – septembre 179222 avril 1792 dĂ©claration de guerre Ă  l’Empire austro-hongrois20 septembre 1792 Bataille de Valmy La Convention Nationale septembre 1792 – octobre 179522 septembre Proclamation de la RĂ©publique21 janvier 1793 ExĂ©cution de Louis XVIAvril 1793 CrĂ©ation du ComitĂ© de Salut Public24 juin 1793 Constitution de 17935 septembre 1793 Instauration de la Terreur22 aoĂ»t 1795 Constitution du 5 Fructidor An 3 Le Directoire octobre 1795 – 9 novembre 1799Deux chambres lĂ©gislatives le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens Le Consulat 10 novembre 1799 – 18 mai 18049 novembre 1799 Coup d’État du 18 Brumaire An 813 dĂ©cembre 1799 Constitution du 22 Frimaire An 818 mars 1803 Code civil du 27 VentĂŽse An 11 Étranger sous l’Ancien RĂ©gime Avant 1789, sous l’Ancien RĂ©gime, seul le roi pouvait accorder aux Ă©trangers vivant sur le territoire les aubains » des lettres de naturalitĂ© » faisant d’eux des sujets. Cette naturalisation dĂ©pendait exclusivement de la volontĂ© du souverain qui Ă©tait libre de l’accorder ou de la refuser. Mais, dans la vie quotidienne, est-ce que les Ă©trangers installĂ©s alors dans le royaume, Ă©prouvaient le dĂ©sir de solliciter cette naturalisation ? Comment Ă©taient-ils perçus par la population avec qui ils vivaient ? Cette lettre de naturalitĂ© leur aurait-elle permis de mieux s’insĂ©rer dans la sociĂ©tĂ© et leur aurait-elle procurĂ© quelque avantage qu’ils n’avaient pas en gardant leur statut d’étranger ? Trois mariages d’étrangers avec une Française contractĂ©s Ă  Nogent-sur-Seine dans l’Aube avant la RĂ©volution donnent un aperçu de la situation sur le terrain. D’abord, en 1775, celui de Dominique Nardi avec Marie Anne AugĂ© Le 6 juin 1775. AprĂšs la publication des bans faite aux prĂŽnes des messes de paroisse les 7, 14 et 21 may, sans qu’il se soit trouvĂ© un empĂȘchement ou opposition quelconque, les fiançailles cĂ©lĂ©brĂ©es la veille, Dominique Nardi, fils majeur de LĂ©onard Nardi, vigneron Ă  Jouviane de la RĂ©publique de Lucques, et de Marie Nicole Brachini, ses pĂšre et mĂšre, d’une part, et Marie Anne AugĂ©, fille mineure de feu Pierre AugĂ©, vivant compagnon de riviĂšre et de Marie Moinat, ses pĂšre et mĂšre, tous deux de fait et de droit de cette paroisse, ont reçu la bĂ©nĂ©diction nuptiale de nous, vicaire soussignĂ©, vu le consentement du pĂšre du contractant, comme il appart par une missive de frĂšre BarthĂ©lĂ©mi de Lucques, gardien des Capucins, en datte du 29 mars, trouvĂ©e d’ailleurs suffisante par Monseigneur l’évĂȘque de Troyes, certains aussi de sa libertĂ© par acte authentique signĂ© Jean Ignace Lippi, vicaire gĂ©nĂ©ral de l’archevĂȘchĂ© de Lucques, contresignĂ© Jean Baptiste Christe Fani, chancelier dudit archevĂȘchĂ© en datte de 25 mars annĂ©e susdite en prĂ©sence de Jean Eloy Berger, menuisier, de Laurent Beau, boucher, de la mĂšre de la contractante, de Jean Moinat, pĂȘcheur et de Antoine Millet, cordonnier qui ont signĂ©. Les contractants n’ont pas signĂ©. » Puis, en 1782, celui de Bernard Barsanti avec Marie Anne Françoise Bussot Le 5 fĂ©vrier 1782, aprĂšs la publication des bans faite aux prĂŽnes des messes paroissiales de cette Ă©glise les 8, 20 et 24 janvier prĂ©sent, sans opposition ny empĂȘchement parvenus Ă  notre connaissance, les fiançailles cĂ©lĂ©brĂ©es, Bernard Barsanti, manouvrier, fils majeur du deffunt Michel Barsanti, laboureur Ă  Julianne en Italie et de Marie Mathieu Braccini, ses pĂšre et mĂšre, d’une part, et Marie Anne Françoise Bussot, fille mineure de Nicolas Bussot, marinier et de la deffunte Margueritte Oudard, ses pĂšre et mĂšre, d’autre part, tous deux de fait et de droit de cette paroisse, ont reçu de nous, vicaire soussignĂ©, de leur plein et mutuel consentement la bĂ©nĂ©diction nuptiale en prĂ©sence du pĂšre de la consentante, de Pierre JĂ©rĂŽme Banot, oncle de la contractante, de Martin Antoine Paulantru, fabriquant de souliers, de Louis Martin, maçon, de Nicolas François Champenois, boulanger, tous trois amys du contractant qui ont signĂ© avec nous, les contractants ont dĂ©clarĂ© ne savoir signer. » Et enfin, en 1792, celui de Dominique Lucariny avec Victoire Gabrelle 21 aoĂ»t 1792, aprĂšs la publication de promesse de mariage faite aux prĂŽnes des messes paroissiales de cette Ă©glise le 12, 15 et 19 du prĂ©sent mois et an, sans aucun empĂȘchement parvenu Ă  notre connaissance, les fiançailles ce jour Ă©tant prĂ©alablement cĂ©lĂ©brĂ©es, Dominique Lucariny, figuriste en plĂątre, fils majeur de Regle Lucariny, laboureur Ă  Tereille et de feu Catherine Fontaine, ses pĂšre et mĂšre de la RĂ©publique de Lucque en Toscane, d’une part, et Victoire Gabrelle, fille mineure d’Antoine Gabrelle, manouvrier et de GeneviĂšve Vincent, ses pĂšre et mĂšre en cette paroisse de Nogent-sur-Seine, d’autre part, tous deux de droit de cette mĂȘme paroisse, ont de nous vicaire de ladite paroisse de Nogent, de leur plein et mutuel consentement reçu la bĂ©nĂ©diction nuptiale , du consentement du pĂšre du contractant selon qu’il nous appart par l’acte authentique passĂ© Ă  l’ArchevĂȘchĂ© de Lucques Toscane et en prĂ©sence du pĂšre de la contractante avec nous soussignĂ©, de sa mĂšre qui a dĂ©clarĂ© ne savoir signer, de Jacques Vincent, bourrelier, son oncle, Jean Pierre Herluison, tourneur avec nous de soussignĂ©s et de Bernard Barsautz, manouvrier qui a dĂ©clarĂ© ne savoir signer ainsi que la contractante. Le contractant a signĂ© en italien Domenico Lucarini. » Ces trois actes de mariage peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de la mĂȘme Ă©poque, car celui datĂ© de 1792, bien que pendant la RĂ©volution, est encore Ă©tabli par le curĂ© de la paroisse de Nogent-sur-Seine, le nouveau calendrier et l’état civil n’entrant en application que l’annĂ©e suivante et les bouleversements politiques et lĂ©gislatifs Ă  Paris ne semblant pas avoir encore eu d’effet Ă  l’échelon local. De plus, ils sont identiques dans leur dĂ©roulement. Dans deux cas, le mariage est soumis exactement aux mĂȘmes conditions que pour un mariage entre Français issus de paroisses diffĂ©rentes. Le contractant, nĂ© hors de Nogent, est obligĂ© d’obtenir de sa paroisse d’origine, outre le consentement de son pĂšre, celui des autoritĂ©s ecclĂ©siastiques, ici de Toscane. A aucun moment, il n’est fait allusion Ă  sa nationalitĂ© italienne, comme si la nationalitĂ© des deux contractants n’avait aucune influence sur cette union, ainsi que sur leur vie future au sein de la commune. Alors que, comme nous le verrons par la suite, lors de leur mariage, le premier habitait Nogent depuis dĂ©jĂ  7 ans, donc peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme intĂ©grĂ©, le troisiĂšme, au contraire, n’y Ă©tait installĂ© que depuis 2 ans, donc encore partiellement Ă©tranger, comme sa signature en italien semble le confirmer. Le cas de Bernard Barsanti est encore plus explicite quant Ă  l’indiffĂ©rence concernant son origine Ă©trangĂšre. Bien que nĂ© en Italie, comme les deux autres, le prĂȘtre qui le marie, le considĂšre de fait et de droit de Nogent, c’est-Ă -dire comme nĂ© Ă  Nogent, n’exigeant mĂȘme pas l’acte de baptĂȘme de son lieu de naissance. Deux raisons probables, la difficultĂ© pour obtenir cet acte, mais certainement prĂ©pondĂ©rant, le fait que lui aussi, rĂ©side Ă  Nogent depuis 14 ans, donc y est totalement intĂ©grĂ©. Il semblerait que sous l’Ancien RĂ©gime, la notion d’étranger ne soit nullement prise en compte dans les actes administratifs, seuls sont considĂ©rĂ©s les sujets soumis Ă  l’autoritĂ© du roi, sujets ne participant d’aucune maniĂšre Ă  l’exercice du pouvoir, d’oĂč l’indiffĂ©rence quant Ă  la nationalitĂ©. Étranger il est, Ă©tranger il restera, et son Ă©pouse ? Elle restera Française puisque, nĂ©e de parents français, elle vit et rĂ©side en France et le nouveau couple continuera Ă  vivre comme auparavant, sans guĂšre se soucier de la nationalitĂ© du mari. Et leurs enfants nĂ©s sur le sol français ? Ils seront Français Ă  condition de rester dans le royaume, cette derniĂšre condition est et restera obligatoire, respectant en cela l’arrĂȘt du 23 fĂ©vrier 1515 qui introduit le jus soli », = droit du sol. En pratique, personne ne cherche guĂšre Ă  connaĂźtre le vĂ©ritable statut juridique des sujets concernĂ©s dans la mesure oĂč la distinction entre naturalitĂ© = Français et extranĂ©itĂ© = Ă©tranger sur le sol français n’a d’importance que pour des questions de succession. Cette indiffĂ©rence de la part des Ă©trangers mais aussi de l’administration et des habitants au niveau local envers les dĂ©cisions du pouvoir central les concernant se perpĂ©tuera au dĂ©but de la RĂ©volution, ce qui ne tardera pas Ă  poser des problĂšmes. Comment, en quelques annĂ©es, changer des habitudes vieilles de plusieurs siĂšcles ? Pour tenter de contrecarrer ce comportement et afin de garantir que lois et dĂ©crets soient connus de tous, la Convention dĂ©cidera, le 22 novembre 1792, de la formule qui sera employĂ©e Ă  l’avenir lors de la promulgation des lois Le conseil exĂ©cutif provisoire mande et ordonne Ă  tous les corps administratifs et tribunaux que la prĂ©sente loi, ils fassent consigner dans leurs registres, lire, publier, afficher 
 » [2], ce dont les diffĂ©rents agents s’exĂ©cuteront consciencieusement en inscrivant en marge de chacune d’elles Lu Ă  l’audience du, 
 » avec leur signature. Archives de l’Aube. Étranger sous la RĂ©volution Principes gĂ©nĂ©raux La RĂ©volution Française, avec ses idĂ©aux, son Ă©galitarisme et un romantisme quasi sans limite, marque trĂšs rapidement dans ses rapports avec les Ă©trangers une rupture avec l’Ancien RĂ©gime. Le pouvoir discrĂ©tionnaire du souverain d’octroyer la nationalitĂ© ou plutĂŽt la naturalitĂ© » française est aboli pour laisser place Ă  un droit de la nationalitĂ© en tant que droit de l’individu, ancrĂ© dans les constitutions jusqu’à ce que le Code civil rĂ©tablisse les compĂ©tences de l’État dans ce domaine. DĂšs le dĂ©but, l’aspiration Ă  une paix universelle fait accueillir les Ă©trangers de façon trĂšs libĂ©rale. La naturalisation sera mĂȘme attribuĂ©e de plein droit » [3], assujettie certes Ă  certaines conditions, mais indĂ©pendamment de toute dĂ©claration et de tout contrĂŽle qu’il soit lĂ©gislatif ou exĂ©cutif. Autre Ă©lĂ©ment fondamental le principe du jus soli » valable jusqu’à la promulgation du Code civil qui veut que tous les individus nĂ©s en France tenaient du seul lieu de leur naissance la qualitĂ© de Français ; pour ĂȘtre Ă©tranger, il fallait tout Ă  la fois 
 ĂȘtre nĂ© en pays Ă©tranger et de parents Ă©trangers ». [4]. Les lois qui se succĂšdent Ă  un rythme soutenu durant ses premiĂšres annĂ©es, sont le reflet de la soif d’une nouvelle sociĂ©tĂ© symbolisĂ©e par la devise LibertĂ©, ÉgalitĂ©, FraternitĂ© » qui imprĂšgne, dans un premier temps, toutes les dĂ©cisions concernant l’attribution de la nationalitĂ© française ou plutĂŽt de la citoyennetĂ© française », car inspirĂ©e par la volontĂ© d’intĂ©grer les Ă©trangers au sein mĂȘme de la sociĂ©tĂ© en devenir, elle veut leur faire prendre une part active Ă  la vie politique. DualitĂ© entre les deux expressions que Sophie Wahnich explique dans un entretien La notion de nationalitĂ© n’existait pas au cƓur de la RĂ©volution française. Ni le mot nationalitĂ©, ni le mot citoyennetĂ© n’étaient employĂ©s Ă  l’époque. On utilisait une sĂ©rie d’expressions telles que le droit du citoyen », parfois les droits du citoyen français », la qualitĂ© » ou encore le titre de citoyen ». Or ce mot de citoyen effaça de fait les distinctions entre l’appartenance lĂ©gale Ă  la nation, l’engagement patriotique et l’exercice des droits politiques ». [5] Et ainsi, entre 1789 et 1799, les deux concepts deviennent au fil du temps si intimement liĂ©s que celui de citoyennetĂ© finit par devenir prĂ©dominant et supplante celui de nationalitĂ© ou de naturalitĂ©. Cette notion de citoyennetĂ© matĂ©rialisĂ©e par la possession de droits et devoirs au sein de la communautĂ© politique permet de participer activement Ă  son fonctionnement l’individu est Citoyen d’abord », c’est-Ă -dire que c’est la reconnaissance de droits politiques qui domine, qui dĂ©termine la qualitĂ© de Français » ainsi se crĂ©e une stricte hiĂ©rarchisation entre citoyennetĂ© et nationalitĂ© qui s’inversera avec le Code civil oĂč c’est la nationalitĂ© qui fait d’un individu un Français et qui, subsidiairement et Ă©ventuellement en fait un citoyen » [6]. De façon gĂ©nĂ©rale, entre 1789 et 1799, la qualitĂ© de citoyen français sera accordĂ©e Ă  tous ceux, Français de souche ou naturalisĂ©s de quelque maniĂšre que ce soit, qui adhĂšrent aux idĂ©aux du nouveau systĂšme politique Ă  la condition qu’ils Ă©lisent domicile en France et qu’ils prĂȘtent le serment civique. Reconnus citoyens français, ils deviennent de fait Français. Il y a ainsi affirmation du droit du sol, du jus soli », soit en Ă©tant nĂ©, soit en rĂ©sidant sur le sol français. Toutes les constitutions et les lois successives accordent, certes, selon ces principes la citoyennetĂ© française aux Ă©trangers domiciliĂ©s sur le sol français, mais avec des modalitĂ©s fluctuantes selon la pĂ©riode considĂ©rĂ©e, car deux tendances opposĂ©es ne tarderont pas Ă  influer sur la lĂ©gislation. Ainsi, Ă  un accueil bienveillant et une intĂ©gration trĂšs facile durant les annĂ©es 1789 - 1792, succĂšdent, dĂšs 1792 - 1793, avec l’entrĂ©e en guerre contre les diffĂ©rentes nations europĂ©ennes, mĂ©fiance et suspicion Ă  l’égard d’étrangers devenus ennemis de la nation française, origine d’une lĂ©gislation de plus en plus restrictive. Cette Ă©volution poussĂ©e Ă  son paroxysme introduira une discrimination entre le citoyen », c’est-Ă -dire l’individu qui Ɠuvre en faveur de la rĂ©volution et l’ Ă©tranger », c’est-Ă -dire celui qui lui tourne le dos et la combat. Est alors Ă©tranger, certes, toujours celui qui, juridiquement, n’est pas français d’origine ou naturalisĂ©, mais rapidement aussi celui qui est hostile aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, et qui est considĂ©rĂ© comme traĂźtre Ă  la nation. Et finalement, se retrouvent par extension sous ce vocable aussi bien les Ă©trangers de l’extĂ©rieur que les Ă©trangers de l’intĂ©rieur, comme les ecclĂ©siastiques rĂ©fractaires, les Ă©migrĂ©s, leurs familles et mĂȘme leurs domestiques. Juridiquement, ils sont considĂ©rĂ©s, du fait de leur hostilitĂ© Ă  la RĂ©volution, comme s’étant d’eux-mĂȘmes exclus de la communautĂ© française et ayant perdu leurs droits Ă  la citoyennetĂ©. PremiĂšre tendance accueil libĂ©ral de tous les Ă©trangers 1789 – 1792 Durant ces premiĂšres annĂ©es, l’euphorie rĂ©volutionnaire imprĂšgne toutes les dĂ©cisions qu’elles soient politiques ou sociĂ©tales La RĂ©volution se veut ĂȘtre la base d’une nouvelle sociĂ©tĂ© oĂč l’Homme en est l’élĂ©ment central grĂące Ă  une libertĂ© individuelle et politique quasi illimitĂ©e. Son dĂ©sir d’universalisme lui fait accueillir tous les Ă©trangers pour les faire participer Ă  cette grande aventure qui doit servir de modĂšle aux autres peuples, afin de propager Ă  partir de la France les idĂ©es rĂ©volutionnaires et de montrer comment se dĂ©barrasser de l’ancienne distinction en libres et esclaves, la plus barbare et la plus humiliante pour l’espĂšce humaine, diamĂ©tralement contradictoire Ă  la signification du mot français, incompatible avec l’éclat de la libertĂ© que les lois attribuent dans le royaume Ă  tous ceux qui y habitent, nĂ©s, naturalisĂ©s ou Ă©trangers ». [7] AssemblĂ©e Nationale Constituante La DĂ©claration des Droits de l’Homme et du Citoyen, base de toute lĂ©gislation Lors de la prĂ©sentation du projet, le rapporteur dĂ©clare que l’homme, nĂ© pour ĂȘtre libre, ne s’est soumis au rĂ©gime d’une sociĂ©tĂ© politique, que pour mettre ses droits naturels sous la protection d’une force commune » [8]. D’oĂč le 26 aoĂ»t 1789, la DĂ©claration des Droits de l’Homme et du Citoyen, proclamĂ©e par les ReprĂ©sentants du Peuple Français, constituĂ©s en AssemblĂ©e Nationale » Article 1 Les hommes naissent et demeurent libres et Ă©gaux en droits. » Article 2 Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la libertĂ©, la propriĂ©tĂ©, la sĂ»retĂ© et la rĂ©sistance Ă  l’oppression ». Article 3 Le principe de toute SouverainetĂ© rĂ©side essentiellement dans la Nation. » L’AssemblĂ©e Nationale Constituante associe, ainsi, nation et citoyennetĂ© la nation française y apparaĂźt comme l’espace oĂč s’appliquent Ă  tous les individus indĂ©pendamment de leurs origines, les droits et libertĂ©s dĂ©finis dans les articles 2 & 3, en particulier les droits politiques Ă  travers la reprĂ©sentation des citoyens. Ainsi, tout homme, nĂ© en France ou hors de France mais y rĂ©sidant depuis le 14 juillet 1789, dĂ©but de l’ùre nouvelle, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme adepte de l’idĂ©ologie rĂ©volutionnaire et devenir citoyen français. L’enthousiasme et l’élan patriotique provoquĂ©s par cette DĂ©claration ne tardent pas Ă  inspirer poĂštes et chansonniers faisant l’apologie de droits jusque-lĂ  inconnus Oui, tous les hommes sont Ă©gaux, Et leurs droits sont les mĂȘmes ; On ne distingue les hĂ©ros Qu’à leurs vertus suprĂȘmes Mais la loi qui vous pĂšse tous Dans sa juste balance, Mortels, ne doit mettre entre nous Aucune diffĂ©rence. » [9] Cependant, dĂšs le 21 juillet 1789, lors de la prĂ©sentation du projet, est dĂ©jĂ  prĂ©vue une diffĂ©renciation entre Citoyens passifs. Citoyens actifs Tous les habitants d’un pays doivent jouir des droits de citoyen passif 
, mais tous n’ont pas droit Ă  prendre une part active dans la formation des pouvoirs publics ; tous ne sont pas citoyens actifs. Les femmes, du moins dans l’état actuel, les enfants, les Ă©trangers 
 ne doivent point influer activement sur la chose publique » [10]. DĂ©cret du 29 septembre 1789 Cette conception de la sĂ©paration entre citoyens actifs et citoyens passifs ne sera pas sans provoquer au sein de la Constituante de violents dĂ©bats. Alors que certains dĂ©putĂ©s, fidĂšles Ă  l’esprit de l’Art. 1 de la DĂ©claration des droits de l’homme Les hommes naissent 
 Ă©gaux en droit », souhaitent accorder le droit de vote Ă  tous les citoyens sans exception, la majoritĂ© de la Constituante imposent le 29 septembre 1789, le dĂ©cret sur le marc d’argent », le terme franc Ă©tant aboli au profit de marc qui instaure le systĂšme Ă©lectoral censitaire avec comme corollaire le citoyen actif opposĂ© au citoyen passif et oĂč la citoyennetĂ© est subordonnĂ©e Ă  la nationalitĂ© Art. 4, Tous les citoyens actifs, c’est-Ă -dire tous ceux qui rĂ©uniront les qualitĂ©s suivantes 1° d’ĂȘtre nĂ© Français, ou devenu Français, 2° d’ĂȘtre majeur ; 3° d’ĂȘtre domiciliĂ© dans le canton au moins depuis un an ; 4° de payer une contribution directe de la valeur locale de trois journĂ©es de travail ; 5° de n’ĂȘtre pas alors dans une condition servile, auront droit de se rĂ©unir pour former dans les cantons les assemblĂ©es primaires ». C’est la naissance de l’association entre nationalitĂ© et citoyennetĂ© la nationalitĂ© apparaĂźt comme une condition nĂ©cessaire Ă  la citoyennetĂ© » [11], cette derniĂšre Ă©tant dĂ©limitĂ©e par un territoire, la France. En consĂ©quence seul le citoyen actif, c’est-Ă -dire le Français, d’origine ou naturalisĂ©, domiciliĂ© dans son lieu de vote depuis au moins un an, payant une contribution directe et n’exerçant pas une profession de servitude telle que domestique, peut ĂȘtre Ă©lecteur et jouir des droits politiques que la RĂ©volution avait, Ă  l’origine, prĂ©vu pour tout homme. Cette conception se justifie, selon certains dĂ©putĂ©s, parce que les serviteurs Ă  gages n’ont pas une volontĂ© propre, libre et indĂ©pendante, telle qu’elle est nĂ©cessaire pour l’exercice du droit de citĂ© » [12]. Face Ă  eux, les opposants Ă  ce mode d’élection censitaire instaurant deux catĂ©gories de Français tentent de faire valoir leur point de vue Tout citoyen est actif dans l’État, quand il s’agit de s’occuper des droits de tous les citoyens », et sur la question de contribution directe la pauvretĂ© est un titre, et qu’elle que soit l’imposition, elle doit ĂȘtre suffisante pour exercer les droits du citoyen », d’oĂč leur conclusion Le dĂ©cret sur les qualitĂ©s nĂ©cessaires pour ĂȘtre citoyen actif, Ă©taient trop contraires aux vĂ©ritables principes de la justice et de la reprĂ©sentation, en exigeant un marc d’argent » [13] Mais, finalement, le dĂ©cret du marc d’argent sera votĂ©, et SieyĂšs justifiera cette dĂ©cision en considĂ©rant le vote comme une fonction plus que comme un droit, et que la capacitĂ© Ă©conomique des citoyens justifiait leur capacitĂ© politique. Ainsi, seuls ceux imposables seront appelĂ©s aux urnes, comme les plus aptes Ă  remplir leur fonction politique, ceux en situation de dĂ©pendance ne mĂ©ritant pas d’avoir les mĂȘmes droits. Sont directement concernĂ©s les femmes, les enfants, les domestiques et tous les pauvres qui se trouvent ainsi exclus de toute action politique. Loi des 30 avril - 2 mai 1790, premiĂšre loi traitant de la nationalitĂ©. Le premier texte lĂ©gislatif concernant directement les Ă©trangers est la loi des 30 avril – 2 mai 1790 relative aux conditions exigĂ©es des Ă©trangers pour devenir citoyens français ». Le pragmatisme est Ă  l’origine de cette loi, car, comme l’expose le dĂ©putĂ© Target lors du dĂ©bat Ă  la Constituante, beaucoup de villes ont pour habitants des hommes nĂ©s en pays Ă©tranger, mariĂ©s, propriĂ©taires depuis longtemps, ou possesseurs d’établissements de commerce ; ils ont occupĂ© des fonctions civiles, 
 tous ont prĂȘtĂ© le serment civique », en consĂ©quence la Constituante dĂ©cide Tous ceux qui, nĂ©s hors du royaume de parents Ă©trangers, sont Ă©tablis en France, seront rĂ©putĂ©s Français, et admis, en prĂȘtant le serment civique, Ă  l’exercice des droits de citoyens actifs aprĂšs 5 ans de domicile continu dans le royaume, s’ils ont, en outre, ou acquis des immeubles, ou Ă©pousĂ© une Française, ou formĂ© un Ă©tablissement de commerce, ou reçu, dans quelque ville, des lettres de bourgeoisie = lettres de naturalitĂ© ». Il justifie sa proposition en dĂ©clarant ce sont des amis de plus que vous acquerrez Ă  une constitution qui voudrait que rendre tous les hommes heureux » [14]. En les intĂ©grant comme Français, s’ils respectent les trois conditions exigĂ©es, la Constituante prend en compte les rĂ©alitĂ©s du terrain et fait d’eux des citoyens Ă  part entiĂšre, avec les mĂȘmes droits que les citoyens d’origine française, en particulier les droits politiques dans la mesure oĂč le serment civique devient une condition Ă  la naturalisation. Ainsi, le titre de Français et la qualitĂ© de citoyen se trouvent intimement mĂȘlĂ©s, car cette loi va mĂȘme jusqu’à faire d’eux des citoyens actifs lorsqu’ils ont prĂȘtĂ© le serment civique. On leur reconnait le droit de jouer un rĂŽle rĂ©el dans la vie politique Ils peuvent devenir Ă©lecteurs et dĂ©signer les dĂ©putĂ©s s’ils paient une contribution directe au moins Ă©gale Ă  la valeur de 3 journĂ©es de travail », toujours selon le principe que seule une personne subvenant Ă  ses besoins doit pouvoir influencer les dĂ©cisions qui la concernent. Ces dispositions seront reprises dans le titre 1er de la Constitution du 3 septembre 1791. Cette possibilitĂ© de participation active Ă  la vie politique sera, Ă  maintes reprises, l’objet d’un long dĂ©bat quant Ă  savoir si l’étranger qui obtenait la qualitĂ© de Français Ă©tait tenu ou pas Ă  la prestation du serment civique certains arguant qu’avec ou sans prestation de serment, il n’en demeurait pas moins Français par adoption » [15]. L’acquisition de la citoyennetĂ© française grĂące Ă  cette loi ne demande pas le consentement de l’étranger concernĂ©. Il devient Français de plein droit », c’est-Ă -dire automatiquement, s’il remplit les conditions fixĂ©es, en particulier les 5 annĂ©es de rĂ©sidence. Il est difficile de savoir comment cette loi fut appliquĂ©e, car aucun document de cette Ă©poque ne fait Ă©tat de l’acquisition de la citoyennetĂ© par un Ă©tranger de cette maniĂšre. Et si elle le fut, il semblerait que nombre de ceux qui en furent les bĂ©nĂ©ficiaires n’en fussent nullement informĂ©s ainsi que les autoritĂ©s de leur lieu de rĂ©sidence, Ă  moins qu’ils aient, eux-mĂȘmes, nĂ©gligĂ© de faire valoir leur droit Ă  la citoyennetĂ© comme, probablement, ces deux Ă©trangers vus lors de leur mariage sous l’Ancien RĂ©gime rĂ©sidant Ă  Nogent-sur-Seine depuis de nombreuses annĂ©es et rĂ©pondant aux critĂšres demandĂ©s. DĂ©cret du 6 aoĂ»t 1790 Dans son dĂ©sir d’égalitĂ© entre tous les citoyens français, indiffĂ©remment de leur origine, la Constituante dĂ©cide logiquement l’abolition des droits d’aubaine qui faisait du roi l’hĂ©ritier des biens des Ă©trangers. Au nom de cette grande maxime que la libertĂ© procure Les hommes forment une mĂȘme famille rĂ©pandue sur la surface de la terre », elle propose sous l’impulsion du dĂ©putĂ© BarrĂšre Que tout Ă©tranger vienne chercher en France une patrie ; qu’il puisse y sĂ©journer, sans crainte de voir ses hĂ©ritiers lĂ©gitimes, frustrĂ©s d’un bien qui doit naturellement leur appartenir ; qu’il y jouisse de la libertĂ© pendant sa vie, et ses enfants de sa bienfaisance aprĂšs sa mort. » Et ainsi, ultime rupture avec l’Ancien rĂ©gime, l’AssemblĂ©e nationale abolit, le 6 aoĂ»t 1790, le droit d’aubaine et de dĂ©traction » un dixiĂšme de l’hĂ©ritage retenu mettant en avant que ce droit, Ă©tabli dans les temps barbares, doit ĂȘtre proscrit chez un peuple, qui a fondĂ© sa constitution sur les droits de l’homme et du citoyen, et que la France libre doit ouvrir son sein Ă  tous les peuples de la terre, en les invitant Ă  jouir, sous un gouvernement libre, des droits sacrĂ©s et inviolables de l’humanitĂ© », cette mesure accordant aux Ă©trangers la libertĂ© la plus complĂšte » [16]. Les Ă©trangers installĂ©s en France et ayant prĂȘtĂ© le serment civique disposent maintenant de droits identiques Ă  ceux des Français d’origine. Loi des 9 – 15 dĂ©cembre 1790 Nouvelle Ă©tape vers plus d’universalitĂ© Voulant appliquer Ă  chacun sans aucune distinction –hormis envers les Ă©migrĂ©s et autres renĂ©gats- les droits accordĂ©s par la RĂ©volution, la Constituante va Ă©tendre par la loi des 9 – 15 dĂ©cembre 1790 article 22 la possibilitĂ© d’intĂ©gration des Ă©trangers aux naturels français » [17], descendants des religionnaires expatriĂ©s, c’est-Ă -dire les descendants de Français qui ont dĂ» quitter le royaume pour des questions religieuses, en particulier les protestants aprĂšs la rĂ©vocation de l’Édit de Nantes. Pour recouvrer la nationalitĂ© de leurs ancĂȘtres, ils seront cependant soumis aux mĂȘmes obligations que celles imposĂ©es aux autres Ă©trangers fixation du domicile en France et prestation du serment civique. C’est dans cette ambiance de gĂ©nĂ©rositĂ© et de fraternitĂ© envers tous les individus, mais surtout pour marquer la volontĂ© de rupture avec l’Ancien RĂ©gime, qu’est discutĂ©e Ă  l’AssemblĂ©e la Constitution de 1791. Constitution du 3 septembre 1791 La Constitution du 3 septembre 1791 reprend en grande partie dans son titre II les dispositifs des lois prĂ©cĂ©dentes et les complĂšte. Sont citoyens français Art. 2- Ceux qui sont nĂ©s en France d’un pĂšre français. Ceux qui, nĂ©s en France d’un pĂšre Ă©tranger, ont fixĂ© leur rĂ©sidence dans le Royaume. Ceux qui, nĂ©s en pays Ă©tranger d’un pĂšre français, sont venus s’établir en France et ont prĂȘtĂ© le serment civique. Enfin ceux qui, nĂ©s en pays Ă©tranger, et descendant, Ă  quelque degrĂ© que ce soit, d’un Français expatriĂ© pour cause de religion, viennent demeurer en France et prĂȘtent le serment civique. Art. 3 - Ceux, qui, nĂ©s hors du royaume, de parents Ă©trangers, rĂ©sident en France, deviennent citoyens français aprĂšs cinq annĂ©es de domicile continu dans le royaume, s’ils y ont, en outre, acquis des immeubles ou Ă©pousĂ© une Française, ou formĂ© un Ă©tablissement d’agriculture ou de commerce, et s’ils ont prĂȘtĂ© le serment civique. Art. 4- Le pouvoir lĂ©gislatif pourra, pour des considĂ©rations importantes, donner Ă  un Ă©tranger un acte de naturalisation, sans autres conditions que de fixer son domicile en France, et d’y prĂȘter serment civique. Art. 5- Je jure d’ĂȘtre fidĂšle Ă  la Nation, Ă  la loi et au roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution du Royaume, dĂ©crĂ©tĂ©e par l’AssemblĂ©e nationale constituante aux annĂ©es 1789, 1790 et 1791. Art. 6-La qualitĂ© de citoyen français se perd entre autre 1. Par la naturalisation en pays Ă©tranger. 2. Par la condamnation aux peines qui emportent la dĂ©gradation civique, tant que le condamnĂ© n’est pas rĂ©habilitĂ©. 
 Concernant la citoyennetĂ© française, l’AssemblĂ©e constituante adopte une position plus libĂ©rale encore que dans la loi de 1790 et offre aux Ă©trangers relativement facilement la possibilitĂ© de devenir citoyen et par contrecoup Français. Elle donne la primautĂ© au droit du sol, jus soli », avec cependant une exception ceux nĂ©s en pays Ă©tranger d’un Français expatriĂ©, il y a pour eux, la reconnaissance du droit du sang, jus sanguinis ». La citoyennetĂ© reste toujours de plein droit, sans que le pouvoir exĂ©cutif ou lĂ©gislatif n’ait Ă  intervenir, sous rĂ©serve toutefois de prĂȘter le serment civique. Cette derniĂšre obligation a une double valeur elle suppose par ce serment la dĂ©marche volontaire de l’étranger de manifester son intention de devenir citoyen français, mais surtout elle est la preuve de son engagement en faveur de la RĂ©volution. Par cette obligation, l’acquisition de la citoyennetĂ© française n’est plus automatique comme auparavant. A noter que dans l’Art. 4, le pouvoir lĂ©gislatif se rĂ©serve le droit d’accorder la naturalisation Ă  un Ă©tranger pour des considĂ©rations importantes » s’il fixe son domicile en France et prĂȘte le serment civique. Ici, la naturalisation est liĂ©e, de maniĂšre indubitable, Ă  la rĂ©sidence, mais surtout au serment civique ! Les considĂ©rations importantes ne sont pas dĂ©finies, mais laissent supposer des manifestations d’approbation et d’adhĂ©sion Ă  la RĂ©volution. Cet article trouvera sa concrĂ©tisation avec la loi du 25 aoĂ»t 1792 qui, comme nous le verrons, permettra d’accorder la citoyennetĂ© française Ă  des intellectuels Ă©trangers. L’application de l’article 5 concernant le serment civique fut l’objet d’objections de la part de dĂ©putĂ©s quant Ă  l’étendue de son interprĂ©tation Le serment civique est la base du dĂ©cret qui en fait, en quelque sorte, la pierre de touche Ă  laquelle on doit reconnaĂźtre 
 les citoyens sincĂšrement attachĂ©s Ă  la Constitution, mais cette mĂȘme Constitution, qui assure protection Ă  tous les citoyens, ne le prescrit nulle part impĂ©rieusement, si ce n’est aux Ă©trangers qui veulent devenir Français ; son dĂ©faut n’est point au nombre des conditions qui, art. 6 titre 1er, font perdre la qualitĂ© de citoyen français. Il est seulement exigĂ© pour exercer les droits de citoyen actif » [18], nouvelle preuve que, pour les Ă©trangers, citoyennetĂ© et nationalitĂ© se trouvent liĂ©es, avec comme consĂ©quence que l’étranger, astreint au serment civique, devient automatiquement citoyen français dĂ©tenteur de droits politiques. MalgrĂ© tout, une nouvelle divergence d’interprĂ©tation voit le jour. C’est, par exemple, Daniel de Folleville qui, dans son traitĂ© sur la naturalisation, dĂ©clare La naturalisation rĂ©sultait ipso facto du concours des conditions exigĂ©es indĂ©pendamment de toute manifestation de volontĂ© de la part des intĂ©ressĂ©s », [19] donc du serment civique, mais, dans ce cas, toujours selon lui, l’étranger naturalisĂ© ne serait pas reconnu comme citoyen français, mais comme Français par adoption » sans droits politiques. A l’inverse, tous les Français qui se sont coupĂ©s de la nation, c’est-Ă -dire en particulier les Ă©migrĂ©s, les ecclĂ©siastiques rĂ©fractaires, perdent leur qualitĂ© de citoyens français, mais comme les dĂ©putĂ©s Moreau et Roederer le rĂ©pĂštent Ă  plusieurs reprises lors de la discussion de l’article 6 Une personne peut encourir les peines de dĂ©gradation civique, et pour cela, ne pas cesser d’ĂȘtre citoyen français. Il sic perd bien le droit de citoyen, mais il est toujours Français. 
 On peut interdire la condition de citoyen français actif, mais on ne peut pas rayer de la liste des citoyens non actifs », Il est toujours Français ! » [20]. En consĂ©quence, sont citoyens français dotĂ©s de droits politiques tous ceux qui, nonobstant leur origine, manifestent par le serment civique leur attachement aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, les autres Ă©tant considĂ©rĂ©s comme des Français non actifs », sans droits politiques, car Ă©trangers Ă  la RĂ©volution. Devenir Citoyen français en 1791 Seconde tendance suspicion et mĂ©fiance 1792 - 1793, annĂ©es charniĂšres L’annĂ©e 1792 marqua le dĂ©but de la campagne militaire contre les troupes austro-prussiennes avec comme fait marquant la Bataille de Valmy le 21 septembre 1791. A l’inverse, l’annĂ©e 1793 fut une annĂ©e terrible. La France semblait perdue elle n’avait plus d’armĂ©es, elle n’avait plus ni fusils ni canons, elle n’avait plus de poudre. Les armĂ©es ennemies avaient franchi toutes les frontiĂšres et envahissaient le pays. En politique intĂ©rieure, l’AssemblĂ©e Nationale Constituante fit place le 1 octobre 1791 Ă  l’AssemblĂ©e LĂ©gislative qui, elle-mĂȘme, sera remplacĂ©e de 20 septembre 1792 par la Convention, assemblĂ©e dans laquelle les deux groupes politiques principaux, les Montagnards et les Girondins, tenteront d’imposer leur propre conception des destinĂ©es de la Nation, d’oĂč des affrontements de plus en plus violents qui aboutiront, sous l’influence de Saint-Just et de Robespierre, Ă  l’instauration de la Terreur le 5 septembre 1793. Les premiers concernĂ©s par tous ces bouleversements seront les Ă©trangers. DĂšs 1793 apparaitront deux courants opposĂ©s quant Ă  l’accueil qui leur sera fait. Si, au dĂ©but, ils sont toujours accueillis sur le sol français de maniĂšre trĂšs bienveillante, voire mĂȘme avec enthousiasme, en particulier ceux qui ont dĂ©sertĂ© des troupes ennemis et qui vont devenir les dĂ©serteurs Ă©trangers Ă  Valmy », avec les revers militaires, la volontĂ© d’universalisme fera progressivement place Ă  une hostilitĂ© envers eux qui va trouver son expression dans une lĂ©gislation de plus en plus restrictive. L’AssemblĂ©e lĂ©gislative Au dĂ©but de cette annĂ©e 1792, l’AssemblĂ©e lĂ©gislative continuant la politique de la Constituante, manifeste toujours autant de gĂ©nĂ©rositĂ© et de bienveillance envers les Ă©trangers arrivant sur le territoire alors que, parallĂšlement, va progressivement s’installer un systĂšme inquisitoire avec la crĂ©ation du certificat de civisme, indispensable sĂ©same prĂ©alable Ă  toute activitĂ©. Le but de ce certificat est d’exercer un contrĂŽle sur chacun, Ă©tranger ou citoyen et avant tout de surveiller son patriotisme. Car, ce document sera Ă  l’origine d’une vĂ©ritable mise en fiche de toute la population avec des consĂ©quences d’une importance vitale pour celui qui se le verra refuser ou ĂŽter. Chacun essaiera d’obtenir le plus rapidement possible ce document. A titre d’exemple, le 2 dĂ©cembre 1792, Louis François Clopin, notaire Ă  Chesley dans l’Aube, sollicite auprĂšs de la municipalitĂ© ce fameux certificat Nous, maire, officiers municipaux, notables et procureur de la commune de Chesley, chef-lieu de ce canton, certifions que le citoyen Louis François Clopin, notaire demeurant Ă  Chesley, a toujours et dans tous les temps et dĂšs le commencement de la RĂ©volution française prouvĂ© et dĂ©montrĂ© publiquement partout oĂč il s’est trouvĂ© un civisme, un patriotisme incontestable, en foy de quoy nous luy avons donnĂ© le prĂ©sent certificat aprĂšs avoir entendu le rĂ©quisitoire du procureur de la commune ». Muni de ce certificat, il pourra continuer Ă  vaquer Ă  ses activitĂ©s habituelles. Pour les Ă©trangers, essentiellement ceux qui dĂ©sertent les troupes ennemies pour rejoindre les combattants français, la situation est encore pleine de promesses. Tout est fait pour qu’ils trouvent sur leur nouvelle terre d’accueil des conditions de vie opposĂ©es Ă  celles qu’ils avaient connues jusque-lĂ  [21]. D’oĂč toute une sĂ©rie de lois en leur faveur. Loi du 3 aoĂ»t 1792 La loi relative aux Sous-officiers et Soldats des armĂ©es ennemies qui abandonneraient leurs drapeaux pour venir se ranger sous ceux des François » concerne tous ceux qui, par la suite, seront dĂ©signĂ©s par l’expression DĂ©serteurs Ă©trangers », et le 27 aoĂ»t 1792, cette loi est Ă©tendue aux officiers 
 qui embrassent la cause de la libertĂ© ». Ainsi, tous les combattants ennemis dĂ©serteurs, quel que soit leur grade, bĂ©nĂ©ficient d’avantages rĂ©compensant leur acte. Ces lois sont un vĂ©ritable manifeste en faveur de la dĂ©sertion. Elles ont en premier lieu un but militaire faire tout ce qui tend au succĂšs des armes de la nation Françoise et au triomphe de la cause de la libertĂ© » et ne nĂ©gliger aucun moyen de terminer une guerre que la nation Françoise n’a entreprise que pour dĂ©fendre la Constitution et son indĂ©pendance », ce qui impliquait que l’AssemblĂ©e Nationale considĂ©rant que les hommes libres ont seuls une patrie ; que celui qui abandonne une terre asservie pour se rĂ©fugier sur celle de la libertĂ©, ne fait qu’user d’un droit lĂ©gitime » et qu’en consĂ©quence la nation Française n’en doit pas moins, ne fĂ»t-ce qu’à titre d’indemnitĂ©, des marques de reconnaissances et de son intĂ©rĂȘt aux guerriers Ă©trangers qui viennent se ranger sous les drapeaux, ou qui abandonnent ceux de ses ennemis pour n’ĂȘtre pas forcĂ©s Ă  tourner leurs armes contre un peuple dont tous les vƓux et tous les principes appellent la paix universelle et le bonheur de tous les hommes ». A ce prĂ©ambule plein d’enthousiasme et de pathos dans lequel la dĂ©sertion est uniquement considĂ©rĂ©e comme un acte volontaire, suivent des mesures concrĂštes explicitant la maniĂšre dont ces Ă©trangers doivent ĂȘtre accueillis Si l’Article premier est politique Les sous-officiers et soldats des armĂ©es ennemies qui, jaloux de vivre sur la terre de la libertĂ© & de l’égalitĂ©, abandonneront les drapeaux d’une puissance en guerre avec la France, & se prĂ©senteront soit Ă  un poste militaire, soit Ă  une des autoritĂ©s constituĂ©es, soit Ă  un citoyen François, seront accueillis avec amitiĂ©s & fraternitĂ©, & recevront d’abord comme signe d’adoption une cocarde aux trois couleurs », les articles suivant sont par contre trĂšs concrets 
 aprĂšs avoir fait la dĂ©claration de vouloir embrasser la cause de la libertĂ©, ils recevront Ă  titre d’indemnitĂ© des sacrifices qu’ils auront pu faire, un brevet de pension viagĂšre 
. ; ils seront en outre admis Ă  prĂȘter le serment civique, & il leur sera dĂ©livrĂ© une expĂ©dition du procĂšs-verbal de la prestation de leur serment ». Ces combattants dĂ©serteurs qui abandonnent les armĂ©es ennemies et qui font la dĂ©claration d’embrasser la cause de la libertĂ© », donc supposĂ©s adhĂ©rer aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, reçoivent la cocarde aux trois couleurs » et sont admis Ă  prĂȘter le serment civique ». Selon ce processus, ils deviennent de fait citoyens, mais sont-ils Français ? Je crois qu’à cette question, nous pouvons rĂ©pondre par l’affirmative bien que nous ne disposions d’aucun document qui indiquent de maniĂšre indubitable leur nationalitĂ©. La naturalisation reste certes toujours subordonnĂ©e Ă  5 ans de rĂ©sidence continue sur le territoire, mais dĂšs le 25 aoĂ»t, ils bĂ©nĂ©ficieront des mesures de la nouvelle loi servir la cause de la libertĂ© ». De plus, comme nous le verrons par la suite, l’attitude des autoritĂ©s Ă  leur Ă©gard indique qu’ils sont reconnus comme tels une premiĂšre fois, lorsque les ComitĂ©s de salut public convoquent tous les Ă©trangers, eux restent Ă  l’écart et une seconde fois, lorsque les SociĂ©tĂ©s Populaires tentent vainement de leur interdire le port de la cocarde pour ne plus voir en eux que des Ă©trangers prisonniers de guerre. Français certes, mais Français jouissant d’un statut particulier, car, lorsqu’ils seront chassĂ©s des armĂ©es pour ĂȘtre rĂ©partis dans les communes le 12 Frimaire An 2 2 dĂ©cembre 1793, ils seront contraints bien que toujours coiffĂ©s de la cocarde tricolore, de porter comme signe distinctif la lettre E » façonnĂ©e en drap d’une couleur tranchante avec celle de l’habit, et cousue sur les deux bras » de leur veste afin de pouvoir ĂȘtre surveillĂ©s avec plus de sĂ©vĂ©ritĂ© ». Les actes administratifs mentionneront certes comme origine dĂ©serteur Ă©tranger » mais feront frĂ©quemment abstraction de leur nationalitĂ© au moment de leur dĂ©sertion. Si pour les dĂ©serteurs-citoyens, l’attribution de la cocarde aux trois couleurs » a valeur de laisser-passer qui leur donne la libertĂ© de circulation, elle a, pour les autoritĂ©s, une importance prĂ©pondĂ©rante. Elle est le symbole d’un engagement politique et constitue le signe extĂ©rieur de ralliement Ă  la RĂ©volution française. Ainsi, la cocarde permet de diffĂ©rencier le citoyen français, indiffĂ©remment de son origine, favorable aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, le bon citoyen aux yeux des autoritĂ©s, de l’étranger Ă  la RĂ©volution, voire de son ennemi, qui, lui, refuse le port la cocarde tricolore. A l’inverse, interdire le port de la cocarde Ă  un individu, lui ĂŽte du mĂȘme coup la qualitĂ© de citoyen. ConsĂ©quence logique de cette volontĂ© de diffĂ©renciation le 8 juillet 1792, son port est rendu obligatoire pour les hommes, et le 21 septembre 1793, pour les femmes. Le refus de la porter rend suspect, chaque commune prouvant son ardeur rĂ©volutionnaire en appliquant ces mesures avec beaucoup de zĂšle, comme par exemple, le ComitĂ© de Salut Public de Nogent-sur-Seine qui, le 14 NivĂŽse An 2 3 janvier 1794 dĂ©cide Le ComitĂ© rĂ©volutionnaire de Nogent-sur-Seine prĂ©vient que les femmes qui seront trouvĂ©es dans les rues sans ĂȘtre dĂ©corĂ©es de la cocarde tricolore seront punies de huit jours d’emprisonnement conformĂ©ment Ă  la Loi du 21 septembre dernier dont l’exĂ©cution est recommandĂ©e aux portes de la maison commune » [22]. Loi du 25 aoĂ»t 1792 L’esprit qui inspire cette loi, explicite en fait l’acquisition de la citoyennetĂ© prĂ©vue par la Constitution de 1791. Toujours empreinte du mĂȘme dĂ©sir d’accueillir tous ceux qui sont supposĂ©s favorables aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, la pĂ©tition lue la veille par Marie-Joseph ChĂ©nier devant la Convention en rĂ©sume l’objectif Tous ceux qui, dans les diverses contrĂ©es du monde, ont mĂ»ri la raison humaine et prĂ©parĂ© les voies de la libertĂ©, doivent ĂȘtre regardĂ©s comme les alliĂ©s du peuple français » [23]. Le 25 AoĂ»t 1792, la Loi qui confĂšre le titre de Citoyen Français Ă  plusieurs Ă©trangers » concrĂ©tise l’article 4 du titre II de la Constitution du 3 septembre 1791 concernant l’attribution de la qualitĂ© de citoyen français Ă  des Ă©trangers pour des considĂ©rations importantes » L’AssemblĂ©e Nationale, considĂ©rant que des hommes qui, par leurs Ă©crits & par leur courage, ont servi la cause de la libertĂ©, & prĂ©parĂ© l’affranchissement des peuples, ne peuvent ĂȘtre regardĂ©s comme Ă©trangers par une Nation que ses lumiĂšres & son courage ont rendue libre. ConsidĂ©rant que, si cinq ans de domicile en France, suffisent pour obtenir Ă  un Ă©tranger le titre de citoyen français, ce titre est bien plus justement dĂ» Ă  ceux qui, quel que soit le sol qu’ils habitent, ont consacrĂ© leurs bras & leurs veilles Ă  dĂ©fendre la cause des peuples contre le despotisme des rois, Ă  bannir les prĂ©jugĂ©s de la terre, & Ă  reculer les bornes des connaissances humaines. 
 ConsidĂ©rant enfin qu’au moment oĂč une convention nationale va fixer les destinĂ©es de la France & prĂ©parer peut ĂȘtre celle du genre humain, il appartient Ă  un peuple gĂ©nĂ©reux & libre, d’appeler toutes les lumiĂšres & de dĂ©fĂ©rer le droit de concourir Ă  ce grand acte de raison, Ă  des hommes qui par leurs sentiments, leurs Ă©crits & leur courage s’en sont montrĂ©s si Ă©minemment dignes ». Dans sa thĂšse GenĂšse du code de la nationalitĂ© française », Pierre BertĂ© considĂšre cette loi comme l’ouverture de la nationalitĂ© française et de la citoyennetĂ© française aux personnes prĂ©sumĂ©es favorables Ă  la RĂ©volution » [24]. Mais, cette mesure ne sera pas sans provoquer des oppositions au sein de la Convention Je ne m’oppose point, a dit M. Lasource, dĂ©putĂ© Ă  ce que le titre de citoyen soit accordĂ© aux Ă©trangers qui ont dĂ©fendu par leurs Ă©crits la cause de la libertĂ© mais je m’oppose Ă  ce qu’on le leur accorde avant qu’ils le demandent » [25]. Car, cette dĂ©cision de confĂ©rer solennellement la citoyennetĂ© française Ă  d’illustres personnages Ă©trangers s’adresse Ă  des individus qui pour certains ignorent tout de la langue et des mƓurs françaises et consĂ©quemment, effet imprĂ©vu par ses auteurs, cette loi permet selon Jean Bart la dualitĂ© ĂȘtre Ă  la fois Ă©tranger et citoyen » [26], car ce titre n’est assujetti Ă  aucune des obligations habituelles rĂ©sider en France et y prĂȘter le serment civique. Pour Patrick Weil, ce qui leur est attribuĂ©, c’est une citoyennetĂ© d’honneur » [27], l’acte de naturalisation ne prenant effet qu’avec leur installation en France et la prestation du serment civique. Pour lire la suite... CetterĂ©flexion concise mais riche le conduit en conclusion Ă  un certain nombres de considĂ©rations sur la RĂ©volution Ă  venir. Ce document de l’INA (9’43) est Ă  Ă©couter mais aussi Ă  regarder et voir car car les images de Pierre Gaxotte sont sont rares) Sur le fond, on le sent convaincu que nos souverains ont Ă©tĂ© au sens vrai du terme des rois de progrĂšs. academie Pour que le complotisme se hausse Ă  une vision globale de l’Histoire, il fallait que se produise un grand bouleversement qui paraisse inexplicable. Telle est la RĂ©volution française un Ă©vĂ©nement qui en moins de trois ans balaie la plus ancienne monarchie d’Europe, dont personne n’arrive Ă  freiner le cours ni Ă  stopper la radicalisation, qui voit la France, rĂ©duite Ă  ses seules forces, parvenir Ă  tenir tĂȘte aux coalitions europĂ©ennes, et bouleverse finalement presque toute l’Europe continentale. Comment rendre compte de cet Ă©vĂ©nement – de cette catastrophe, pensent les hommes qui lui sont hostiles ? Joseph de Maistre, dans ses ConsidĂ©rations sur la France 1796, estime que l’action de Dieu est derriĂšre tout cela la France Ă©tait selon lui le pays le plus influent de la chrĂ©tientĂ©, elle a dĂ©moralisĂ© » l’Europe en diffusant les LumiĂšres, elle est donc punie afin qu’elle retrouve le chemin du catholicisme. L’abbĂ© Barruel est un jĂ©suite. Il a connu en mars 1764 l’expulsion des jĂ©suites dĂ©cidĂ©e par Louis XV, et la suppression de l’ordre en 1773 par le pape ClĂ©ment XIV. À l’étĂ© 1774, il est devenu prĂ©cepteur des princes saxons. CultivĂ©, il aime la littĂ©rature, mais la RĂ©volution, dont il suit les dĂ©buts en France, lui permet de dĂ©velopper sa vĂ©ritable vocation de polĂ©miste. Comme une grande moitiĂ© des catholiques, il refuse la Constitution civile du clergĂ©, puis quitte la France lorsque la monarchie s’effondre, le 10 aoĂ»t 1792, et se rĂ©fugie en Angleterre. À partir de 1798, il fait paraĂźtre ses MĂ©moires pour servir Ă  l’histoire du jacobinisme 5 volumes et deux volumes abrĂ©gĂ©s, 1798-1799 prĂ©sentant la rĂ©volution comme le rĂ©sultat d’un complot maçonnique, idĂ©e qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par l’Écossais John Rodison en 1797. La conspiration », pour reprendre le terme qu’il utilise, a d’abord Ă©tĂ© celle de Voltaire, Diderot, d’Alembert et FrĂ©dĂ©ric II. Puis elle a gagnĂ© les milieux de la franc-maçonnerie qui s’est dĂ©veloppĂ©e au XVIIIe siĂšcle par le biais des Illuminati » de BaviĂšre. Elle vise Ă  supprimer le christianisme et la royautĂ©, pour aboutir au triomphe des idĂ©es cosmopolites des LumiĂšres. Mais qui sont les fameux Illuminati ? Il s’agit d’un ordre, d’une sociĂ©tĂ© secrĂšte diffusant les idĂ©es radicales des LumiĂšres d’oĂč son nom fondĂ©e par le professeur de droit Adam Weishaupt 1748-1830. En 1776, il ne s’agit encore que d’un regroupement de ses anciens Ă©lĂšves. Mais des relations maçonniques de Weishaupt le structurent en un vĂ©ritable ordre qui est reconnu en 1782 par la franc-maçonnerie. Il s’étend jusqu’à compter environ 300 membres. En 1785, l’ordre est interdit par les autoritĂ©s bavaroises, en mĂȘme temps que l’ensemble de la franc-maçonnerie est rĂ©primĂ© en BaviĂšre, et Wesphaupt doit passer en Saxe. Pour Barruel, l’histoire des Illuminati ne s’arrĂȘte pas en 1785. Ils subvertissent et dominent l’ensemble de la franc-maçonnerie, engendrant les Jacobins. Mirabeau et La Fayette, ne sont que leurs instruments
 L’Ɠuvre de Barruel nous permet de saisir quelques-uns des traits du complotisme le complotisme part souvent de faits rĂ©els, de constats de dĂ©tail. Mais il en grossit dĂ©mesurĂ©ment la portĂ©e. Il existe bien dans la sociĂ©tĂ© prĂ©-rĂ©volutionnaire, des rĂ©seaux, des sociĂ©tĂ©s parfois secrĂštes, des clubs, qui crĂ©ent des solidaritĂ©s et qui diffusent une idĂ©ologie. La franc-maçonnerie, comme les AcadĂ©mies de province, tout ce que l’on appelle depuis Augustin Cochin les sociĂ©tĂ©s de pensĂ©e », ont bien Ă©tĂ© des lieux de diffusion des idĂ©es des LumiĂšres. Depuis les travaux de Daniel Mornet dans l’entre-deux-guerres, l’histoire culturelle a Ă©tĂ© trĂšs attentive aux canaux de diffusion des idĂ©es nouvelles non seulement dans les Ă©lites, mais dans des secteurs plus larges de l’opinion Roger Chartier. Chaque fois que la pensĂ©e complotiste dĂ©couvre un lieu oĂč s’échange des idĂ©es, et oĂč des membres de l’élite politique, administrative ou culturelle se retrouvent, elle en dĂ©duit l’existence d’un complot. Quand l’abbĂ© Barruel lit une lettre de Voltaire Ă  d’Alembert 1761 dans laquelle le philosophe souhaite que FrĂ©dĂ©ric II protĂšge une petite colonie de philosophes qui s’installeraient Ă  ClĂšves pour y Ă©crire Ă  l’abri de toute censure, il y voit les dĂ©buts de la conspiration rĂ©volutionnaire. Chaque citation est interprĂ©tĂ©e comme un indice rĂ©vĂ©lant une rĂ©alitĂ© volontairement dissimulĂ©e. Et cela d’autant plus que les circonstances ne pĂšsent rien, car l’Histoire est toute entiĂšre dĂ©terminĂ©e par l’action de groupes organisĂ©s. On peut citer la prĂ©face du premier volume des MĂ©moires Dans cette RĂ©volution française, tout jusqu’à ses forfaits les plus Ă©pouvantables, tout a Ă©tĂ© prĂ©vu, mĂ©ditĂ©, combinĂ©, rĂ©solu, statuĂ© ; tout a Ă©tĂ© l’effet de la plus profonde scĂ©lĂ©ratesse, puisque tout a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©, amenĂ© par des hommes qui avaient seul le fil des conspirations longtemps ourdies dans des sociĂ©tĂ©s secrĂštes, et qui ont su choisir et hĂąter les moments propices au complot. » p. XIV. Certes, l’histoire de la franc-maçonnerie est bien celle d’une sociĂ©tĂ© qui a eu de l’influence, qui regroupait des opposants au rĂ©gime en place, puis, sous la TroisiĂšme RĂ©publique, d’une structure de concertation des rĂ©publicains surtout radicaux tant qu’il n’y a pas eu de partis politiques vraiment structurĂ©s ils apparaissent en France avec la loi de 1901 ; la maçonnerie fonctionne comme une sorte de lobby » laĂŻque parmi d’autres Ă  partir des annĂ©es 1870, constat que l’on peut aisĂ©ment documenter. La spĂ©cificitĂ© du complotisme consiste Ă  lui accorder une homogĂ©nĂ©itĂ© et une organisation parfaite autour d’un projet stratĂ©gique ultra-dĂ©terminĂ©, ainsi qu’une toute-puissance absolue. À sa place dans l’histoire de la sociabilitĂ© politique et d’une histoire de l’opinion, la franc-maçonnerie offre un piĂštre Deus ex machina de l’Histoire. Le dĂ©voilement d’une histoire secrĂšte fascine, et il est bien utile Ă  l’économie Interne du complotisme la disparition des Illuminati en 1785 en fait un acteur fantasmatique idĂ©al. Et dans ce fantasme, se mĂȘlent intimement rĂ©alitĂ© et fiction. Le romancier Dan Brown fait ainsi paraĂźtre en 2000 Anges et DĂ©mons, et contribue puissamment au retour » des Illuminati, qui cette fois veulent faire sauter le Vatican. ParallĂšlement, les Illuminati sont devenus sur Internet les acteurs non plus de la RĂ©volution, mais de la mondialisation, autre phĂ©nomĂšne bouleversant le monde que nous connaissons et dont l’explication est longue et complexe


Considérationssur les principaux événements de la Révolution Française: ouvrage posthume, Volume 2. Madame de Staël. Delaunay, 1818 - 732 pages. 0 Reviews . Preview this book » What people are saying - Write a review. We haven't found any reviews in the usual places. Selected pages. Title Page. Table of Contents. Contents

C’est une banalitĂ© de dire que notre monde est envahi par des images toujours plus prĂ©sentes au cinĂ©ma, Ă  la tĂ©lĂ©vision, sur les affiches publicitaires, dans les bandes dessinĂ©es et les jeux vidĂ©os. Dans ce contexte, l’image en mouvement et plus particuliĂšrement le cinĂ©ma apparaĂźt comme un champ de recherche important et a fortiori comme un objectif Ă©ducatif prioritaire l’abondance des images, la prĂ©sence des Ă©quipements informatiques mettent Ă  la disposition des professeurs et des Ă©lĂšves des supports d’apprentissage nombreux et des occasions de connaissance multipliĂ©es. Seule la cohĂ©rence du projet pĂ©dagogique, construit par rapport aux objectifs essentiels, permet le choix des techniques, des mĂ©thodes et des documents les plus pertinents »Annexes Ă  l’arrĂȘtĂ© du 14 novembre 1985, parues en 1987 et en 1989 Instructions gĂ©nĂ©rales. Une question se pose alors comment utiliser et exploiter un savoir mĂ©diatisĂ© Ă  la fois pour le chercheur et pour l’enseignant ? I- L’image en mouvement une source pour l’historien ? L’image d’Epinal, la bande dessinĂ©e, les rĂ©cits de grands-parents, les romans historiques, les films, la tĂ©lĂ©vision vĂ©hiculent des connaissances dans lesquelles la part de fiction et des reprĂ©sentations est essentielle. Le savoir historique peut donc ĂȘtre mĂ©diatisĂ© par diffĂ©rents canaux parmi lesquels le cinĂ©ma occupe une place de plus en plus prĂ©pondĂ©rante. Ainsi, comme le souligne l’historien Christian DelageDELAGE Christian, article CinĂ©ma et Histoire, un Ă©tat des lieux », revue M’Scope, CRDP de Versailles, n°7, mai 1994, les correspondances entre image et Histoire peuvent se comprendre soit comme l’adaptation de la mĂ©thode historique Ă  l’objet particulier qu’est le film, fiction ou documentaire, soit comme la prise en compte du film comme source historique Ă  part entiĂšre ». En outre, les historiens trouvent lĂ©gitime de critiquer les films de fiction Ă  caractĂšres historiques. Il s’agit au contraire de comprendre dans quel contexte se construit le film et de mesurer quelle distance celui-ci peut prendre par rapport Ă  la rĂ©alitĂ© historique. Par ailleurs, contrĂŽler le passĂ© a toujours aidĂ© Ă  maĂźtriser le prĂ©sent. Ainsi, l’instrumentalisation de la mĂ©moire est essentielle pour dominer les masses. L’engouement actuel pour les images rĂ©vĂšle donc l’enjeu d’une mĂ©moire dont l’historien est le garant contestĂ©. Pierre Nora va au-delĂ  lorsqu’il dit les mass mĂ©dias ont dĂ©sormais le monopole de l’Histoire ». Dans ce cadre, l’image filmĂ©e entre dans la dĂ©finition des les lieux de mĂ©moire ». En effet, la dĂ©mocratisation de l’enseignement et la diffusion des connaissances historiques par d’autres moyens mĂ©diatiques contribuent Ă  Ă©clairer le citoyen sur le fonctionnement de sa propre citĂ© et sur les usages politiques de l’Histoire. 1 Historiographie L’intĂ©rĂȘt des historiens pour le cinĂ©ma est relativement rĂ©cent. En effet, en 1971, Marc Ferro s’interroge sur les relations entre cinĂ©ma et Histoire et pose la question sous forme de boutade du film comme document indĂ©sirable pour l’historien ? » Article repris in CinĂ©ma et Histoire, par M. Ferro, Paris, Gallimard, folio Histoire, 1993, Marc, CinĂ©ma et Histoire, Gallimard, rĂ©ed. 1993, Ainsi, dans son article, Marc Ferro souligne que les sources utilisĂ©es par l’historien forment un corpus aussi hiĂ©rarchisĂ© que la sociĂ©tĂ©, avec en tĂȘte les archives d’Etat et Ă  l’arriĂšre plan les matĂ©riaux filmiques. Selon cette considĂ©ration, le film n’entre pas dans l’univers mental de l’historien. TrĂšs vite, l’attitude des chercheurs s’avĂšre plus nuancĂ©e au point de rendre Ă©vident le lien entre cinĂ©ma et Histoire. Il convient alors d’énoncer l’histoire rĂ©cente de cette relation longtemps contestĂ©e en privilĂ©giant les grandes pistes historiographiques. Marc Ferro, dans le cadre de ses recherches, fait figure de vĂ©ritable prĂ©curseur dans ce domaine. En effet, la plupart des historiens, incapables de considĂ©rer le film comme une source d’information, nĂ©gligeaient ce champ de recherche. Avec Marc Ferro, l’historien pressent que le cinĂ©ma, Ă  travers un discours explicite, permet d’atteindre un message implicite et constitue, documentaire ou fiction, un ensemble d’archives inestimables. Un nouveau champ d’investigation actuellement en cours d’exploitation s’ouvre Ă  l’appĂ©tit des historiens. Le film devient alors objet d’étude pour lui-mĂȘme et acquiert dans cette perspective un statut de document d’Histoire. De fait, depuis ces recherches pionniĂšres, on assiste Ă  un vĂ©ritable engouement des Ă©tudes historiques pour le cinĂ©ma. En 1972 par exemple, RenĂ© PrĂ©dal publie chez Armand Colin dans la collection U2 La sociĂ©tĂ© française Ă  travers le cinĂ©ma, 1914/1945. Plus rĂ©cemment, M. Langny publie en 1990 aux Ă©ditions Armand Colin un ouvrage intitulĂ© De l’Histoire au cinĂ©ma
 qui fait le point sur l’évolution de la recherche dans ce domaine. En octobre 2001 le numĂ©ro 561 des Cahiers du cinĂ©ma intitulĂ© le cinĂ©ma rattrapĂ© par l’Histoire » pose des problĂ©matiques intĂ©ressantes sur la lecture historique du film et la lecture cinĂ©matographique de l’Histoire. Ainsi, de La grande illusion Ă  Lacombe Lucien, de M le maudit aux Sentiers de la gloire en passant par La marseillaise ou le Danton de Wajda, les historiens font apparaĂźtre les nombreuses interfĂ©rences entre Histoire et cinĂ©ma qui permettent de mieux apprĂ©hender les sociĂ©tĂ©s actuelles et anciennes. Par ailleurs, depuis cet approfondissement de la recherche en Histoire, la mĂ©thodologie d’analyse s’est diversifiĂ©e. Il faut remercier l’apport prĂ©cieux des Ă©tudes thĂ©oriques et esthĂ©tiques de chercheurs comme Jacques Aumont et Michel Marie qui considĂšrent le film comme objet d’art, comme produit artistique. Dans un ouvrage qualifiĂ© par la revue Avant scĂšne cinĂ©ma de bible et sĂ©same appliquĂ©s au cinĂ©ma » ces deux chercheurs dĂ©gagent de façon pertinente les acquis mĂ©thodologiques des axes de recherches liĂ©es Ă  l’analyse filmique. Toutefois, ils ne prĂ©conisent pas une mĂ©thode universelle mais des pistes de rĂ©flexion comme le titre de leur ouvrage l’indique AUMONT Jacques et MARIE Michel, L’analyse des films, Nathan cinĂ©ma, 1988. il ne s’agit pas de l’analyse de film mais de l’analyse des films, car chaque objet observĂ© recĂšle sa part d’originalitĂ©. PassionnĂ© par le cinĂ©ma, Pierre Sorlin a orientĂ© ses recherches sur le neuviĂšme art dans le mĂȘme sens en Ă©tudiant avec prĂ©cision le montage et le dĂ©coupage des films. Toutefois, conservant une approche technique et sĂ©miologique, il va trĂšs vite mettre en relief les interfĂ©rences entre cinĂ©ma et sociĂ©tĂ©. Son ouvrage Sociologie du cinĂ©ma ouverture pour l’Histoire de demain Paris, Aubier, collection historiques, 1977 fait date dans ce domaine. En effet, il montre que l’utilisation et la pratique de modes d’écriture spĂ©cifiques joignent la sociĂ©tĂ© qui produit le film Ă  la sociĂ©tĂ© qui le reçoit. Ces aspects techniques sont donc de premier ordre pour un travail d’analyse filmique en classe. Comme le souligne Guy Hennebelle HENNEBELLE G., la marque Ferro », Ă©ditorial, CinĂ©ma et Histoire », revue CinĂ©mAction, 4iĂšme trimestre, 1992, la diversification de la mĂ©thodologie d’analyse des films nĂ©cessite la mise en place d’un examen spĂ©cifique d’autant plus important qu’il s’agira par la suite de le mettre Ă  profit lors d’une transposition didactique DĂ©coder, aller au delĂ  des fausses Ă©vidences d’une rĂ©ception passive, c’est bien. DĂ©coder un contenu, c’est beaucoup plus important. Et dĂ©masquer derriĂšre les images le vrai visage de la rĂ©alitĂ© historique et sociale, c’est beaucoup plus passionnant ». 2 Le film de fiction historique essai de typologie. La lecture cinĂ©matographique de l’Histoire pose Ă  l’historien le problĂšme de sa propre lecture du passĂ©. Les expĂ©riences des cinĂ©astes contemporains montrent que grĂące Ă  la mĂ©moire populaire et Ă  la tradition orale, le cinĂ©aste historien peut rendre Ă  la sociĂ©tĂ© une Histoire dont l’institution l’a dĂ©possĂ©dĂ©e. Mais au delĂ  d’un siĂšcle ou deux d’écart, la distance s’avĂšre excessive. Nous pouvons distinguer d’emblĂ©e deux genres de films exploitables par l’historien – Le film documentaire qui est censĂ© s’appuyer sur des documents, sur des tĂ©moignages ou sur une enquĂȘte. – Le film de fiction, historique ou non oĂč l’auteur peut exprimer en toute libertĂ© son imagination. Cependant, dans notre cadre, ce sont surtout les films de fiction historique qui attisent la curiositĂ© mĂȘme si la dramaturgie y est parfois sans rapport avec le contexte historique. En effet, l’analyse d’un film de fiction historique peut s’avĂ©rer plus riche dans un cours d’Histoire que celle d’un film documentaire, pour plusieurs raisons. D’une part, le film de fiction a l’avantage d’exprimer le non-dit le rĂȘve ou les grandes idĂ©es. D’autre part, il peut se rĂ©vĂ©ler efficace dans la dĂ©nonciation de problĂšmes politiques ou sociaux. Une Ɠuvre vraiment crĂ©atrice peut atteindre la vĂ©ritĂ© la plus profonde et exprimer les tendances marquantes d’une Ă©poque, parfois invisibles aux observateurs traditionnels. Le rĂ©alisateur n’est pas toujours conscient de la force et de la justesse de son message. Parmi ces films, ceux qui font allusion Ă  une pĂ©riode oĂč le cinĂ©ma n’existait pas, attirent l’attention car ils proposent des pistes de rĂ©flexion originales. Ainsi, les principaux problĂšmes que posent au rĂ©alisateur les films historiques prĂ©sentant une Ă©poque antĂ©rieure au XXĂšme siĂšcle sont essentiellement d’ordre intellectuel. Dans un article, Denys Arcand ARCAND Denys, Unesco revue Cultures numĂ©ro spĂ©cial cinĂ©ma et Histoire », tome II, 1974 Ă©numĂšre les trois freins structurels de l’entreprise cinĂ©-historienne la contradiction entre le mouvement cinĂ©matographique et la stabilitĂ© de la connaissance historique, la faible capacitĂ© de mĂ©morisation du spectateur et la lenteur informative du mĂ©dium vocal. MalgrĂ© la difficultĂ© de la tĂąche et les impĂ©ratifs imposĂ©s par le rĂ©cit cinĂ©matographique, il n’est toutefois pas rare de voir des historiens concourir Ă  la rĂ©alisation de films historiques de fiction et donner leur avis sur la vĂ©racitĂ© de telle ou telle sĂ©quence. L’Histoire, connaissance du passĂ© qui explique le prĂ©sent, a quatre sources principales qui inspirent abondamment les cinĂ©astes – L’institution. C’est l’Histoire officielle. L’Etat dĂ©termine la connaissance historique en dĂ©cidant des programmes et en nommant les enseignants c’est le discours du pouvoir. – La contre Histoire. C’est le contraire de ce que dit l’Histoire officielle. Mais en prĂŽnant la contestation idĂ©ologique, elle se rapproche parfois d’une autre Histoire officielle. – La mĂ©moire. On s’en sert pour Ă©crire l’Histoire. Cette mĂ©moire est discrĂ©ditĂ©e par l’institution qui voit en elle une Histoire vue sous un angle personnel. En fait, par sa subjectivitĂ©, la mĂ©moire nous trompe comme elle trompe l’Histoire. – L’Histoire analytique. Elle expose des problĂšmes en occultant les rĂ©cits trop subjectifs. Nous retrouvons ces quatre sources historiques dans le cinĂ©ma films d’Histoire officielle, films d’opposition, films de mĂ©moire et films d’Histoire analytique. Comment le professeur d’Histoire peut il s’y retrouver ? Les films de fiction utilisĂ©s dans notre corpus sont de deux grands types cette typologie est empruntĂ© Ă  l’ouvrage de BERNARD DaniĂšle, FARGES Patrick, WALLET Jacques, Le film dans le cours d’Histoire/ gĂ©ographie, le monde des images, les images du monde, Armand Colin, Paris, 1985, ; D’abord les films de fictions reconstructrices Ă  visĂ©e didactique et pĂ©dagogique, comme Les annĂ©es lumiĂšres, les annĂ©es Terribles, ou 1788. Les dĂ©cors de ces films sont le plus souvent rĂ©els et le dialogue des acteurs se veut fidĂšle Ă  la rĂ©alitĂ© historique. Puis le deuxiĂšme type met en relief les fictions dramatisĂ©es et partisanes. Les dialogues, qui mettent en prĂ©sence des acteurs connus sont théùtralisĂ©s, la rĂ©alitĂ© historique » dĂ©crite renvoie souvent Ă  une problĂ©matique explicitement contemporaine. On peut citer parmi ces films Danton de Wajda, La marseillaise de Renoir et Ă  un moindre degrĂ© Marie-Antoinette de Jean Delonnoy ou La nuit de Varennes d’Ettore Scola. A cette typologie s’ajoute bien entendu une rĂ©flexion personnelle des auteurs sur la RĂ©volution française correspondant trĂšs souvent Ă  un moment prĂ©cis de l’historiographie et un contexte particulier. 3 Le mythe de la RĂ©volution française au cinĂ©ma. La RĂ©volution française a suscitĂ© des polĂ©miques, des chansons, des lettres, des romans, des piĂšces de théùtre, et une abondante historiographie. En effet, la rĂ©volution française ! Cet Ă©vĂ©nement, prodigieux par son ampleur et ses effets, n’a cessĂ© de hanter l’imaginaire des peuples comme de rĂ©gir les actes de maints zĂ©lateurs » ICART Roger, La RĂ©volution française Ă  l’écran, Milan, 1988, . Honnie par les uns, exaltĂ©e par les autres, la RĂ©volution française se devait d’inspirer les Ă©crivains, les philosophes et d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les artistes. Dans les outils de transmission du savoir, le cinĂ©ma ne pouvait ĂȘtre ignorer bien longtemps. Le choix d’étudier la pĂ©riode rĂ©volutionnaire Ă  travers le cinĂ©ma permet de mettre Ă  jour de façon originale les problĂšmes scientifiques que pose l’étude de la RĂ©volution française car le mythe de la RĂ©volution » GERARD Alice, la RĂ©volution française, mythes et interprĂ©tations 1789-1970, Flammarion, 1970, coll. Questions d’Histoire. se nourrit de discours et de scĂšnes historiques ancrĂ©s le plus souvent dans l’abĂźme d’une lecture passionnelle des Ă©vĂšnements. L’examen de films consacrĂ©s Ă  la RĂ©volution française met en Ă©vidence, selon Roger Icart ICART Roger, La RĂ©volution française Ă  l’écran, Ed. Milan, 1988., des reprĂ©sentations Ă  travers deux thĂšmes d’inspiration Ă  forte charge symbolique les grands personnages de cette pĂ©riode troublĂ©e et le rĂ©cit des grandes journĂ©es rĂ©volutionnaires. Une remarque se dĂ©gage de la lecture des travaux de Sylvie Dallet DALLET Sylvie, La RĂ©volution française et le cinĂ©ma, Lherminier, Ă©ditions des quatre-vents, Paris, 1988. et de Raymond Lefevre LEFEVRE Raymond, CinĂ©ma et rĂ©volution, Edilig, 1988. aucun film ne raconte les Ă©vĂ©nement ou ne dĂ©cris un personnage de la mĂȘme façon. Dans leur plus grande proximitĂ©, les plans maintiennent une nette distinction entre deux Ɠuvres. Cela revient Ă  s’interroger sur la façon dont les cinĂ©astes recrĂ©ent les pages d’Histoire et sur l’influence de l’historiographie de la RĂ©volution sur leur production. Le contexte de crĂ©ation des films peut donc ĂȘtre mis en Ă©troite collaboration avec les grandes phases historiographiques de la RĂ©volution. La perception de la RĂ©volution française au cinĂ©ma repose sur une tradition historiographique prĂ©cise et sur un arsenal lĂ©gendaire souvent antĂ©rieur au 19Ăšme siĂšcle. Une Confrontation est nĂ©cessaire entre le cinĂ©ma et les grands courants de la littĂ©rature et de la politique pour saisir l’implication d’une forme d’art sur d’autres, et d’un mouvement de pensĂ©e sur l’inconscient collectif. Ainsi le cinĂ©ma prend place aux cĂŽtĂ©s de l’enseignement universitaire et de la littĂ©rature historique pour Ă©voquer la transmission du passĂ©. MĂȘme si les images filmiques sont encore mal acceptĂ©es parmi ces lieux de mĂ©moire » qui, selon Pierre Nora, ont modelĂ© depuis la RĂ©volution française les imaginaires nationaux, le cinĂ©ma concurrence efficacement l’enseignement de l’Histoire et joue un rĂŽle de premier ordre dans la construction de nos appartenances nationales. Ainsi, un rĂ©alisateur fidĂšle dans ses lectures Ă  Furet, Soboul ou Vovelle oriente son film de façon plus ou moins consciente vers une conception raisonnablement engagĂ©e de la RĂ©volution française. Il semble aujourd’hui, que l’imaginaire du public et des mĂ©dias corresponde plus au Danton de Wajda qu’à celui de Lavisse. A l’instar de Pierre Guibert et Michel Oms, auteurs de L’Histoire de France au cinĂ©ma, l’analyse du personnage de Louis XVI, souligne que aux yeux Ă©blouit de plusieurs gĂ©nĂ©rations de spectateurs, Louis XVI a-t-il pris pour longtemps les traits de Pierre Renoir, Jacques Morel, Robert Morley ou Jean-François Balmer ? Cependant, en sens inverse, des personnages romanesques issus de la grande littĂ©rature ou du feuilleton populaire ont pris pied dans l’Histoire, tel le bossu au contact du rĂ©gent, ils ont acquis l’épaisseur de la vĂ©ritĂ© historique. Voici comment, inextricablement, Ă  la faveur de la confusion qu’engendrent les salles obscures, la fiction et le rĂ©el, mais aussi le passĂ© national et le passĂ© du spectateur se sont croisĂ©s pour former la trame du tissu culturel français » GUIBERT P., OMS M., “l’Histoire de France au cinĂ©ma” in CinĂ©maction H. S., Ed. Corlet, 1993.. Le cinĂ©ma a recréé un portrait de Louis XVI Ă  partir de celui que la RĂ©volution avait dressĂ© Ă  l’usage de tous un homme bon mais faible, irrĂ©solu, qui n’était pas l’homme de la situation. Un homme bien gentil en somme, mais qui incarne Ă  merveille le mythe de la royautĂ© extĂ©nuĂ©e, expirante, surannĂ©e, vieillie, dĂ©passĂ©e par une Histoire dynamique et ambitieuse. Bref, une monarchie inadaptĂ©e Ă  l’avenir. Autre clichĂ©s Ă©tabli par le cinĂ©ma Louis XVI reprĂ©sentĂ© trĂšs souvent de la mĂȘme taille que les personnages qui l’entourent alors qu’en rĂ©alitĂ© il mesurait plus d’un mĂštre quatre-vingt-dix et qu’il Ă©tait d’un carrure colossale. Que dire alors du Louis XVI caricaturĂ© en glouton ? Certains films vont jusqu’à le reprĂ©senter bĂ©gayant ou zozotant pour inspirer la moquerie du public ! Or nul ne sait s’il avait de dĂ©faut d’élocution. Peu importe l’important est de le ridiculiser pour le rendre pathĂ©tique voir TP Louis XVI Ă  travers le prisme du cinĂ©ma. Les historiens ne doivent donc pas rester insensibles Ă  ces phĂ©nomĂšnes de sociĂ©tĂ© surtout lorsqu’ils traitent de sujets passionnels comme la RĂ©volution française. Conclusion Le cinĂ©ma est bien un objet d’Histoire. A la lumiĂšre de la recherche actuelle, le film est de moins en moins Ă©tranger Ă  l’univers mental des historiens. A ce titre, l’enseignant peut tout autant s’appuyer sur des films dont l’Histoire est le cadre que sur des films dont l’Histoire est l’objet. Le professeur d’Histoire apparaĂźt ainsi Ă  la charniĂšre des savoirs savants et scolaires. Certes, ce type de document ne doit pas ĂȘtre privilĂ©giĂ© mais ses apports demeurent fĂ©conds pour le professeur d’Histoire dans sa perspective pĂ©dagogique et critique car le film rĂ©vĂšle aisĂ©ment son intĂ©rĂȘt cognitif. Le cinĂ©ma est une passerelle tendue entre les savoirs scolaires et la culture extrascolaire, en particulier tĂ©lĂ©visuelle des Ă©lĂšves. Pour enseigner l’Histoire Ă  travers le cinĂ©ma, plusieurs questions se posent comment faire pour que les Ă©lĂšves se sentent concernĂ©s par le sujet ? Comment transformer en acteur ce public souvent passif ? Quelle conception de l’Histoire sous-tend le document ? Le scĂ©nario est-il bĂąti autour d’un personnage, d’un thĂšme ou d’une classe sociale ? Le film est-il rĂ©ellement compatible avec une utilisation pĂ©dagogique ? Quels sont les rĂ©ajustements nĂ©cessaires pour cette forme d’utilisation ? Il va de soi que le dĂ©bat sur l’historiographie de la RĂ©volution visible Ă  travers des productions cinĂ©matographiques pour le spectateur averti doit rester toujours Ă  l’esprit de l’enseignant et se reflĂ©tera dans le choix des extraits et de la problĂ©matique choisie aussi bien au niveau du collĂšge que du lycĂ©e mĂȘme si au collĂšge il ne sera pas engagĂ© pour lui mĂȘme. II De la source historique au support pĂ©dagogique. 1 La place des images et le choix du corpus au regard des programmes et des instructions officielles. La richesse des images qu’offre le cinĂ©ma permet au professeur d’Histoire de puiser dans une mine inĂ©puisable d’informations. Il ne doit pas systĂ©matiquement considĂ©rer le film comme un tout mais utiliser avec profit de courtes sĂ©quences. Ainsi, la fonction principale du professeur est alors de trier les informations, de sĂ©lectionner les sĂ©quences susceptibles d’ĂȘtre intĂ©ressantes et d’en analyser les dĂ©rives car Enseigner c’est d’abord faire des choix » LE PELLEC Jacqueline, VIOLETTE Marcos-Alvarez, Enseigner l’Histoire un mĂ©tier qui s’apprend, Hachette Ă©ducation, 1991, Ce travail effectuĂ© en fonction des instructions officielles met en valeur des Ă©lĂ©ments qui seront utilisables comme documents historiques et transposables dans des sĂ©quences d’enseignement. Ainsi, des scĂšnes bien choisies sont plus faciles Ă  mĂ©moriser qu’un ouvrage abordant le sujet et elles enrichissent la prĂ©sentation pĂ©dagogique Ă  telle point que Les annĂ©es lumiĂšres et Les annĂ©es terribles ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es Ă  des fins pĂ©dagogique claires et annoncĂ©es lors du bicentenaire de la RĂ©volution française. De plus, nous pouvons constater que les connaissances que peuvent avoir les Ă©lĂšves sur la RĂ©volution française ou sur d’autres pĂ©riodes historiques sont la plupart du temps issues du cinĂ©ma. Ainsi, ayant consciencieusement relu Furet et Soboul pour prĂ©parer son cours sur la pĂ©riode rĂ©volutionnaire, l’enseignant dĂ©couvre que ses Ă©lĂšves sont imprĂ©gnĂ©s des images de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e sur NapolĂ©on ou d’images du film d’Enrico sur la RĂ©volution diffusĂ©s la veille. VoilĂ  donc deux formes de savoirs diffĂ©rents par leur mode de transmission, auxquels le professeur mais aussi les Ă©lĂšves ont accĂšs. Or dans l’esprit des Ă©lĂšves, ces deux savoirs ne se distinguent pas. Pour cela, il faut confronter et critiquer les documents car le cinĂ©ma est nĂ©cessairement l’objet d’une reprĂ©sentation. En accord avec les instructions officielles, le but du professeur est de montrer que ces diffĂ©rents savoirs ne sont pas rĂ©gis par les mĂȘmes principes de construction. Cependant, il est parfois difficile de montrer aux Ă©lĂšves en quoi les mĂ©dias sont les vecteurs d’une ou plusieurs Histoires. Le choix du document filmique se fait donc en fonction de la progression Ă©tablie, des instructions officielles, des connaissances et des capacitĂ©s des Ă©lĂšves Ă  regarder et Ă  comprendre le document retenu. Enfin, la place de l’extrait dans la sĂ©quence est dĂ©terminĂ©e par les stratĂ©gies pĂ©dagogiques et les dĂ©marches adoptĂ©es qui peuvent ĂȘtre diffĂ©rentes en classe de quatriĂšme ou de seconde. Le personnage du roi sert de trame narrative pour Ă©voquer la pĂ©riode rĂ©volutionnaire mĂȘme aprĂšs sa mort. Louis XVI d’une maniĂšre ou d’une autre apparaĂźtra donc en filigrane Ă  travers toute la sĂ©quence sur la pĂ©riode rĂ©volutionnaire. 2 Le film comme illustration Le premier intĂ©rĂȘt du film de fiction pour l’enseignant est d’abord sa fonction d’appĂąt. Ainsi, les films sur la RĂ©volution française sont volontiers utilisĂ©s pour illustrer Ă  plusieurs niveaux des Ă©vĂšnements, des personnages, des lieux ou des thĂšmes. A travers ces considĂ©rations, le personnage du roi et ses rĂ©actions face aux Ă©vĂšnements peuvent apparaĂźtre comme fil conducteur de l’analyse des sĂ©quences. —- Louis XVI au cƓur de trois dimensions de la pĂ©riode rĂ©volutionnaire —- – Le film comme illustration d’un Ă©vĂ©nement. L’évĂ©nement fait parti inhĂ©rente du rĂ©cit et de l’évolution de la dramatique du film. Il est donc primordial de choisir des moments clĂ©s et rĂ©vĂ©lateurs pour construire sa sĂ©quence. Le choix de ces Ă©vĂ©nements s’effectuer en fonction des repĂšres chronologiques proposĂ©s par les programmes. Ainsi, la prise de la bastille 14 juillet 1789, l’abolition des privilĂšges 4 aoĂ»t 1789, la dĂ©claration des droits de l’homme 26 aoĂ»t 1789, la chute de la monarchie 10 aoĂ»t 1792, la chute de Robespierre 9 thermidor an II, le coup d’état du 18 brumaire 1799, le sacre de NapolĂ©on dĂ©cembre 1801 sont autant de dates clĂ©s, prĂ©sentes dans les programmes, que le cinĂ©ma peut illustrer. Le cinĂ©ma offre non seulement un rĂ©cit synthĂ©tique qui permet de prĂ©senter les Ă©pisodes majeurs » de la RĂ©volution française mais aussi des reprĂ©sentations plus ou moins originales de cette pĂ©riode. Le rĂŽle du professeur est alors double d’abord, il se doit d’insister sur la signification politique et sociale de chacune des phases retenues, Ă©tape indispensable en QuatriĂšme, puis il nuance les visions proposĂ©es en confrontant les sources filmiques et les diffĂ©rentes conceptions des rĂ©alisateurs, dĂ©marche plus appropriĂ©e en Seconde. On peut mettre Ă  profit l’étude d’une journĂ©e rĂ©volutionnaire par le film de fiction afin de sĂ©lectionner quelques grandes idĂ©es dĂ©veloppĂ©es Ă  l’aide d’exemple prĂ©cis, Ă  forte charge symbolique ». Le suivi d’une journĂ©e rĂ©volutionnaire Ă  travers le cinĂ©ma a l’avantage de rendre compte du rĂŽle concret des diffĂ©rents acteurs de la RĂ©volution, des tensions Ă  l’Ɠuvre et de l’emploi de la violence. Deux exemples sont particuliĂšrement parlants pour Ă©voquer les tournants majeurs de la marche Ă  la RĂ©volution le 14 juillet 1789 et le 10 aoĂ»t 1792. Tout d’abord, le 14 juillet 1789 apparaĂźt comme le premier Ă©vĂ©nement rĂ©volutionnaire retenu par le cinĂ©ma. Pierre Nora l’a clairement identifiĂ© comme l’un de nos principaux lieux de mĂ©moire ». Il renseigne sur la force d’une pression populaire inorganisĂ©e et sur la distance du roi face Ă  l’évĂšnement. Toutefois, si beaucoup de films parlent de la prise de la Bastille, peu la montrent, car cela exige d’importants moyens financiers. Ainsi, Renoir dans sa Marseillaise y faisait allusion par le dialogue sans la montrer. La Marie-Antoinette de Jean Delannoy ou les diffĂ©rentes versions de Madame sans gĂȘne prĂ©sentent le mĂȘme artifice filmique. La troisiĂšme RĂ©publique, en la choisissant pour fĂȘte nationale, en fait un symbole celui de la victoire des idĂ©es dĂ©mocratiques sur l’arbitraire royal, la vidant aussi de sa rĂ©alitĂ© premiĂšre pour l’anoblir, la parer des Ă©clatantes couleurs d’un Ă©vĂ©nement heureux, d’une dĂ©livrance salutaire. C’est d’ailleurs sous cette forme que, la plupart du temps, le cinĂ©ma l’évoque. Toutefois, seuls les films amĂ©ricains peuvent, grĂące Ă  leurs Ă©normes moyens, se permettre de faire revivre cette scĂšne de mouvement et de fureur. Un travail auquel ils s’appliquent dans les diverses adaptations de A tale of two cities oĂč l’accent est mis sur l’aspect salvateur de l’évĂ©nement. En brisant les chaĂźnes du pont-levis de la forteresse ce sont celles de la monarchie qui sont brisĂ©es. Dans la mĂȘme perspective, la prise de la Bastille dans Les annĂ©es lumiĂšres voir TP L’annĂ©e 1789 Ă  l’écran constitue, dans le contexte de sa rĂ©alisation l’annĂ©e du bicentenaire, une forme de cĂ©lĂ©bration officielle. En classe, on peut insister sur les scĂšnes de foule et les scĂšnes comportant des personnages identifiĂ©s en y comparant le cadrage et l’utilisation de la musique pour dĂ©montrer comment ces techniques appuient ce que le rĂ©alisateur a voulu montrer. La prise des tuileries fait parfaitement Ă©chos Ă  celle de la bastille et permet de mesurer les acquis des Ă©lĂšves, bien qu’il s’agisse ici d’une insurrection organisĂ©e et non d’une Ă©meute. Le 10 AoĂ»t est souvent traitĂ© de maniĂšre allusive voire symbolique par le septiĂšme art. Ainsi, les nombreuses versions de Madame Sans-GĂȘne, voir TP La chute de la royautĂ© vue par le cinĂ©ma retracent cet Ă©pisode mais sans jamais le montrer. LĂ  encore, il faut attendre les grosses productions amĂ©ricaines pour voir le peuple de Paris dresser des barricades et s’élancer Ă  l’assaut du palais des tyrans. En France, le seul film qui, Ă  ce jour, ait tentĂ© de nous faire comprendre cet Ă©pisode dĂ©cisif, est La Marseillaise de Jean Renoir. Ce film est d’autant plus original qu’il met en avant un aspect de la personnalitĂ© de Louis XVI peu connu et loin des clichĂ©s habituels. AprĂšs avoir suivi la longue marche des Marseillais et assistĂ© Ă  leur arrivĂ©e triomphante au faubourg Saint-Antoine, le spectateur est transportĂ© aux tuileries au moment oĂč parvient Ă  Paris le dĂ©sastreux manifeste du duc de Brunswick. C’est l’occasion pour Renoir de nous prĂ©senter un Louis XVI digne, malheureux, pathĂ©tique, dĂ©passĂ© par les Ă©vĂšnements face Ă  une Marie Antoinette hautaine, agressive et mĂ©prisante. Cette vision inhabituelle, qui lui fut reprochĂ©e, a Ă©tĂ© expliquĂ© par la suite en me documentant, j’en suis arrivĂ© Ă  la conclusion que Louis XVI Ă©tait un personnage, d’abord d’une trĂšs grande bontĂ©, et ensuite d’une trĂšs grande distinction. J’entends par lĂ , qu’il n’était pas vulgaire. J’ai mĂȘme l’impression que cet homme se savait victime de la destinĂ©e et savait qu’il n’y avait pas Ă  lutter. Ce personnage royal est flanquĂ© d’une femme qui est une espĂšce de caquetiĂšre agressive, car malgrĂ© sa naissance, Marie-Antoinette Ă©taitunefemme Elle n’avait aucun goĂ»t. Tandis que Louis XVI avait du goĂ»t. Et aussi de la luciditĂ©. J’ai l’impression que Louis XVI savait que c’était la fin
 » In Cahiers du CinĂ©ma, n°196, dĂ©cembre, 1967.. Cette conception explique la façon dont Renoir a reconstituĂ© ces journĂ©es la dĂ©sapprobation de Louis XVI devant les excĂšs du manifeste, l’intervention de la reine pour sa publication, une scĂšne trĂšs vive entre elle et le procureur syndic de la Seine, Roederer, l’ascendant de celui-ci sur le roi. Avec application, Renoir retrace les principaux Ă©pisodes de cette journĂ©e l’inspection des gentilshommes qui l’acclament, celle des canonniers qui le conspuent, le dĂ©part de la famille vers l’assemblĂ©e avec ces mots historiques » -marchons ! -les feuilles tombent de bonne heure cette annĂ©e, le combat enfin oĂč l’on retrouve le bataillon des marseillais. Les annĂ©es lumiĂšres oĂč Louis XVI, incarnĂ© par un Jean-François Balmer attachant, imitent la reprĂ©sentation du roi pathĂ©tique mais lucide du film de Renoir. La musique de fin de cette premiĂšre partie dĂ©marre sur la prise des tuilerie avec pour prĂ©ambule une phrase du roi envers son fils Charles rĂ©fugiĂ©s Ă  l’assemblĂ©e tu vois Charles Ă  partir de maintenant il n’y a plus de roi en France ». Dans cette optique, la question fondamentale Ă  se poser avec les Ă©lĂšves est celle du sens de ces journĂ©es et pour cela il est souhaitable d’aller au delĂ  de l’évĂ©nement et de le mettre en perspective par la construction d’un tableau et d’une frise chronologique. – Le film comme illustration d’un personnage ou d’un groupe de personnages. Il est indispensable de proposer les portraits de quelques-uns des principaux acteurs de la RĂ©volution, symboles Ă©loquents de la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e. En effet, les notices biographiques et les portraits, peuvent ĂȘtre utilisĂ©s Ă  tous moment pendant l’étude du chapitre et rĂ©pondent Ă  l’exigence du programme de prĂ©senter aux Ă©lĂšves les principaux acteurs de la RĂ©volution. Quelques grands personnages peuvent ainsi ĂȘtre Ă©voquĂ©es Louis XVI et Marie Antoinette, Danton et Robespierre, Barras et Bonaparte. L’objectif est de savoir construire une biographie et de mĂ©moriser des moments clĂ©s de la RĂ©volution concernĂ©s par ces acteurs. La disparition du roi de la scĂšne politique dĂ©chaĂźne les passions et renforce les conflits pour le pouvoir. L’époque de la terreur rĂ©vĂšle le duel inĂ©vitable Danton-Robespierre voir TP sur les acteurs de la RĂ©volution française Le duel Danton /Robespierre Ă  l’écran. Alors que Robespierre quoique prĂ©sent dans de nombreux films, n’a suscitĂ© aucune Ɠuvre biographique », Danton polarise sur sa robuste personne l’intĂ©rĂȘt des cinĂ©astes de divers pays. Cependant trĂšs souvent lorsque Danton hante la pellicule, Robespierre n’est jamais trĂšs loin. La tradition veut que la mort de Danton symbolise la mort d’une certaine idĂ©e de la libertĂ©. Le cinĂ©ma a ainsi toujours reprĂ©sentĂ© Danton comme un personnage haut en couleur, dont l’éloquence et la vitalitĂ© sont les atouts premiers de la sĂ©duction qu’il exerce sur ses compagnons. MĂȘme sa vĂ©nalitĂ© est justifiĂ©e par son intense besoin de profiter de la vie. A cette figure extravertie s’oppose l’image rigoriste d’un Robespierre repliĂ© sur lui mĂȘme et sur son idĂ©ologie, dont la vie n’est alimentĂ©e que par les froides rĂ©solutions rĂ©volutionnaires. Dans la grande coproduction rĂ©alisĂ©e Ă  Paris en 1982 sous les auspices du gouvernement français, par le cinĂ©aste polonais Andrezj Wajda, Danton est prĂ©sentĂ© comme le partisan d’une rĂ©volution modĂ©rĂ©e qui mettrait fin aux consĂ©quences sanglantes de la terreur. Le film situe l’action au plus fort de la crise, entre novembre 1793 et avril 1794, au moment oĂč la terreur apparaĂźt comme la seule solution pour galvaniser les Ă©nergies face aux pĂ©rils de la nation. Il ne se perd pas en reconstitutions somptueuses, mais cherche au contraire l’affrontement verbal d’une tragĂ©die shakespearienne entre deux hommes. Mais la dĂ©faite de Danton, c’est aussi l’Histoire d’un procĂšs politique, oĂč l’accusĂ© ne peut se dĂ©fendre ni s’expliquer, oĂč la condamnation est dĂ©cidĂ©e d’avance. Victime de l’intolĂ©rance, Danton devait ĂȘtre opposĂ© Ă  un personnage incarnant l’idĂ©e de despotisme. C’est la fonction que Robespierre a souvent remplie quand il Ă©tait question de prĂ©senter la RĂ©volution, car la complexitĂ© de sa personnalitĂ© a longtemps dĂ©routĂ© cinĂ©astes et historiens. En tout cas, il est indĂ©niable que sa bonne comprĂ©hension des Ă©vĂšnements et son rĂŽle privilĂ©giĂ© dans la RĂ©volution font de lui un personnage dĂ©terminant de cette pĂ©riode. La confrontation de ces hommes hauts en couleur permet Ă  l’élĂšve de mettre en avant les tendances politiques de l’époque. Bien plus qu’au traditionnel portrait physique, on s’attache aussi aux origines sociales, Ă  la formation reçue, Ă  l’appartenance Ă  une gĂ©nĂ©ration que l’on situe avec prĂ©cision. Par exemple, les Ă©lĂšves peuvent remarquer que les lectures de Robespierre dans Les annĂ©es lumiĂšres Le contrat social de Rousseau sont hĂ©ritĂ©es des philosophes du siĂšcle prĂ©cĂ©dent. Cela assure un continuum avec les chapitres Ă©tudiĂ©s auparavant. Pour optimiser ce travail, il convient de prĂ©parer la rĂ©flexion des Ă©lĂšves en leur faisant rĂ©diger de courtes biographies sur ces personnages avant de visionner les extraits. Elles sont utiles pour comprendre les choix des rĂ©alisateurs les acteurs sont ils bien choisis et sont ils reprĂ©sentatifs ? Le film se manifeste alors comme une aide prĂ©cieuse Ă  la mĂ©morisation de grands personnages. Toutefois, il est important de souligner que cette mĂ©morisation n’est pas une fin en soi, mais un point de dĂ©part pour la dĂ©couverte d’un personnage voir d’un groupe de personnages. Il est aisĂ© de sĂ©lectionner dans notre corpus des scĂšnes qui mettent en relief un groupe d’individus comme le clergĂ© haut ou bas, la noblesse, ou le tiers-Ă©tat bourgeoisie ou paysannerie. 1788 et La Marseillaise semblent adĂ©quat pour dresser un portrait du monde paysan lors de la rĂ©daction des cahiers de dolĂ©ances, comme les deux Marie Antoinette offrent une vision pertinente des fastes de la cour voir TP Dansez marquises !. Autre groupe capital, les sans-culottes font ressortir, au-delĂ  de l’activitĂ© des grands hommes », l’action dĂ©cisive du peuple comme acteur collectif dans le processus rĂ©volutionnaire. Le mĂȘme travail peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© autour de l’apparition des femmes dans la sphĂšre politique. – D’un document patrimonial La DĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen Ă  travers l’étude de quelques articles significatifs, attire l’attention des intellectuels. Ainsi, pour Michelet, la dĂ©claration est le vraie gĂ©nie de la rĂ©volution » car elle connaĂźt un retentissement universel. A travers, la dĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen, le propos d’Enrico apparaĂźt comme une profonde mĂ©diation, par la mise en scĂšne cinĂ©matographique, sur l’essence du pouvoir et sur ses mutations historiques ». Ainsi dans les annĂ©es LumiĂšres, la sĂ©quence des droits de l’homme s’articule autour d’une voix aĂ©rienne qui descend sur le peuple et redresse les humilitĂ©s, relĂšve les tĂȘtes et donne enfin sens Ă  tous les Ă©crits philosophiques sur la dignitĂ© humaine. Les Ă©lĂšves apprĂ©cient de repĂ©rer les scĂšnes qui sont autant de tableaux et de vĂ©rifier si l’article lu Ă  haute voix lui correspond bien. L’article 11 de La dĂ©claration la libre communication des pensĂ©es et des opinions est un des droits les plus prĂ©cieux de l’homme, tout citoyen peut donc parler, Ă©crire, imprimer librement, sauf Ă  rĂ©pondre de l’abus de cette libertĂ©, dans les cas dĂ©terminĂ©s par la loi » est Ă©voquĂ©e Ă  travers une scĂšne reprĂ©sentant l’imprimerie de Camille Desmoulins de façon assez rĂ©aliste. Le sacre de NapolĂ©on le 2 dĂ©cembre 1804 et sa reprĂ©sentation par David, peintre officiel de l’empereur, est aussi inscrit dans les programmes comme document patrimonial. Il permet de montrer de façon pertinente tous les enjeux de l’évĂ©nement. Le tĂ©lĂ©film de France 2 avec Christian Clavier dans le rĂŽle de NapolĂ©on peut dans cette optique ĂȘtre utilisĂ© de maniĂšre cohĂ©rente. En effet, de la prĂ©paration du sacre jusqu’à sa commĂ©moration Ă  travers la peinture de David, il se manifeste telle une poupĂ©e gigogne » dans la production tĂ©lĂ©visĂ©e voir TP Le sacre de NapolĂ©on Ă  l’écran. – D’un thĂšme d’études Nous pouvons essentiellement privilĂ©gier cette approche en classe de seconde. Le film est interprĂ©tĂ© comme un point de vue subjectif sur une pĂ©riode historique. Il introduit et favorise les complĂ©ments d’analyse, les nuances ou les divergences qui enrichiront les reprĂ©sentations. La dimension critique vient alors nourrir le discours de l’enseignant et les acquis de ses Ă©lĂšves. Ainsi l’étude des diffĂ©rents lieux de l’exercice de la dĂ©mocratie Ă©glises pour la rĂ©daction des cahiers de dolĂ©ances voir TP La sociĂ©tĂ© française Ă  la veille de la RĂ©volution française 1788, salle des menus plaisirs pour la rĂ©union des Etats gĂ©nĂ©raux, assemblĂ©e ou clubs organisant les dĂ©bats politiques, permettent de spatialiser les expĂ©riences politiques de la pĂ©riode. 3 Le film comme discours historique une mĂ©thode d’analyse pour l’enseignement. Le film se manifeste comme un document historique Ă  part entiĂšre. De ce fait, il doit ĂȘtre soumis Ă  l’analyse critique du professeur Ă  plusieurs niveaux. En effet, comme tout autre document, l’image doit ĂȘtre identifiĂ©e composition, source, support, technique. De mĂȘme les particularitĂ©s de l’extrait doivent ĂȘtre observĂ©es critique externe avec le rapport Ă  l’époque de rĂ©alisation du film et critique interne avec le rapport Ă  l’époque oĂč se dĂ©roule le film. Il faut initier l’élĂšve au regard critique sur un document trop souvent reçu comme argent comptant. La prĂ©sence des universitaires sur les plateaux de tournage tend Ă  crĂ©dibiliser l’utilisation pĂ©dagogique des films. On peut citer dans ce domaine des films tel que 1788. Certains films aident Ă  comprendre le passĂ© en offrant une reconstitution crĂ©dible d’un Ă©vĂ©nement ou d’une situation, mĂȘme si elle n’est pas fidĂšle Ă  la rĂ©alitĂ©. Ils restituent une atmosphĂšre historique difficile Ă  rendre par Ă©crit comme un mouvement social, la vie d’un quartier ou les conditions d’existence particuliĂšres d’un groupe. Ces films peuvent donc ĂȘtre largement mis Ă  profit devant une classe en prenant soin de les restituer dans leur contexte de production. L’éducation du regard et l’éveil critique par la confrontation des images filmiques avec d’autres documents d’origine et de nature variĂ©es doit plus que jamais ĂȘtre au centre des prĂ©occupations du professeur. Les programmes de lycĂ©e indiquent qu’ il s’agit de poursuivre ce qui a Ă©tĂ© entrepris au collĂšge, accĂšs au document historique, lecture et analyse de documents Ă©crits ou figurĂ©s, confrontation de documents prĂ©sentant une approche diffĂ©rente d’un mĂȘme Ă©vĂ©nement ». En effet, l’image filmique ne prend de sens qu’au contact d’autres sources d’informations textes, gravures, tableaux. On peut Ă©voquer ici la scĂšne des AnnĂ©es lumiĂšres d’Enrico qui reprend jusqu’au vent qui s’engouffre dans les rideaux du croquis de David sur Le serment du jeu de paume. Conclusion Certains films ont pour ambition de relater des Ă©vĂšnements historiques, d’autres recrĂ©ent une Ă©poque l’enseignant doit avoir en mĂ©moire que l’image n’est jamais la reproduction ou la photocopie d’un rĂ©el, mais une reprĂ©sentation codĂ©e qu’il faut apprendre Ă  lire car l’image est langage ». C’est pourquoi la confrontation de diffĂ©rents films s’avĂšre toujours pertinente Ă  n’importe quel niveau. III De l’utilitĂ© du film en classe. La place d’un film relĂšve d’une Ă©valuation complexe, les Ă©lĂ©ments de cet assemblage rĂ©flexif sont ancrĂ©s dans la discipline au niveau Ă©pistĂ©mologique mais aussi didactique et pĂ©dagogique. Le professeur d’Histoire doit ainsi tenir compte de tous ces paramĂštres pour mettre en place une situation d’apprentissage cohĂ©rente. 1 Prendre place dans une problĂ©matique. Le problĂšme didactique renvoie aux choix des thĂšmes et des concepts retenus pour l’étude de la RĂ©volution française. Il s’agit d’aprĂšs les programmes de sĂ©lectionner des jalons importants dans l’élaboration de la civilisation contemporaine et des ruptures majeures » BO HS numĂ©ro 6 du 31 aoĂ»t 2000. . Trois objectifs sont assignĂ©s au professeur faire percevoir la rupture fondamentale reprĂ©sentĂ©e par cette pĂ©riode », Ă©voquer les grands repĂšres chronologiques, les moments forts et les acteurs de cette pĂ©riode », dĂ©gager un bilan des bouleversements provoquĂ©s, en particulier dans les domaines politiques et sociaux » Idem . Il est important de prĂ©ciser ces problĂ©matiques au prĂ©alable car elles ne sont pas explicites dans le visionnage des films. Dans ce cadre, l’enseignant se doit de formuler de maniĂšre claire la problĂ©matique aux Ă©lĂšves. Celle-ci peut poser les questions suivantes en quoi la pĂ©riode rĂ©volutionnaire est elle une rupture fondamentale ? Comment la France parvient elle Ă  rĂ©aliser un fragile Ă©quilibre politique et social. En accord avec les programmes, le processus pourrait, dans la classe de seconde, s’énoncer sur trois axes d’observation La France entre perturbation et stabilitĂ© Ă  la veille de la RĂ©volution, l’ambiguĂŻtĂ© de la fondation d’une France nouvelle entre 1789 et 1799, l’hĂ©ritage des valeurs de la RĂ©volution française de 1799 Ă  1851. 2 DĂ©marche d’apprentissage ou dĂ©marche pĂ©dagogique ? En premier lieu, cette dĂ©marche pĂ©dagogique s’inscrit dans un contexte institutionnel classe de quatriĂšme et classe de seconde, textes officiels et programmes d’accompagnements du collĂšge et du lycĂ©e. Elle se rĂ©fĂšre Ă  des choix de mĂ©thodes qui peuvent ĂȘtre variĂ©es. Il n’y pas, en effet, de mode unique d’intĂ©gration d’un film dans une pratique scolaire. L’enseignant doit retenir en second lieu, que le film permet de recourir aux reprĂ©sentations et Ă  l’imaginaire de l’élĂšve reposant sur l’image mais aussi sur une bande sonore, le film est un dĂ©clencheur privilĂ©giĂ© d’images mentales » BERNARD DaniĂšle, FARGES Patrick, WALLET Jacques, Le film dans le cours d’Histoire/ gĂ©ographie, le monde des images, les images du monde, Armand Colin, Paris, 1985 . Or, l’imaginaire a un rĂŽle important dans le processus d’apprentissage. Son objectif n’est pas dĂšs lors d’accroĂźtre la quantitĂ© de connaissance mais d’en assurer l’assimilation. Il devient ainsi un moyen d’intriguer les Ă©lĂšves et peut leur servir de motivant pour consulter d’autres documents, pour approfondir des recherches au CDI ou sur Internet, ou pour s’approprier le thĂšme Ă©tudiĂ© en prenant l’initiative de prĂ©parer un exposĂ©. 3 IntĂ©grer le film dans la sĂ©quence. L’utilisation de l’image filmĂ©e en classe ne doit pas se compromettre dans une transmission passive de la connaissance. Le professeur doit initier au langage filmique prĂ©alable Ă  toute projection, pour les aider Ă  repĂ©rer les effets produits par les diverses techniques cinĂ©matographiques. A cotĂ© de l’approche classique du contenu, l’étude d’un film de fiction nĂ©cessite une juste analyse des formes qui s’appuie sur l’étude de tableaux dans les chapitres prĂ©cĂ©dents l’Europe moderne au XVII et XVIIIĂšme siĂšcles Ă  travers l’art baroque et classique en QuatriĂšme, Humanisme et Renaissance avec l’analyse de La tour de Babel de Bruegel en Seconde. Elle suppose un minimum d’apprentissage du vocabulaire et de la forme cinĂ©matographique, d’oĂč la mise en place avant le premier extrait de quelques jalons techniques. Il convient d’abord de diffĂ©rencier les Ă©tapes de fabrications d’un film avec un dĂ©part Ă©crit, le synopsis et le scĂ©nario prĂ©alables au tournage et au montage. A chaque Ă©tape le rĂ©alisateur opĂšre des choix spĂ©cifiques en fonction de son message. La vision d’un extrait permet ensuite de dĂ©terminer ce qu’est une sĂ©quence de film une unitĂ© de temps, d’action et de lieu. A partir du choix de l’une d’entre elles, le professeur explique les diffĂ©rents types de plans plan large, plan d’ensemble, plan moyen, amĂ©ricain, gros plan. Les mouvements de camĂ©ra se rĂ©partissent entre plan fixe, panoramique et travelling. Quant aux axes de la camĂ©ra, on retient gĂ©nĂ©ralement, la plongĂ©e et la contre plongĂ©e. Toute cette technique a une signification. Ainsi, le comte de Parilly est filmĂ© la plupart du temps en contre plongĂ©e dans 1788, ce qui symbolise la domination qu’il exerce sur les paysans. L’élĂšve, confrontĂ© Ă  ce dĂ©coupage de l’extrait s’étonne souvent de l’importance de chaque dĂ©tail qui rĂ©sulte d’un choix conscient du rĂ©alisateur. Bien sĂ»r, pour respecter la logique de concentration des Ă©lĂšves, aucune sĂ©quence de film ne doit dĂ©passer dix minutes. Au-delĂ , le cours est menacĂ© par la dispersion des Ă©lĂšves et par l’arrĂȘt impromptu de la sĂ©ance par la sonnerie. C’est en fonction de tous les paramĂštres exposĂ©s dans le schĂ©ma suivant que le professeur peut Ă©laborer sa sĂ©quence d’apprentissage. —- La place du film dans la sĂ©quence d’enseignement. —- Conclusion Incontestablement, l’initiation Ă  la lecture de l’image ne relĂšve pas d’un simple apprentissage technique. Elle renvoie pleinement Ă  une formation mĂ©thodologique, Ă  une Ă©ducation non seulement de l’Ɠil mais aussi de l’oreille. Elle apparaĂźt au cƓur des sciences sociales et plus particuliĂšrement d’un projet d’éducation civique par le dĂ©veloppement de l’esprit critique. L’éducation du regard des Ă©lĂšves, par rapport au cinĂ©ma et Ă  la tĂ©lĂ©vision est donc un enjeu essentiel de la mise Ă  distance de l’objet observĂ©. Cette dĂ©marche progressive permet alors d’apporter Ă  l’élĂšve un perfectionnement rĂ©gulier en matiĂšre d’attitude car il passe d’un statut de spectateur passif Ă  une position d’acteur dynamique grĂące Ă  l’apprentissage du geste. Bibliographie Sur la RĂ©volution française GERARD A., La RĂ©volution française, mythe et interprĂ©tation 1789-1970, Paris, 1970. FURET F., OZOUF M., Dictionnaire critique de la RĂ©volution française, 4 tomes, Paris Flammarion, réédition, 1992. FURET F., Penser la RĂ©volution française, Paris, Gallimard, réédition, 1996. FURET F., La RĂ©volution française 1770-1880, 2 tomes, Paris, Hachettes, LittĂ©rature, collection Pluriel, 1997. SOLE J., La RĂ©volution en questions, Paris, Le Seuil, 1988. TULARD J., Les rĂ©volutions de 1789 Ă  1851, Paris, Fayard, 1985. VOVELLE M., La RĂ©volution française 1789-1799, Armand Colin, 1992. Sur les rapports cinĂ©ma et Histoire ARCAND D., CinĂ©ma et Histoire », numĂ©ro spĂ©cial, tome II, revue Cultures, Unesco 1974. 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Marie Antoinette De Jean Delonnoy, 1964, noir et blanc. La nuit de Varennes d’Ettore Scola, 1981, couleur, 2h30 min. Madame sans gĂȘne de Christian Jaque, 1961, couleur, 97 minutes. A tale of two cities de Jack Conway, 1935, noir et blanc. NapolĂ©on d’Abel Gance, 1927, noir et blanc. NapolĂ©on, tĂ©lĂ©film de Simmenau, France 2, 2002, couleur, 4 Ă©pisodes
. 97 106 143 23 59 466 315 299

considérations sur les principaux événements de la révolution française